L'usine d'Andé |
Bosmy, Normaclo, une société familiale
De 1930 à 1952, René Bosmy était responsable commercial de
la société des clôtures Fréret pour la Haute-Normandie. Doté d'une forte
personnalité, d'un grand sens de l'amitié, son charisme et son humour, dit-on, facilitaient
les relations humaines dans tous les domaines. Sportif, il dirigea le
club de football de Pîtres jusqu'à son décès.
Le Club Andelle Pîtres en 1967. A
gauche René Bosmy
1952, la création de l'entreprise
En 1950, la société Sabla** reprend
le personnel et le bâti de l'entreprise Fréret de fabrication, vente et pose
des clôtures en béton, puis décide de continuer seulement la fabrication et
propose aux commerciaux en place MM. Bosmy, Cadiou et Tanay de créer leurs
propres sociétés, en leur accordant l'exclusivité de la vente des clôtures Fréret.
** depuis 2014, l'usine Sabla a été
fermée par le groupe Bona Sabla auquel elle appartenait.
René Bosmy emprunte alors 10 000 fr. pour créer sa
société, dont le siège social est à Pîtres. Il tenait à ce que son nom figure
dans le titre car dans son esprit c'était garant de la qualité des prestations
et d'une "commercialisation de bon aloi". La raison sociale de
l'entreprise, dirigée par la troisième génération, reste Bosmy, bien que le public
connaisse mieux Normaclo, marque déposée, qui fait référence en réalité à la normalisation
des clôtures, alors que l'on pense souvent plutôt à la Normandie....
Il construit ses premiers bâtiments avec les dalles et les
poteaux de clôture, crée un bureau commercial à Rouen et engage des
représentants au Havre et à Dieppe. L'affaire se développe rapidement et
devient numéro un en Haute-Normandie.
En 1963 il a l'intuition qu'il faut moderniser les clôtures
qui en France sont à 100 % en béton armé et grillage simple torsion. Il fait
fabriquer à titre personnel, une clôture métallique en treillis soudé,
prototype qui est encore visible rue des écluses, qui deviendra le modèle de
clôture le plus répandu en Europe, mais il n'en tirera aucun profit du fait de
l'absence de brevet.
1968, un tournant décisif
Mais en janvier 1968, son décès à
63 ans est dramatique d'abord pour sa famille et ensuite pour sa jeune société,
qui perd un animateur qui en détient tous les rouages, en particulier
commerciaux, et les jours de l'entreprise semblent comptés.
Danièle, sa fille, qui après avoir
été institutrice était devenue secrétaire et comptable de l'entreprise à la
demande de son père, est en première ligne et doit choisir : vendre la société,
qui est saine financièrement et économiquement, ou prendre la succession,
lourde tâche, professionnellement et familialement.
Elle est la seule à bien connaître
les dossiers, sauf la commercialisation, qui était entièrement aux mains de son
père. Elle se lance alors, avec l'appui de son mari Roger Sionnière, qui lui apporte
chaque week-end son expérience commerciale, car il n'est pas disponible en
semaine, du fait de ses propres activités professionnelles.
Cette solution hybride et a priori provisoire donne de bons
résultats et durera jusqu'en 1984.
Une réunion de tout le personnel est organisée dès le
samedi suivant pour lui faire part de la reprise de l'entreprise et de sa
nouvelle direction. Tous les emplois sont sauvés et le personnel, qui reprend
confiance, fait preuve d'un exceptionnel esprit d'entreprise ce qui durera
pendant des dizaines d'années.
Pour pallier l'absence de R.Bosmy
sur le terrain, on crée un département marketing qui instaure une publicité
régionale dans Paris Normandie tous les samedis et un catalogue illustré en
couleurs à destination du secteur industriel et public, ce qui est une première
dans cette profession de revendeur.
Puis arrive le mois de mai ...
L'usine est la seule de l'Eure à ne pas être en grève, mais la situation
économique est catastrophique pour une entreprise en convalescence depuis trois
mois. Il faut faire le dos rond, et en l'absence de commandes payer les
ouvriers à repeindre l'intérieur des bâtiments. En 1969 l'activité repart avec
vigueur à la suite des accords de Grenelle, ce qui permet en 1970 la
construction d'un nouveau bâtiment de 800 m² à Pîtres.
L'innovation, les brevets
L'idée de
clôture métallique refait surface, et Danièle Sionnière suggère de fabriquer
une clôture modulaire en acier, premier brevet déposé par l'entreprise, qui
sera suivi de beaucoup d'autres.
Quand en 1987 Roger Sionnière prend
sa retraite professionnelle, il intègre Bosmy par le biais de Techniclo, recherche et
développement,
ce qui lui donne une totale liberté d'action sans interférer dans la hiérarchie
et l'organigramme de l'entreprise. En 1988 il crée un nouveau département
spécialisé dans la commercialisation, et la marque Normaclo. Le but est de transformer
le revendeur régional en fabricant national, Normaclo devenant le vecteur des innovations en cours et à venir.
Ce projet qui paraît utopique et
qui amène à changer toutes les structures commerciales et industrielles de la
société, est une réussite.
Troisième génération
Depuis 1994 et 1995, Nathalie et Vincent Sionnière, tous
deux diplômés l'ESC, président alternativement tous les deux ans, et apportent leurs
compétences et leur imagination.
En 2000, l'Institut National
de la Propriété Industrielle distingue
Bosmy par le trophée de l'innovation, une première dans la profession.
L'entreprise en retire une nouvelle notoriété et un vrai statut de fabricant,
dont tous les produits innovants sont exposés tous les deux ans à Batimat, ce
qui renforce son image de fabricant à l'étranger. Bosmy crée une gamme complète
de portails roulants motorisés ou manuels avec contrôle d'accès, ce qu'aucun
fabricant français n'avait fait jusque-là, et y obtient un grand succès, au
grand dam d'un fabricant allemand, leader mondial de ce genre de produits.
L'usine d'Andé |
En 2004, Bosmy doit s'agrandir,
mais ce n'est pas possible à Pîtres, le Plan de prévention des risques ne le
permettant pas à cause des inondations. Contre son gré, l'entreprise quitte la
commune, après avoir acheté les locaux d'une usine d'Andé, De Carbon, qui
avait employé plus de mille personnes pour la fabrication d'amortisseurs, et vient d'être
abandonnée par son dernier acheteur, l’américain Delphi.
En 2017, Bosmy a déposé à l'INPI 12
brevets de fabrication, 42 modèles et 48 marques, en particulier Romandy,
Oobamboo, Florilège, et Verticalia, et il lui faut toujours innover, dans un
monde où une nouveauté qui auparavant tenait dix ans ne dure plus maintenant
qu'une année ou deux.
Les nouvelles formes de clôtures |
Michel
Bienvenu
(d'après le récit de Roger Sionnière)
voir la nécrologie de Roger Sionnière