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21 juin 2023

Georges Cyr, peintre du val de Pîtres

Georges Cyr
Georges Cyr  (Qui a peint le Val de Pîtres ? 6 )

voir notre article précédent sur Léon Minet

Georges Cyr, de son patronyme réel Georges Cuir, fait partie de la seconde génération des Peintres de l’Ecole de Rouen. Il peut être rattaché au très large mouvement ‘’post-impressionniste’’, à l’instar de Pierre Le Trividic qui a fait l’objet d’un précédent article. Ajoutons que sa renommée vient surtout de sa carrière libanaise, au cours de laquelle il verse, dans les années 1950, dans un mouvement cubisant.

Né en 1881 en région parisienne, à Montgeron, lieu de villégiature pour les artistes, dont Claude Monet qui, sur commande de l’un de ses premiers mécènes, Ernest Hoschédé, peint les jardins de la merveilleuse propriété de ce dernier. Cette invitation sera déterminante pour la carrière de Monet. Cet épisode est, certes, le prélude d’une longue et croustillante épopée, mais qui déborde de notre sujet. Revenons plutôt à Georges Cyr.

Arrivé à Rouen en 1914, il transcrit sur papier la ville peuplée de militaires alliés, anglais notamment. Les bords de Seine l'intéressent tout autant et il en expose dès la fin de la guerre. Ami des peintres rouennais, Georges Cyr se lie également avec le havrais Emile-Othon Friesz, alors à l'avant-garde parisienne.

Parti pour quelques semaines de visite au Liban en 1934, il y fera une florissante carrière qui le verra Conseiller Artistique à l’Ambassade de France, à l’époque où le Mandat Français abritait une société française ou francophone, ou du moins proche de la culture occidentale, qui retrouvait dans l’art de notre peintre un écho parisien. Puis, fort de son talent, il sera considéré comme le ‘’Chef de File’’ de l’avant-garde locale. Il décède à Beyrouth en 1964. Plus d’un demi-siècle après sa disparition, son œuvre libanais recueille le meilleur niveau d’enchères de la part des collectionneurs.

Georges Cyr - Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928
Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928
A l’époque, 1928, où Georges Cyr peint cette toile, Marcel Niquet (voir notre article), ‘’le peintre de Poses’’, expose à Rouen ses paysages de bords de Seine. Est-ce par l’intermédiaire de ce dernier, ou en admirant les œuvres de Léon Suzanne, le maître de Niquet, qui a séjourné de nombreuses fois à Poses ou, tout simplement, à la recherche de motifs nouveaux, que Georges Cyr plante son chevalet à proximité des écluses ? A ce jour, l’information nous manque. Mais c’est en toute connaissance de cause que notre peintre nous propose ce paysage, puisqu’il le localise au revers de sa toile : ‘’Pîtres’’ ; et qu’il le date : ‘’1928’’.

Nos recherches démontrent qu’il apprécie notre région car il peint ‘’Pommiers, vallée de l’Andelle’’ daté 1926, ‘’Vallée de Seine’’ toujours daté 1926 vue prise du Manoir des Deux Amants, ‘’Mare à la Neuville-Chant-d’Oisel’’, entre autres...

Georges Cyr a posé son chevalet sur la rive gauche et nous dépeint les dernières habitations de Pîtres en direction du Manoir.


Détaillons, si vous le voulez bien, sa composition :

-La construction est classique avec étagement successif des plans : le fleuve, puis la berge et, enfin, la Côte des Deux Amants surmontée par le ciel.

Georges Cyr - Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928

 La Seine, quant à elle, en formant une oblique dans la construction, sert à creuser la composition et y apporte toute la perspective.

Cette oblique, très resserrée dans sa portion apicale, peut ainsi être assimilée à une structure pyramidale dont la pointe se loge à la base de la Côte des Deux Amants. Une structure qui assoit la construction et lui confère une stabilité évidente.

Georges Cyr - Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928

La partie de berge, dans le coin inférieur droit, forme un premier plan, certes discret, mais prépondérant pour la construction de la profondeur de la composition.

Georges Cyr - Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928

-La chromatie : comme à son habitude, notre peintre emploie une palette restreinte de couleurs : plusieurs nuances de verts, tonifiés par leur primaire, le rouge cramoisi des toits des bâtisses de bord de Seine.

Notons la présence de reflets bien dessinés et non tourmentés par des eaux vives. Ici, le fleuve est calme, aux eaux peu transparentes, engendrant cette sorte de reflets ‘’entiers’’.

 

Sources :

François Lespinasse :  L’Ecole de Rouen

Michel Fani : Dictionnaire de la Peinture au Liban

Artprice
Artnet

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Eric Puyhaubert