Georges Cyr (Qui a peint le Val de
Pîtres ? 6 )
voir notre article précédent sur Léon Minet
Georges
Cyr, de son patronyme réel Georges Cuir, fait partie de la seconde génération
des Peintres de l’Ecole de Rouen. Il peut être rattaché au très large mouvement
‘’post-impressionniste’’, à l’instar de Pierre Le Trividic qui a fait l’objet
d’un précédent article. Ajoutons que sa renommée vient surtout de sa carrière
libanaise, au cours de laquelle il verse, dans les années 1950, dans un
mouvement cubisant.
Né
en 1881 en région parisienne, à Montgeron, lieu de villégiature pour les
artistes, dont Claude Monet qui, sur commande de l’un de ses premiers mécènes,
Ernest Hoschédé, peint les jardins de la merveilleuse propriété de ce dernier.
Cette invitation sera déterminante pour la carrière de Monet. Cet épisode est,
certes, le prélude d’une longue et croustillante épopée, mais qui déborde de
notre sujet. Revenons plutôt à Georges Cyr.
Arrivé à Rouen en 1914, il transcrit sur papier la ville peuplée de militaires alliés, anglais notamment. Les bords de Seine l'intéressent tout autant et il en expose dès la fin de la guerre. Ami des peintres rouennais, Georges Cyr se lie également avec le havrais Emile-Othon Friesz, alors à l'avant-garde parisienne.
Parti
pour quelques semaines de visite au Liban en 1934, il y fera une florissante
carrière qui le verra Conseiller Artistique à l’Ambassade de France, à l’époque
où le Mandat Français abritait une société française ou francophone, ou du
moins proche de la culture occidentale, qui retrouvait dans l’art de notre
peintre un écho parisien. Puis, fort de son talent, il sera considéré comme le
‘’Chef de File’’ de l’avant-garde locale. Il décède à Beyrouth en 1964. Plus
d’un demi-siècle après sa disparition, son œuvre libanais recueille le meilleur
niveau d’enchères de la part des collectionneurs.
Georges Cyr, Péniches à Pîtres, HST SBG 54x65 et datée 1928 |
Nos recherches démontrent qu’il apprécie notre région car il peint ‘’Pommiers, vallée de l’Andelle’’ daté 1926, ‘’Vallée de Seine’’ toujours daté 1926 vue prise du Manoir des Deux Amants, ‘’Mare à la Neuville-Chant-d’Oisel’’, entre autres...
Georges Cyr a posé son chevalet sur la rive gauche et nous dépeint les
dernières habitations de Pîtres en direction du Manoir.
Détaillons, si vous le voulez bien, sa composition :
-La construction est classique avec étagement successif des plans : le fleuve, puis la berge et, enfin, la Côte des Deux Amants surmontée par le ciel.
La Seine, quant à elle, en formant une
oblique dans la construction, sert à creuser la composition et y apporte toute
la perspective.
Cette
oblique, très resserrée dans sa portion apicale, peut ainsi être assimilée à
une structure pyramidale dont la pointe se loge à la base de la Côte des Deux
Amants. Une structure qui assoit la construction et lui confère une stabilité
évidente.
La partie de berge, dans le coin inférieur droit, forme un premier plan, certes discret, mais prépondérant pour la construction de la profondeur de la composition.
-La chromatie : comme à son habitude, notre peintre emploie une palette
restreinte de couleurs : plusieurs nuances de verts, tonifiés par leur
primaire, le rouge cramoisi des toits des bâtisses de bord de Seine.
Notons
la présence de reflets bien dessinés et non tourmentés par des eaux vives. Ici,
le fleuve est calme, aux eaux peu transparentes, engendrant cette sorte de
reflets ‘’entiers’’.
Sources :
François
Lespinasse : L’Ecole de Rouen
Michel
Fani : Dictionnaire de la Peinture au Liban
Artprice
Artnet
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