Le port de Poses à Pîtres …
Il y a eu
plusieurs ports de Poses, mais l'un se trouve à Pîtres, l'autre à Amfreville…
Le
premier devait être du type "posée"
: à marée basse*, les bateaux à fond plat s’échouaient sur les
rivages en pente douce et les bateaux étaient alors déchargés ou chargés en
attendant une remontée du niveau de l’eau. Ce lieu d’échouage ou posée se
situait à deux pas du débouché de la rue du port sur la Seine. Cette rue allait
de la Seine à la commune de Léry à travers la plaine.
* la marée remonte dans la
Seine jusqu'au barrage, et jusqu'à la porte marinière dans l'Andelle
Vue de la plage de Poses en aval du barrage, emplacement supposé de la posée |
Le deuxième était un lieu d'embarquement pour la traversée de la Seine à l’aide d’un bac ou d’une nacelle. Ce procédé existait probablement depuis le Moyen Âge, assurant la traversée de Poses à Pîtres, à l’aval du célèbre pertuis, et dans le prolongement de la rue du Port à Poses.
Extrait du plan cadastral de Pitres de 1825 |
Même les chevaux passent le bac ... |
… et plus tard les automobiles |
Le troisième est celui
des bateaux à vapeur du XIXe
siècle propulsés par des roues à aubes. À partir de 1830 existait une ligne
régulière Paris Rouen dans les deux sens avec 18 arrêts dont celui de Poses. En
fait le bateau ralentissait, une barque chargée de ses voyageurs venait au
contact du vapeur, échangeait les personnes et le vapeur continuait sa route.
Promotion pour le service régulier de bateau à passagers |
Tarifs pour le service régulier de bateau à passagers |
Sur la reproduction de la lithogravure suivante, figure un panneau au pied duquel se trouvent un couple et une barque. C’est probablement le lieu d'embarquement de ce troisième port au bout de la rue du Port à Poses.
Lithographie de l'aval du barrage |
Le quatrième, appelé port de Poses, se situe paradoxalement sur la rive opposée, c’est-à-dire à Pîtres, à l’embouchure de l’Andelle. Sa vraie appellation est le port de l’Andelle. Si le flottage du bois sur l’Andelle remonte au Moyen Âge, la navigation sur cette rivière est bien connue au XIXe siècle :
En 1822 « les toues* et bateaux chargés
de charbon de terre pour les fonderies de Romilly-sur-Andelle passent à Poses
sans descendre à Pont de l’Arche ; les bateaux qui descendent les bois chargés
à l’embouchure de l’Andelle ne passent pas à Poses mais passent à Pont-de-l’Arche
». Ce qui semble signifier que le charbon vient des houillères du Nord par
les canaux, l’Oise et de la Seine-amont et les bois venant probablement de la
forêt de Lyons par flottage sont plutôt débarqués dans un port sommaire avant
d’être transportés vers Rouen.
* toue, du verbe touer : tirer avec
une chaîne, un câble ou une corde. Et celui qui tire est un toueur ….
Extraits des arrêtés du Préfet de l'Eure |
Dans un rapport de 1894, il est fait allusion à un port construit sur la rive droite de la Seine
En 1905, l’Andelle n’est considérée comme
rivière navigable et flottable que dans sa partie comprise entre le barrage de
Sainte-Hélène (ancienne porte marinière) et son embouchure dans la Seine.
Vue de l’embouchure de l’Andelle en 1919 |
Extrait du cadastre de Pitres de 1825 et cours navigable de l'Andelle |
En 1905, est reconstitué le port à l’embouchure de l’Andelle avec palées d’évitage et estacade sur la rive gauche. (voir ci-dessous)
Plan de détail du port de Poses en 1905 |
Un pont sur l'Andelle, construit en 1850 était appelé « Pont de halage ».
Vue du débouché historique de l'Andelle |
Lorsqu’en 1926, on fut amené à fermer la première écluse, celle de 1850, aux bateaux de commerce, on la transforma en port ouvert de l’amont ; on construisit même une voie de chemin de fer de l’ancien port et de l’usine Fréret jusqu’à l’écluse.
La
figure ci-dessous, une publicité des établissements Fréret spécialisés dans les
clôtures en béton armé (voir notre bulletin n° 2), montre une vue du port de
Poses sur le cours aval de l’Andelle avec son estacade, le pont, et des infrastructures également
côté Seine.
L'Andelle près de son embouchure en 1919. On voit le remous que créait l'Andelle à la sortie des écluses. Source : IGN |
Le port de l’Andelle cessa son activité avant 1940. Dans les années 30, on creusa un canal ramenant l’embouchure de l’Andelle à 500 m en aval ; on combla l’ancien lit de la rivière ce qui supprima le port de l’Andelle. Par ailleurs, dans les mêmes années 30, fut construite la nouvelle grande écluse, ce qui entraîna la disparition du dernier port dans l’ancienne écluse.