L’atelier en 1905 |
Les Etablissements Philbert
de Pont-Saint-Pierre
Gaston Philbert est né en 1890 dans la Marne. Peu de temps après sa naissance, ses parents
(Léonie et Alcide), rejoignent à Pont-Saint-Pierre Honoré, frère d'Alcide, qui
a créé une entreprise de mécanique qui travaille notamment pour les filatures.
La première
implantation de l’usine hydraulique de Pont-Saint-Pierre se trouvait
vraisemblablement près de l’église, dans le quartier Saint Nicolas, et on parle également d’une implantation
au 13 rue René Raban.
Cette entreprise est mise en faillite en 1894, mais l’activité redémarre sous
la dénomination Philbert-Milliard.
En 1901, Honoré
est seul actionnaire. Son entreprise de réparation et transformation de
machines en tous genres (machines à vapeur, poulies et arbres de transmission…)
comprend désormais une vingtaine d’ouvriers.
Le 17 avril 1905,
un entrepôt des Établissements Philbert est ravagé par les flammes. Le
préjudice total est évalué à 105 000 francs, dont 30 000 francs
d’infrastructures appartenant à Adrien Josse, propriétaire du foncier*, élu
quelques jours auparavant maire de Pont-Saint-Pierre.
* il était aussi propriétaire du
château de Pont-Saint-Pierre, et c'est à ce titre qu'il l'était aussi de la
future implantation de l'usine de G.Philbert, rue de la gare, devenue rue René
Raban (qui deviendra le garage Renault).
Gaston Philbert
Le fils d'Alcide,
Gaston, travaille à 16 ans chez le notaire de Pont de l'Arche, puis est mécanicien
dans l’entreprise de son père, qui dirige une entreprise de battage à Prey
(Eure). Appelé
sous les drapeaux en 1911, il est nommé matelot mécanicien de la flotte à
Cherbourg et regagne ses foyers en 1913. Le premier août 1914, suite au décret
de mobilisation générale, il rejoint la flotte. En 1915, il est placé en sursis
illimité dans l’usine des moteurs Samson à Billancourt, puis s’engage dans
l’infanterie coloniale et part faire la guerre des Dardanelles.
Démobilisé en
1919, il rentre dans ses foyers à Prey. Son frère, Paul, né à
Pont-Saint-Pierre, a aussi de bonnes connaissances en mécanique. Tous deux ont
d'ailleurs, dans leur enfance construit ensemble une machine volante avec
laquelle ils se sont lancés du haut du clocher de l’église de Prey pour se
retrouver au sol sans trop de dégâts ! Cette expérience a été confortée pendant
leur service militaire. Ce sont eux qui vont donc assurer la pérennité des
entreprises des deux frères. Paul succédera à Alcide à Prey, et Gaston à Honoré
à Pont-Saint-Pierre.
La forge |
En 1921, Gaston
achète l’entreprise de son oncle pour 125 000 francs, avec deux associés,
G.Passera et M.Louis. En 1926, il entre au conseil municipal de
Pont-Saint-Pierre. En 1927, il renouvelle son bail pour 12 ans, moyennant un
loyer de 8000 francs annuels, contre 2000 précédemment.
En 1931 il se
remarie à la suite du décès de son épouse, et en 1935 est élu maire de
Pont-Saint-Pierre, succédant à Adrien Josse qui était resté trente ans maire de
la commune.
Il insuffle alors
à la commune un vent de transformations : ancienne laiterie aménagée en
bains-douches, stade municipal et jardin public. Il crée un comité de
mobilisation qui deviendra comité d’aide aux prisonniers.
Le premier
septembre 1944, à la libération de Pont-Saint-Pierre, accusé de collaboration,
il est destitué de sa fonction de maire, et une enquête est ouverte.
En 1945 ont lieu
les premières élections municipales de la France libérée, il sollicite un
nouveau mandat, mais à l’issue d’une campagne qu’il juge délétère, il ne reconquiert
pas son siège, ce qui lui procure une immense amertume. L’enquête qui avait été
diligentée contre lui livre ses conclusions quelques semaines plus tard. Le
préfet de l’Eure le réhabilite officiellement, mentionnant qu’aucun grief de
collaboration n’a été retenu contre lui. C’est une maigre consolation…
Extrait de l'arrêté du Commissaire Régional de la République de Rouen prononçant le non-lieu |
En 1944,
l'entreprise emploie 22 personnes et consacre l'essentiel de son activité à la
reconstruction d'après-guerre et plus particulièrement à celle des bâtiments
agricoles.
G.
Philbert embauche alors un directeur Lucien Fleury venant de la Compagnie
Générale des Eaux et en
1946 rachète les Établissements Liézard au Grand-Quevilly, spécialisés en charpentes
métalliques et bâtiments agricoles, les activités des deux entreprises étant
complémentaires.
Il
déménage alors avec sa famille à Bois-Guillaume. En janvier 1948, il décède à
Pau d’une tuberculose pour laquelle il était venu se soigner, et est enterré
dans le cimetière de Rouen.
Plus tard sous
l'impulsion du nouveau dirigeant, la société abandonne progressivement
l'activité charpente métallique pour s’orienter vers la chaudronnerie et la
mécanique, secteurs en plein développement
Vers
1950 se développent aussi les premiers contacts commerciaux avec la Société des
Tuyaux Bonna qui deviendra rapidement un des principaux clients avant d’en
devenir l’actionnaire majoritaire en 1969.
En
1969, l'usine de Pont-Saint-Pierre est transférée sur la route des Andelys.
Durant
vingt ans les Ets Philbert fournissent à la société Bonna de très nombreux
équipements destinés à la fabrication des tuyaux en béton.
Parallèlement
à cette nouvelle activité des relations fructueuses s’établissent avec diverses
sociétés comme la Société Métallurgique de Normandie basée à Caen, La Société
Kléber Colomb etc …
Pendant
cette période de prospérité, les effectifs passent de 22 à 60 personnes, et commence pour la société,
présidée successivement par Messieurs Dané, Beaulier et Clément, une période de
fort développement qui sera favorisé par le soutien des dirigeants de la
société mère
Les
ateliers et bureaux sont transférés route des Andelys toujours à
Pont-Saint-Pierre. Les équipements sont modernes de grandes capacités:
raboteuses, aléseuses, fraiseuses, perceuses et tours verticaux etc...
Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90. |
Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90 |
Durant
cette décennie, la société pétripontaine réalise de nombreux équipements de
fourniture de moules et machines destinés à la fabrication de tuyaux en béton
vendus à des filiales de la maison mère situées en Turquie, Tunisie, Mexique
Égypte, Iran et également en France, mais n'a pas travaillé pour la Sabla de
Pîtres , comme on aurait pu imaginer.
Elle
fournit également des équipements sidérurgiques pour le groupe Creusot Loire,
des vannes de grand diamètre pour la société Bergeron, ainsi que des équipements
de rénovation des voies SNCF pour la société Matix
Les
effectifs passent de 60 à 150 personnes et le chiffre d’affaires de 6 à 36
millions de francs.
Dès leurs
débuts, les Établissements Philbert s'étaient spécialisés dans la fabrication
d'équipements industriels de grande taille, qui au fil du temps devenaient de
plus en plus impressionnants.
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De 1974
aux années 80, l'entreprise se spécialise en grosse chaudronnerie de précision,
comme les moules pour la fabrication de tuyaux en béton, la création de
machines à commande numérique ou de presses mettant en œuvre des poudres
métalliques.
De 1981
à 1985 une récession entraîne une baisse sensible des investissements nationaux
cumulée avec une chute des prises de commandes à l’exportation, le personnel
est réduit à 85 personnes.
L'activité
évolue, un atelier de machines à commande numérique est créé, l’achat d’une
licence de fabrication de presses hydrauliques permet la mise en place d’un
bureau d’étude mécanique, hydraulique et automatisme ce qui entraînera la
recherche d’un personnel plus qualifié dans ces domaines.
Une
mise en place du “Manuel d’Assurance Qualité a permis à l'entreprise de se
positionner sur le marché des pompes hydrauliques destinées aux centrales
nucléaires ou thermiques
En 1998, les
Établissements Philbert deviennent la Société Normande de Mécanique, qui
emploie 32 personnes spécialisées dans la tôlerie et la sous-traitance
mécanique, mais la société doit cesser son activité en 2000, et les locaux sont
alors occupés par la société Multi Machines Trade, revendeur de machines-outils.
Michel Dach
Philippe Levacher
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