1 décembre 2019

Les établissements Philbert de Pont-Saint-Pierre

Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - L’atelier en 1905
L’atelier en 1905

Les Etablissements Philbert 

de Pont-Saint-Pierre


Gaston Philbert est né en 1890 dans la Marne. Peu de temps après sa naissance, ses parents (Léonie et Alcide), rejoignent à Pont-Saint-Pierre Honoré, frère d'Alcide, qui a créé une entreprise de mécanique qui travaille notamment pour les filatures.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - Gaston Philbert

La première implantation de l’usine hydraulique de Pont-Saint-Pierre se trouvait vraisemblablement près de l’église, dans le quartier Saint Nicolas, et on parle également d’une implantation au 13 rue René Raban. Cette entreprise est mise en faillite en 1894, mais l’activité redémarre sous la dénomination Philbert-Milliard.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre -
En 1901, Honoré est seul actionnaire. Son entreprise de réparation et transformation de machines en tous genres (machines à vapeur, poulies et arbres de transmission…) comprend désormais une vingtaine d’ouvriers.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre -

Le 17 avril 1905, un entrepôt des Établissements Philbert est ravagé par les flammes. Le préjudice total est évalué à 105 000 francs, dont 30 000 francs d’infrastructures appartenant à Adrien Josse, propriétaire du foncier*, élu quelques jours auparavant maire de Pont-Saint-Pierre.
* il était aussi propriétaire du château de Pont-Saint-Pierre, et c'est à ce titre qu'il l'était aussi de la future implantation de l'usine de G.Philbert, rue de la gare, devenue rue René Raban (qui deviendra le garage Renault).

Gaston Philbert

Le fils d'Alcide, Gaston, travaille à 16 ans chez le notaire de Pont de l'Arche, puis est mécanicien dans l’entreprise de son père, qui dirige une entreprise de battage à Prey (Eure). Appelé sous les drapeaux en 1911, il est nommé matelot mécanicien de la flotte à Cherbourg et regagne ses foyers en 1913. Le premier août 1914, suite au décret de mobilisation générale, il rejoint la flotte. En 1915, il est placé en sursis illimité dans l’usine des moteurs Samson à Billancourt, puis s’engage dans l’infanterie coloniale et part faire la guerre des Dardanelles.

Démobilisé en 1919, il rentre dans ses foyers à Prey. Son frère, Paul, né à Pont-Saint-Pierre, a aussi de bonnes connaissances en mécanique. Tous deux ont d'ailleurs, dans leur enfance construit ensemble une machine volante avec laquelle ils se sont lancés du haut du clocher de l’église de Prey pour se retrouver au sol sans trop de dégâts ! Cette expérience a été confortée pendant leur service militaire. Ce sont eux qui vont donc assurer la pérennité des entreprises des deux frères. Paul succédera à Alcide à Prey, et Gaston à Honoré à Pont-Saint-Pierre.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - La forge
La forge

En 1921, Gaston achète l’entreprise de son oncle pour 125 000 francs, avec deux associés, G.Passera et M.Louis. En 1926, il entre au conseil municipal de Pont-Saint-Pierre. En 1927, il renouvelle son bail pour 12 ans, moyennant un loyer de 8000 francs annuels, contre 2000 précédemment.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre -
En 1931 il se remarie à la suite du décès de son épouse, et en 1935 est élu maire de Pont-Saint-Pierre, succédant à Adrien Josse qui était resté trente ans maire de la commune.
Il insuffle alors à la commune un vent de transformations : ancienne laiterie aménagée en bains-douches, stade municipal et jardin public. Il crée un comité de mobilisation qui deviendra comité d’aide aux prisonniers.
Le premier septembre 1944, à la libération de Pont-Saint-Pierre, accusé de collaboration, il est destitué de sa fonction de maire, et une enquête est ouverte.
En 1945 ont lieu les premières élections municipales de la France libérée, il sollicite un nouveau mandat, mais à l’issue d’une campagne qu’il juge délétère, il ne reconquiert pas son siège, ce qui lui procure une immense amertume. L’enquête qui avait été diligentée contre lui livre ses conclusions quelques semaines plus tard. Le préfet de l’Eure le réhabilite officiellement, mentionnant qu’aucun grief de collaboration n’a été retenu contre lui. C’est une maigre consolation…
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - Extrait de l'arrêté du Commissaire Régional de la République de Rouen prononçant le non-lieu
Extrait de l'arrêté du Commissaire Régional de la République de Rouen prononçant le non-lieu

En 1944, l'entreprise emploie 22 personnes et consacre l'essentiel de son activité à la reconstruction d'après-guerre et plus particulièrement à celle des bâtiments agricoles.
G. Philbert embauche alors un directeur Lucien Fleury venant de la Compagnie Générale des Eaux et en 1946 rachète les Établissements Liézard au Grand-Quevilly, spécialisés en charpentes métalliques et bâtiments agricoles, les activités des deux entreprises étant complémentaires.
Il déménage alors avec sa famille à Bois-Guillaume. En janvier 1948, il décède à Pau d’une tuberculose pour laquelle il était venu se soigner, et est enterré dans le cimetière de Rouen.
Plus tard sous l'impulsion du nouveau dirigeant, la société abandonne progressivement l'activité charpente métallique pour s’orienter vers la chaudronnerie et la mécanique, secteurs en plein développement
Vers 1950 se développent aussi les premiers contacts commerciaux avec la Société des Tuyaux Bonna qui deviendra rapidement un des principaux clients avant d’en devenir l’actionnaire majoritaire en 1969.
En 1969, l'usine de Pont-Saint-Pierre est transférée sur la route des Andelys.
Durant vingt ans les Ets Philbert fournissent à la société Bonna de très nombreux équipements destinés à la fabrication des tuyaux en béton.
Parallèlement à cette nouvelle activité des relations fructueuses s’établissent avec diverses sociétés comme la Société Métallurgique de Normandie basée à Caen, La Société Kléber Colomb etc …
Pendant cette période de prospérité, les effectifs passent de 22 à 60 personnes, et commence pour la société, présidée successivement par Messieurs Dané, Beaulier et Clément, une période de fort développement qui sera favorisé par le soutien des dirigeants de la société mère
Les ateliers et bureaux sont transférés route des Andelys toujours à Pont-Saint-Pierre. Les équipements sont modernes de grandes capacités: raboteuses, aléseuses, fraiseuses, perceuses et tours verticaux etc...
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90
Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90
Presses fabriquées dans les Etablissements Philbert dans les années 90

Durant cette décennie, la société pétripontaine réalise de nombreux équipements de fourniture de moules et machines destinés à la fabrication de tuyaux en béton vendus à des filiales de la maison mère situées en Turquie, Tunisie, Mexique Égypte, Iran et également en France, mais n'a pas travaillé pour la Sabla de Pîtres , comme on aurait pu imaginer.
Elle fournit également des équipements sidérurgiques pour le groupe Creusot Loire, des vannes de grand diamètre pour la société Bergeron, ainsi que des équipements de rénovation des voies SNCF pour la société Matix
Les effectifs passent de 60 à 150 personnes et le chiffre d’affaires de 6 à 36 millions de francs.
Etablissements Philbert - Pont-Saint-Pierre - Dès leurs débuts, les Établissements Philbert s'étaient spécialisés dans la fabrication d'équipements industriels de grande taille, qui au fil du temps devenaient de plus en plus impressionnants.
Dès leurs débuts, les Établissements Philbert s'étaient spécialisés dans la fabrication d'équipements industriels de grande taille, qui au fil du temps devenaient de plus en plus impressionnants.

De 1974 aux années 80, l'entreprise se spécialise en grosse chaudronnerie de précision, comme les moules pour la fabrication de tuyaux en béton, la création de machines à commande numérique ou de presses mettant en œuvre des poudres métalliques.
De 1981 à 1985 une récession entraîne une baisse sensible des investissements nationaux cumulée avec une chute des prises de commandes à l’exportation, le personnel est réduit à 85 personnes.
L'activité évolue, un atelier de machines à commande numérique est créé, l’achat d’une licence de fabrication de presses hydrauliques permet la mise en place d’un bureau d’étude mécanique, hydraulique et automatisme ce qui entraînera la recherche d’un personnel plus qualifié dans ces domaines.
Une mise en place du “Manuel d’Assurance Qualité a permis à l'entreprise de se positionner sur le marché des pompes hydrauliques destinées aux centrales nucléaires ou thermiques

En 1998, les Établissements Philbert deviennent la Société Normande de Mécanique, qui emploie 32 personnes spécialisées dans la tôlerie et la sous-traitance mécanique, mais la société doit cesser son activité en 2000, et les locaux sont alors occupés par la société Multi Machines Trade, revendeur de machines-outils.


Michel Dach

Philippe Levacher


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