Romilly sur le plan Le Roux. 1769 |
La Révolution à Romilly (1789-1798)
Les Cahiers de doléances
En 1789 afin de préparer la réunion
des Etats généraux à laquelle Louis XVI est contraint pour éviter la
banqueroute, on décide que des cahiers de doléances seront rédigés, au niveau
des paroisses, bailliages, provinces, par des assemblées qui nommeront des
députés.
Le cahier de doléances de Romilly est celui d’une paroisse d'alors 500 habitants. Comme la plupart, il demande, entre autres, la suppression de l'impôt sur le sel, la très impopulaire gabelle*, et de l'impôt sur le tabac, en précisant que c'était une chose nécessaire "en raison des brouillards qui règnent sans cesse dans la vallée de l’Andelle, attirés par les montagnes, forêts et rivières ". C'était en effet une vue courante à l'époque de considérer comme des médicaments tabac, alcool et bien d'autres produits nocifs.
* Le sel, indispensable à la vie et
nécessaire à la conservation des denrées, était soumis à une forte imposition
perçue comme injuste, la gabelle, d’où une importante contrebande. Elle est
abolie en 1790, rétablie par Napoléon, abolie par la Seconde république en
1848, puis rétablie, maintenue par le Second empire (Napoléon III), et abolie
par la IVe République....
Un très grand centre industriel
Romilly est un grand centre
industriel depuis la création des fonderies de cuivre. (Voir bulletin 6)
Celles-ci n'ont pas été établies à
partir de rien : l’Andelle était utilisée depuis des siècles pour la meunerie,
puis plusieurs de ces moulins sont devenus les moteurs, au sens propre, d'une
activité industrielle qui s'est développée dès avant le XVIIIe siècle au
service de la draperie de Louviers et d’Elbeuf. Les fabricants envoient leurs
draps à Romilly pour y être foulés, ou foulonnés (l'opération consiste à les
battre dans des cuves contenant de l'argile fine, pour les assouplir).
Les fonderies de cuivre |
Rachat des biens nationaux
On sait qu’une des premières
mesures importantes de la Révolution a été la saisie des biens des nobles et
ecclésiastiques, mis en vente au profit de la nation, mais les modalités de
cette mise en vente ont fait que sur le territoire national peu de petits
paysans ont pu racheter les terres seigneuriales qu'ils cultivaient et qui sont
souvent devenues propriétés de bourgeois des villes, parfois prête-nom des
anciens propriétaires aristocrates. C'est ce qui se passe Romilly où même les
Legay, Rose, Cavelier, riches fermiers des prieurés de Saint-Crespin et des
Deux Amants cèdent la place devant les négociants parisiens ou rouennais. Les
achats par des locaux sont plutôt le fait des marchands de bois, dans la forêt
de Longboël.
Les nouveaux pouvoirs
En juin 1791 le canton de
Pont-Saint-Pierre avait élu deux gros laboureurs et un marchand, mais en août
1792, donc après la journée du 10 août que l'on peut considérer comme celle de
la chute de la monarchie et du début de la prise de pouvoir des sans-culottes
et des Jacobins, on voit un grand changement, avec l'élection du menuisier
Fiquet, rédacteur du cahier de doléances et futur maire de Fleury, d'un facteur
de bois et du curé de Romilly, qui abdiquera bientôt de sa prêtrise : le
vent souffle vers la gauche. Une Garde nationale de 22 hommes, dont le capitaine
est directeur de la fonderie, s'organise à Romilly, autre signe d'un engagement
dans la Révolution. Le maire, Legay, gros laboureur sera destitué en janvier
1793.
La levée en masse
Cependant la levée en masse* de 300 000 hommes, proclamée en février 1793, ne semble pas susciter un franc enthousiasme, ni à Romilly ni dans les communes proches de la vallée de l’Andelle. À Romilly les fils des notables se font remplacer par des domestiques ou des journaliers et on essaie de faire baisser le contingent exigé par le district. Les demandes de réforme affluent, et les exemptions des ouvriers de la fonderie de cuivre, considérée comme d'importance stratégique, font peser un poids plus lourd sur les autres habitants.
Non seulement l'enrôlement de
soldats va priver de bras l'agriculture, mais on réquisitionne aussi chevaux,
voitures, harnachement de cavalerie et fourrages ce qui provoquera de futurs
problèmes de subsistance.
Malgré cette appellation de
"levée en masse", on peut relativiser le nombre de départs D'après
une liste de parents des défenseurs de la patrie établie en décembre 1794, il
semble qu'il y en ait eu 13 à Romilly, chiffre qui peut être comparé avec le
nombre d’enrôlés de la guerre 14-18, au moins dix fois supérieur ?)
*en mars et août 1793, la levée en
masse est destinée à faire face à la baisse des effectifs de l'armée révolutionnaire due aux pertes, aux désertions et, plus
largement, aux départs des volontaires levés en 1792 pour la durée d'une campagne,
qui estiment pouvoir rentrer chez eux, l'ennemi ayant été repoussé hors des
frontières (cf. Valmy). Elle contribuera malheureusement à susciter le
soulèvement de la Vendée
La société populaire et le comité de surveillance. Le pouvoir jacobin
En octobre se crée une société
populaire de 14 membres qui se réunira deux fois par semaine. Elle travaille de
concert avec le Comité de surveillance sur la question des subsistances et se
substitue de fait aux autorités municipales, ce que montre un épisode
significatif : le desservant, c'est-à-dire le prêtre de la paroisse ayant
abjuré, donc se déclarant pleinement du côté jacobin, la Société populaire
s'installe dans l'église sans l'autorisation de la municipalité, moins
révolutionnaire, qui lui rappelle les règlements municipaux et adresse une
protestation au district. Le Comité de surveillance avait déjà signalé aux
autorités départementales le manque de patriotisme du maire, Legay, gros
laboureur et du meunier du prieuré, Rose. Deux réunions du conseil municipal
sont ajournées à la fin de l'année 93 par manque de participants, alors que la
Société populaire, quant à elle, a le pouvoir d'organiser un grand
rassemblement devant la "ci-devant église" pour y dénoncer les menées
contre-révolutionnaires dans la commune et demander la destitution de membres
de la municipalité.
Maryvonne Pinchon a établi ce tableau montrant l'imbrication des deux groupes et l'importance du personnel des fonderies |
Prise de pouvoir des sans-culottes
Dix jours plus tard les
"représentants du peuple", soit les autorités supérieures du
département c'est-à-dire en cette période les envoyés directs du Comité de
salut public, noyau dur de la Révolution, annoncent la destitution du maire,
d'un officier municipal et du foulonnier. Le maire est remplacé par le
directeur de la fonderie, Laîné, capitaine de la garde nationale et donc à
l'évidence jacobin. Par ailleurs quatre membres de la société populaire sont
nommés dans la nouvelle municipalité. On assiste donc à une nette
radicalisation.
Tous les citoyens de la commune
sont convoqués par l'agent du district qui vient contrôler lui-même
l'application de ces mesures.
On peut donc considérer qu'à la fin
de l'année 1793, les sans-culottes l’ont emporté à Romilly.
Subsistances
La politique de salut public va
devoir s'attaquer au problème le plus important : les subsistances. Il faut à
la fois, à l'intérieur, nourrir les habitants de la commune et, à l'extérieur,
fournir des vivres aux villes et à l'armée. Or les agriculteurs refusent de
livrer leur grain à un tarif (le prix maximum des denrées) qu'ils considèrent
comme insuffisant, essayant de le vendre au marché noir et faussant donc leurs
déclarations de récolte. Les autorités municipales procèdent donc à des visites
chez les gros cultivateurs avec l'aide du Comité de sûreté, demandant la
confiscation des récoltes au profit des pauvres de la commune en cas de fraude.
On fait enregistrer chaque jour sur
place la quantité de grains ramassés lors de la récolte, avant qu'il ne soit
engrangé. Ce contrôle s'étend aux légumes, au beurre, aux œufs, et aux
volailles, et des perquisitions peuvent être menées, sur pétition des
habitants, les fausses déclarations entraînant confiscation et distribution aux
pauvres.
La disette menaçant, on envisage
même la possibilité de labourer les pâtures communes. Un emprunt forcé auprès
des riches contribuables ne rapporte pas autant qu'il devrait, des laboureurs
réussissent à y échapper, et à Romilly les seuls versements confirmés sont ceux
de la fonderie, fidèle à ses engagements dans la Révolution.
De la poudre et des balles
Une autre fourniture moins connue qui entraîne réquisition, c'est celle du salpêtre, nitrate de potassium, ingrédient essentiel dans la fabrication de la poudre, que les armées consomment en quantité. Pour ce faire, toute la population est appelée à couper des herbes et des broussailles pour constituer des monticules arrosés d'urine, ou mis à macérer dans des baquets, et aussi à gratter tous les murs où du salpêtre a pu se former. Les églises sont alors souvent utilisées pour l’abriter.
Limite de la terreur jacobine
Quand la Société populaire de
Romilly fait arrêter quatre femmes accusées de "troubles
contre-révolutionnaires" à la fin de l'année 1793, lors du grand rassemblement
dont nous avons parlé, elles sont incarcérées à Rouen. Mais en avril 1794 les
autorités municipales et les citoyens réunis par l'agent national du district
décident d'intervenir pour délivrer "ces femmes très misérables et
chargées d'un très grand nombre d'enfants", qui seront libérées peu de
temps après. On peut penser soit qu'elles s'étaient livrées au marché noir,
soit qu'elles avaient manifesté trop ouvertement leur mécontentement devant la
situation économique, ou les deux à la fois, mais ce que montre cette décision,
c'est que le pouvoir maintenant hésite à accroître la répression face au
mécontentement croissant.
Déchristianisation
Procession républicaine |
La politique antireligieuse du
comité de salut public, dite de déprêtrisation, consistant à interdire de culte
les curés qui n'ont pas prêté serment à la république, qui a créé beaucoup de
troubles dans des paroisses et des régions entières (Vendée) ne rencontre guère
de résistance à Romilly, puisque c'est le prêtre desservant lui-même qui abjure
devant la société populaire, renvoie ses lettres de prêtrise à la convention,
et qu'on le retrouve prêchant devant une foule "où l'on remarque plusieurs
citoyens en bonnet rouge, originaire de Romilly mais aussi des communes
voisines de la vallée". C'est ainsi que Romilly se trouve en tête de ce
que les opposants considèrent comme la « contagion » révolutionnaire (on peut
cependant noter que dans la paroisse voisine de Pîtres, le curé lui aussi
s'était engagé dès juin 1793 dans les armées de la République, et qu'il en fut
de même au Manoir)*.
* l'évêque du diocese d'Evreux est
alors Thomas Lindet, "curé rouge" avant de devenir évêque
constitutionnel de l'Eure, frère de Robert Lindet, membre du Comité de salut
public.
église de Criteuil, Charente |
L'église transformée en temple de la Raison devient en fait
une grande salle communale où l'on organise des réunions pour discuter des
affaires du village, sans grand rapport avec l'Etre suprême.
L'année 1794 montre aussi une forte proportion de prénoms révolutionnaires, essentiellement chez les employés de la fonderie.
Quelques
exemples de prénoms révolutionnaires :
Armoise, Anémone, Auguste, Corneille,
Challier, Civique, Ciceron, Caton, Egalité, Floreal, Fructidor, Frimaire,
Floréal, Germinal, Junon, Légalité, Lamontagne, Latulipe, Légalité, L'union, Lavande,
Municipalité, Minerve, Robespierre, République, Scipion, Socrate, Victoire,
Voltaire, Zéphir
L'école
L’enseignement primaire a été rendu
obligatoire laïque et gratuite par la Convention, à partir de six ans, pour les
filles comme pour les garçons*. À Romilly, c'est un membre de la société
populaire, Bizet, qui sera instituteur, et l'école est installée dans le
presbytère. 60 enfants vont y être inscrits, chiffre important dans une commune
qui n'a alors que 780 habitants.
La répartition des écoles sur le
canton en prévoyait une pour Fleury et Radepont, une pour Pont Saint-Pierre
Douville, Flipou et Amfreville, et une pour Romilly. Les instituteurs doivent y
enseigner lecture, écriture, calcul et morale républicaine, ce dernier point
étant particulièrement surveillé.
* bien que Condorcet,
mathématicien, philosophe, et auteur du plan sur l'Instruction publique soit
alors en passe de fuir la guillotine en se suicidant, le décret prévoit une
instruction, facultative, pour les adultes, dans la droite ligne de son plan :
"... citoyens pauvres ! La fortune de vos parents n’a pu vous procurer que
les connaissances les plus indispensables, mais on vous assure des moyens
faciles de les conserver et de les étendre. Si la nature vous a donné des
talents, vous pouvez les développer, et ils ne seront perdus ni pour vous ni
pour la patrie." Ainsi, l’instruction doit être universelle, c’est-à-dire
s’étendre à tous les citoyens.
Retournement d'opinion
Plantation d'arbre de la liberté en 1789 |
Et les choses n'en restent pas là : l'une des manifestations rassemblant, d'après les membres du conseil municipal, "la presque totalité des habitants", dont 150 femmes, s'attaque à l'arbre de la liberté, symbole de la révolution. Il est coupé et le bonnet phrygien qu'il portait est détruit : "elles clament que cet arbre ne pouvait pas leur donner de pain et qui ne fallait pas le souffrir, non plus que le bonnet rouge".
Mais continuité jacobine
L’élan révolutionnaire est donc
terminé à Romilly, la société populaire ne semble plus se réunir, les membres
du comité de surveillance sont désarmés, et, suprême humiliation, on exige même
d’eux des autorisations d'absence s'ils quittent la commune pour se procurer
des subsistances, puis le conseil municipal décide de leur rendre leurs armes
du fait de "leur conduite paisible et régulière". Rappelons que c'est
toujours la même municipalité jacobine, qui garde sa solidarité avec les
révolutionnaires locaux dont elle a été l'alliée. Lainé, directeur de la
fonderie, avait démissionné de son poste de maire avant même le 9 thermidor, ne
pouvant plus concilier, d'après lui, son travail d'industriel et
d'administrateur de la commune. Son successeur est un marchand de bois membre
de la Société populaire et président du comité de surveillance : Cavelier. Il
n'y a donc pas vraiment de rupture puisqu'il s'agit d'un jacobin, à Romilly
comme à Paris, le cœur n'y est plus...
Thermidor
Après une période de transition,
que l'on appelle la convention thermidorienne, puisqu'elle suit la chute de
Robespierre le 9 thermidor, de nouvelles institutions vont se mettre en place :
le Directoire. La participation aux nouvelles élections est faible dans la
vallée en général, et à Romilly en particulier : alors qu'il y avait eu 13
votants en 1791, avec le suffrage censitaire, on n'en trouve que 17 en 1795
alors que tous les hommes ont le droit de voter (c'est bien pire à Pîtres, où
l'on doit remettre au lendemain l'assemblée électorale car il ne s’y trouve que
quatre habitants !). Les assemblées sont souvent perturbées par des femmes qui
viennent réclamer du pain, continuant une tradition inaugurée en octobre 1789.
Les autorités dans ce cas se bornent à tenter d'imposer le silence.
La crise de subsistance continue,
les autorités semblent bien démunies. "5000 individus sont à la veille de
mourir de faim" déclare-t-on lors d'une assemblée municipale, et quand on
ajoute "il faut agir avec une énergique humanité" (face aux troubles)
on voit bien que les autorités ne savent trop comment réagir...
Les habitants mangent de l'herbe !
Scènes de disette |
Saisies illégales
Conséquences
inévitables, la violence reprend le dessus. Déjà un convoi de blé avait été
arrêté par des manifestants et, malgré l'intervention du directeur des
fonderies, Lainé, capitaine de la Garde nationale, et encore responsable communal,
ceux-ci le conserveront en imposant eux-mêmes le prix au marchand qu'ils ont
arrêté. L'opération se renouvelle contre un deuxième marchand traité de coquin
et d'accapareur, à qui l'on déclare "qu'il devrait être bien heureux qu'on
lui propose de lui payer sa farine et qu'il vaudrait mieux tuer tous ces
coquins et ces voleurs tout de suite". Ces opérations de saisie de blé
seront renouvelées les semaines suivantes, les assaillants se justifiant en
déclarant "qu'ils sont à la recherche de pain pour nourrir femmes et
enfants". On comprend qu'il s'agit de continuer à imposer la politique du
maximum que la convention thermidorienne abandonnée, plutôt que de véritables
pillages. La municipalité se trouve alors bien partagée : d'un côté, elle
nomme un garde champêtre pour assurer le respect de la propriété, qui
"portera sur le bras une plaque de métal ou d'étoffe ou seront inscrits
les mots : la loi", et d'un autre côté elle fait du mieux qu'elle peut
pour trouver des subsistances auprès du district, du département, à Rouen, au
Havre où arrivent des blés d'importation, ou à Paris. Elle demande au Comité de
salut public de laisser à Pont de l’Arche, lors du passage du convoi de
ravitaillement de Paris, du grain "pour la subsistance des 820 habitants
de Romilly".
La municipalité
de Pîtres fait à l'époque exactement la même chose (voir bulletin n°2)
et l'on peut se douter qu'elles ne sont pas les seules. Pîtres obtiendra 100
quintaux de grains du comité de salut public, peut-être du fait d'un chantage à
peine voilé : le courrier adressé au Comité de salut public mentionne les
bateaux de grains destinés à l'approvisionnement de Paris stationnant sur la
Seine à deux pas de la commune du fait du gel qui paralyse la circulation et
laisse entendre qu'il y a là un danger face à une population "pressée par
la faim dont on ne peut calmer les angoisses".
Difficultés à rétablir l'économie
En 1797 le Directoire impose une
taxe destinée à la réfection des routes qui sont dans l'ensemble en très
mauvais état. La fonderie de Romilly, sous la forme d'un de ses
administrateurs, Saillard, s'oppose à cette réglementation, allant jusqu'à se
faire ouvrir de force la barrière.
Ceci est peut-être dû au fait que
cette taxation rappelle l'ancien régime, mais, pour être juste, il faut
reconnaître que les fonderies étaient pourtant comme en témoignent les plaintes
continuelles d'autres communes, un gros défonceur de routes…
La forêt est au centre de nombreux
délits : abattage clandestin, trafic avec la complicité des gardes forestiers,
adjudications frauduleuses, etc. comme ailleurs, à Romilly l'administration se
juge souvent impuissante.
Retour à l’ordre
Sources
Essentiellement la thèse de
doctorat en histoire présentée par Maryvonne Pichon à l'université de Rouen en
1994 sous la direction de Claude Mazauric, intitulée Recherches monographiques sur la basse vallée de l'Andelle pendant la
Révolution Française 1789-1799. (251 pages A4 dactylographiées).