1 avril 2017

Le Manoir sous la Révolution (suite)

Le centre de la paroisse du Manoir en 1787 (Archives de l'Eure)
Le centre de la paroisse du Manoir en 1787 (Archives de l'Eure)


Le Manoir An II (1793-1794)

L'an II, c’est l'année clé de la Révolution,  pendant laquelle la  toute jeune République doit se battre sur tous les fronts, aux frontières contre l'Europe des rois, et à l’intérieur contre les soulèvements royalistes  (chouannerie, Vendée) ou fédéralistes. Le Comité de Salut Public qui la dirige va durcir considérablement son pouvoir : c'est la Terreur. Par ailleurs les besoins sont grands pour ravitailler l'armée en hommes, en armes, en chevaux, en fourrage (le carburant de l’époque), en vivres, que l’on réquisitionne aussi pour nourrir les villes. La disette menace, et  la politique de réquisition menée contre des paysans qui rechignent à vendre leurs produits à bas prix (loi du maximum, voir n°1), surtout quand ils sont payés en assignats dévalués, aggrave la pénurie.

Les grandes familles  de laboureurs :
les Leclerc, Revert, Tesson, Depîtres,  Bisson, Fréret, et 22 Depîtres... ( en comptant seulement les chefs de famille  : combien en tout ?)
Les grands propriétaires absents :
les sieurs de Coqueromont, seigneur de Pont-Saint-Pierre, Bizet, bourgeois de Rouen, Girot, de Fresnes-l'Archevêque, la dame Meilleur, de Feuguerolles                            
Les « clercs »   Le curé Maille  doyen du prieuré de Perriers, réfractaire, remplacé par 
Bruno Jacques Jérémie Leblond,  d'abord meneur sans troupes, futur volontaire de l’an II - rescapé de quelles batailles?- qui finit maire du Manoir sous le Directoire, mais aussi Nicolas Yves Pelletier,  greffier, parfois collecteur de taxes, instituteur
Les petits, les sans-grades : listes d’indigents, d’allocataires, de protestataires… qui ont parfois les mêmes noms de famille que les laboureurs.

Dans les registres de délibérations du conseil municipal du Manoir sous la Révolution, on perçoit la manière dont l'ensemble de la population d'un  petit village rural se trouvait affecté par une politique qui se faisait surtout à Paris, et y adhérait ou s'y opposait. Ce type de document nous met plutôt au contact des notables, mais permet cependant de deviner des oppositions de classes sociales.
Rappelons le contexte :
Le Manoir compte environ 360 habitants, formant une centaine de feux (foyers, on dirait aujourd'hui ménages) Avant 1789, la propriété semble répartie entre quelques  seigneurs, dont Antoine-Pierre-Thomas-Louis Caillot de Coquereaumont, président au parlement de Rouen,  et seigneur de Pont-Saint-Pierre, l'abbaye de Saint-Ouen, et quelques laboureurs de la paroisse. Ces laboureurs, paysans aisés, mais qui n'ont rien à voir avec les propriétaires et les seigneurs qui ne travaillent pas leurs terres, nous les connaissons bien, puisque ce sont eux qui depuis 1789 sont les élus du Manoir. Nous les retrouvons donc de semaine en semaine et parfois de jour en jour dans le registre de délibérations, qu'ils signent  régulièrement. Ils sont peu nombreux, et appartiennent à un très petit nombre de familles :  Leclerc, Depîtres, Tesson, Revert, Bisson, Fréret, Milliard. Ainsi, en 1788, en l'absence  du sieur de Coquereaumont , seigneur de la paroisse Jean-Baptiste Leclerc est syndic de l'assemblée municipale, il a comme adjoints Jean-Baptiste Revert, Jacques Depîtres, Jean Tesson,  le  greffier est Jean-Louis Bisson.

Les plus forts contributeurs à l'impôt en 1790
(pour un total perçu de 2096 livres)
REVERT Fr. fermier du sieur Biset de Rouen
273
Sieur Girot de Fresnes l'A. (a refusé de faire sa déclaration)
185
DEPITRES J. fermier de la veuve Martin
121
BISSON J. fermier de la veuve Levavasseur
77
Sieur curé
51
Vve FRERET
49
DEPITRES J.P fils,  fermier de Louis Fréret et r.Milliard
47
TOLMET Louis
45
TESSONJean
43
Sieur Biset de Rouen pour maison de maître
38
DEPITRES Pierre fermier de Biset
37
DEPITRES J.B. fermier de Loguet, Biset,  N.Depitres
24
DEPITRES Jean-Pierre fermier de Milliard père
22
DEPITRES Etienne
21


J-B Leclerc est en juillet 1791 le principal acheteur lors de la vente de biens nationaux (pour le Manoir c’était les terres qui appartenaient à l'abbaye de Saint-Ouen) : il en achète pour 18 500 livres, somme très importante : les terres étaient estimées entre 10 et 40 livres l’acre, cela pourrait donc représenter entre vingt et cent hectares. L'autre acheteur de biens nationaux, François Milliard, n'en achète que pour 5400 livres.

Mais le personnage le plus important de la commune, c’est le curé, Nicolas Maille, doyen de Perriers sur Andelle, premier maire du Manoir, en 1790, élu par 36 voix sur 46 (ne votent que les citoyens actifs). Mais, devenu curé « réfractaire » (voir n°1), il est remplacé par  Bruno Jacques Jérémie Leblond, nommé par Monseigneur Robert Thomas Lindet. Les habitants du Manoir, peu satisfaits de ce curé révolutionnaire demandent  dans une pétition suivie de 39 signatures à garder le curé Maille, homme charitable, bon citoyen, etc.  Pourtant, assez bizarrement, quand il faut élire un nouveau maire, c'est le curé  Leblond qui est élu, mais il démissionne pour rester curé. Jean-Baptiste Leclerc est  élu maire. 


Robert Thomas Lindet, évêque constitutionnel  et député du département de l’Eure est le frère de Robert Lindet, membre du Comité de Salut public, rédacteur de la loi de Prairial, qui instaure la Grande Terreur en accélérant les procédures de jugement et en ne laissant aux tribunaux que deux possibilités : l’acquittement ou la mort…

Six mois plus tard, la cote du curé Leblond est au plus bas : les membres de la municipalité établissent contre lui un procès-verbal, pour « insultes proférées envers eux au cours de la messe et des vêpres de ce jour dans l’église du Manoir », et envoient au directoire du district de Louviers une requête contre lui, qui reste sans effet, comme on pouvait se douter.
Dès 1792, les préoccupations des habitants vont changer. La guerre est déclarée, les inventaires commencent, qui annoncent les futures réquisitions : biens destinés à la célébration ou à la décoration du culte, armes et munitions (fusils, mousquetons, pistolets, bâtons ferrés), trois volontaires partent pour la défense de la patrie en danger, avec trois fusils réquisitionnés. Puis le problème essentiel devient celui des subsistances : voir le bulletin n°1)
En décembre 1792, Jean-Baptiste Leclerc est réélu maire, tandis que le citoyen curé  est « nommé unanimement lecteur des lois grâce à son civisme et son patriotisme ».

L’année 93

La situation se durcit….La guerre s’est étendue à l’Angleterre et à l’Espagne, Dumouriez, principal général du front de l’Est, a trahi, la Convention décrète la levée en masse : réquisition permanente de tout citoyen en état de porter les armes. On traque partout les « suspects »
La municipalité déclare qu’il n’y en a point au Manoir, et le curé Leblond lui reproche cette « hésitation » à dénoncer, il désigne le curé réfractaire Maille, ses domestiques, et deux autres personnes, et menace de quitter la commune. On pourrait alors se dire que ses paroissiens auraient dû se sentir soulagés d'être débarrassés de lui, mais peut-être sentaient-ils qu'en même temps ce révolutionnaire patenté contribuait à les protéger.
Alors —parce que le curé Leblond a réussi à convaincre quelques bonnes volontés?— Jacques-Louis Bisson et François Leclerc, laboureurs, accusent François Milliard "de n'être qu'un aristocrate", mais  refusent de signer un procès-verbal, ce qui va permettre à celui-ci d’être tiré d’affaire : " il apparaît selon l'opinion des habitants présents qu'il n'est pas regardé comme suspect, n'ayant ni parlé ni agi contre le principe républicain, et il résulte que cette dénonciation n'a pu être que l'effet  d'un trop grand patriotisme qui remontait à  une période trop éloignée" —l'époque sans doute où J-F Milliard était décimateur à Pîtres et y était le deuxième revenu après le sieur Caillot de Coqueréaumont.
Peu de temps après, des visites ont lieu chez tous les possesseurs de grains et farines afin de vérifier les déclarations.  Six boisseaux de blé sont confisqués  à Jacques-Louis Bisson, qui avait "oublié" de les déclarer, et attribués aux pauvres de la commune : petite vengeance pour le guérir de son zèle dénonciateur ?

Juin : Le manque de grains se fait sentir, la situation se tend : on projette d’aller en nombre* à Pont-de-l'Arche  pour se procurer des subsistances, puis , comme on ne peut plus se procurer de grains sur les halles et marchés dans un rayon de quatre lieues (16 km), les habitants demandent qu'une pétition pour obtenir 80 sacs de blé soit présentée au ministre de l'Intérieur ou au Comité des subsistances par le citoyen Leblond "connaissant la pureté de son civisme, de son patriotisme, de son républicanisme et du zèle dont il est animé pour la paix et la félicité et le bonheur de ses concitoyens."  Que de fleurs ! La cote du curé Leblond a bien remonté, on estime surtout qu’il est le plus à même d’obtenir du pouvoir révolutionnaire, dont il est le plus proche, de quoi sauver le Manoir de la disette. cf  rôle de l’instituteur Corot à Pîtres ( voir n°1)

* C’est une pratique fréquente que de se rassembler pour réclamer du blé .Dans les périodes difficiles, on parle d'émeute frumentaire, les populations affamées affrontent l'autorité pillent ou achètent de force. Il y a parfois des morts….. 

Juillet :  gardes organisées toutes les nuits du 9 heures du soir à 3 heures du matin, pour surveiller les récoltes et éviter toute dégradation

Août : pour préparer la grande fête du 10 août à Louviers "toutes les municipalités se feront remettre par les ci-devants propriétaires de fief, leurs ci-devants receveurs ou agents et par tous dépositaires les aveux, déclarations, terriers, cueilloirs et titres constitutifs ou reconstitutifs des rentes, les droits ci-devants seigneuriaux supprimés sans indemnité, et […] les restes de la féodalité seront brûlés par chaque commune à la fête du 10 août."
Un incident local minime, mais qui révèle un climat tendu : "J-P Tesson, marchand, laboureur à Alizay, a surpris la citoyenne Marie- Anne Le Sueur, femme de Jean-Pierre Depîtres, faisant de l'herbe au râteau sur sa pièce de terre, laquelle était marquée en défense par plusieurs placards. Il lui a demandé pourquoi et elle a répondu qu'elle pensait que c'était seulement interdit aux bestiaux.  Il lui a demandé de partir et de laisser l'herbe. Elle s'est retirée après résistance à vive voix. Elle est revenue deux heures plus tard pour la récupérer et devant son opposition lui a asséné deux coups de poing sur la tête et lui a dit  tu t'en repentiras ainsi que plusieurs autres injures."
La moisson est faite, et les ordres de réquisition vont pleuvoir…

Septembre  : le Manoir doit fournir 16 quintaux de blé pour l'approvisionnement de Paris, on recense les charrues, combien les cultivateurs ont fourni pour les magasins de Paris et Rouen et combien sont en retard : "ceux qui ne référeront pas à la présente réquisition, soient officiers municipaux par négligence, soient cultivateurs par une coupable indifférence pour le statut de leurs concitoyens, seront poursuivis comme ennemis publics, arrêtés sur le champ et tout le grain dont ils seront trouvés possesseurs confisqué [...] et vendu au profit de la République."

Un commissaire envoyé par le district de Louviers vient prendre des renseignements sur " les notables, ci-devants seigneurs, prêtres réfractaires, ainsi que d'autres personnes désignées : le citoyen Charles Depîtres et sa femme, anciens domestiques du prêtre réfractaire Maille, et déclarés suspects, car ne se rendant pas à l'office du prêtre constitutionnel ". On répond "ils assistent régulièrement aux assemblées de citoyens et n'ont jamais parlé ni agi contre le principe républicain et depuis le dernier procès-verbal les rendant suspects, ils vont maintenant à l'office comme les autres, en conséquence nous les retirons de la liste des suspects". Il semble  donc qu’une solidarité s’exerce à l’intérieur de la commune pour se protéger de l’extérieur

Octobre : ordre de fournir 14 quintaux (environ 700 kg) de blé pour l'approvisionnement de la ville de Rouen, quantité revue à la hausse après vérification , bien entendu on essayait toujours de verser le moins possible, mais les villes avaient besoin de blé et "veillaient au grain"...

L’an II

Vendémiaire ( octobre 1793 )
- Louviers ordonne la descente des cloches et leur envoi, réponse: "l'une sera descendue et l'autre restera conformément à la loi du 23 juillet 1793"
- chaque canton devant fournir 6 chevaux pour le service de cavalerie ainsi que la quantité d'avoine nécessaire pour nourrir un cheval pendant un an , la commune du Manoir doit fournir 15 quintaux d'avoine.
On a pu acheter des farines au  Havre. Grand port d'exportation des farines vers les Antilles, dans le cadre du commerce triangulaire (traite des Noirs), le Havre était doté de grands magasins et a importé des farines  en période de disette.

Brumaire 
Bras de fer avec les autorités de Pont-de-l'Arche, qui, on le voit, savent  se faire obéir :
-  Suite à un arrêté autorisant la commune de Pont-de-l'Arche à opérer les réquisitions nécessaires pour l'approvisionnement de son marché, arrivent deux commissaires, qui exigent 50% de réquisitions supplémentaires.
- Le procureur de la commune,  Pierre Leclerc, donne son accord.
- Mais J-B Leclerc (maire) et Jean-Baptiste Tesson (officier municipal) n’acceptent de fournir que 25 % de plus.
- Le haut-commissaire laisse aussitôt six hommes en garnison "à raison de 40 sols par jour chacun et leur nourriture, lesquels frais ne seront supportés par le procureur de la commune attendu son adhésion à la réquisition ci-dessus."
- Le jour même, les autorités municipales « invitent » les cultivateurs à accepter l’augmentation de 50 %,  ce qui est fait.

On nomme un commissaire pour veiller aux subsistances des personnes "en grande nécessité" et s’en faire procurer par les cultivateurs.
On rassemble les jeunes gens mis en réquisition par la loi du 23 août, et  "tous les fusils , même ceux de chasse pour être réparés et en armer les défenseurs de la patrie."

Nivôse : on demande de faire écorcer les chênes pour servir de teinturerie, des couvertures et des souliers pour l’armée de la République. On recense les citoyens de 18 à 40 ans, garçons ou hommes veufs sans enfants.
Arrive un gendarme qui apporte le questionnaire auquel les réponses seront rapidement faites (voir en fin d'article).

Pluviose
Les biens des fabriques, c'est-à-dire des associations qui entretenaient les églises,  achetaient les ornements, etc…sont recensés et déclarés biens nationaux
On fait l’inventaire des grains disponibles : 302 quintaux (environ 1 500 kg), et on récupère le cuivre (chandeliers de l’église) et le plomb pour les transférer à Louviers.
Une assemblée est réunie pour régler les dépenses et frais de réception de farine reçue du magasin du Havre. On a donc pu acheter de la farine soit d’importation, ou qui était destinée à l’exportation .

L’emprunt forcé : les revenus nécessaires (1000 livres pour les célibataires, 1500 pour les gens mariés, plus 1000 pour chaque membre de la famille) sont exemptés ; les revenus abondants sont taxés d’un impôt progressif qui va de 10 à 50 % du revenu ; les revenus superflus (au-dessus de 9000 livres)  sont taxés de façon à ne pas laisser plus de 4500 livres de plus que le  nécessaire.
Cet emprunt forcé fut un échec. Les riches ne payèrent pas, profitant des difficultés à faire appliquer cette loi .


Ventôse : réponse à l’emprunt forcé : «personne n'a assez de revenus au Manoir… »
Et personne n'est prêt à se charger de la perception de la contribution foncière de 1793, au tarif proposé…. signe que l’on s’attend à ce que cette perception soit difficile.
Un commissaire de Pont-de-l'Arche vient contrôler les grains et l’extraction des salpêtres.
On décide de planter un chêne, comme arbre de la liberté, la cérémonie sera dirigée par J B Depîtres, en tant que capitaine de la garde nationale, et "les citoyens surpris dans les champs seront  pris et amenés à la police municipale". On demande, si possible, constitution de société populaire*, elle est formée par : J. Depîtres, J. B Revert, J. B. Depîtres fils, et M. Depîtres .On voit que les Depîtres sont bien représentés...

* celle-ci doit assurer la bonne application des lois et dénoncer les contre-révolutionnaires, il est donc bien vu d’en constituer une. 

Germinal : On forme un comité de surveillance : sur 40 votants, Louis Colinet obtient 32 voix, J. Lecourbe 27, Jean-Eutrope Bernard 33, J. P. Le Sueur 31, C.Bécu  25, Jacques Depîtres 23, Jean Louis Bisson 24, Jean Baptiste Depîtres 24 nous rencontrons ici de nouveaux noms : est-ce l’entrée en scène d’autres catégories sociales  ?
Une permanence  a lieu à la maison commune de 6 à 7 h du matin
Le citoyen  Leblond, curé constitutionnel , va au bout de ses convictions révolutionnaires : il a remis sa lettre de prêtrise ( donc démissionne) et va prendre les armes,  remettant  ornements, clés et argenteries.

Floréal
Il y a interpellation pour savoir où était le tronc de la « ci-devant confrérie de Saint Martin » : un ancien de la confrérie, répond qu’il n’y en avait pas. Les objets de culte «que le luxe avait introduits dans notre temple » seront portés au magasin du district
On manque de subsistances car le marché n'est pas approvisionné, les cultivateurs doivent donc livrer du blé à la maison commune. 
On réquisitionne : chevaux, charrettes, bâches, cordes, sacs à avoine, peignes, brosses . Les chevaux de halage ne sont pas réquisitionnés. J-B Leclerc et J-L Bisson, qui n'ont chacun qu’un cheval le réclament pour leurs travaux, on arrive à un accord moyennant paiement.

Prairial  
Robespierre tente de remplacer la religion catholique par un nouveau culte : celui de l’ « Être suprême », "assemblée en la ci-devant église dudit lieu, actuellement temple de l'Être suprême, afin d'épurer les autorités constituées. [...] avant de procéder à l’épurement des fonctionnaires publics, le citoyen Dagonnet (c'est l'envoyé du district) a demandé à être apuré lui-même le premier, ce qui s'est fait, il a mérité et obtenu la confiance de tous les citoyens... Il nous a ensuite exhortés fraternellement à adjurer les erreurs dans lesquelles nous avaient portés ces hommes appelés prêtres, il nous a démontré la conduite scandaleuse de ces pieux fainéants qui, accoutumés à s'engraisser à nos dépens, nous imposaient des obligations auxquelles ils ne se sont jamais soumis eux-mêmes…"
Le presbytère et son jardin sont  mis en adjudication. L’affaire rapporte 122 livres 10 sous en assignats, qui serviront à "édifier le local pour l’éducation de la jeunesse"

Messidor  Il faut fournir une voiture à 4 chevaux pour charger des briques à réverbérer à la fonderie de Romilly et les transporter à la fabrique à canons de Breteuil

6 Thermidor : les résultats de l’apurement sont rendus par Dagonnet : il est positif, il n’y a aucun reproche  à faire à la commune  ouf ! 

15 Thermidor :  les cochons doivent être amenés à Pont-de-l'Arche, pour comptage, à 6 h du matin,  (aucune référence à la chute de Robespierre qui a eu lieu le 9 Thermidor)

Fructidor
On réquisitionne  des grains, et des voitures à trois chevaux pour charger 20 quintaux de morue pour le district de Louviers.
Réponse: pour les chevaux et juments : aucun cheval étalon ni jument poulinière n'a la taille requise, sauf chez les Milliard et Revert, "mais ils sont pleins de gale et hors d’âge"
On offre 184 livres pour la perception de la contribution foncière mais personne ne veut s'en charger, la tâche reviendra  donc à la municipalité.

L’an III

La guerre n’est pas finie :


Ventôse « tous les citoyens qui se reposent le ci-devant dimanche ... seront dénoncés à l'opinion publique et requis pour brûler et réduire en cendres les marcs de raisin, poiré et cidre, on récoltera les urines, balayures et toutes sortes d'immondices pour les porter à l'atelier de salpêtre »


La bataille de Wissembourg
La bataille de Wissembourg

Frimaire, 150 livres sont allouées aux parents des défenseurs de la patrie (onze bénéficiaires, donc onze soldats ?) et on apprend que Étienne Dienis est mort aux gorges de Wissembourg. Cette bataille, menée du 26 au 29 décembre 1993 sous le commandement du général Hoche a permis de dégager toute l'Alsace. Son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile.
La liste des questions posées à la municipalité pour s’assurer de son civisme
et les réponses : laconiques !….   non partout