L'école au Manoir au XIXème siècle
Jeanne Foi Julien, première institutrice ?
Dans
les comptes-rendus des réunions de Conseil Municipal, les premières mentions
d'une école remontent au 4 septembre
1836 : Louis Dominique Pascal Bisson, le maire, "conformément à la
loi du 2 avril 1836 qui fait référence en fait à la loi Guizot du 28 juin
1833", demande à l'institutrice, Mademoiselle Jeanne Foi Julien, de lui
présenter en mairie son brevet de capacité, ce qu'elle fait : Brevet de
capacité du second degré délivré le 21 septembre 1828 par le recteur de
l'académie de Rouen. Elle précise qu'elle souhaite continuer à exercer son
enseignement au Manoir, mais on ne trouve nulle part trace de son enseignement,
ni de l'endroit où elle enseignait…
L'enseignement en France
François Guizot |
Dans le système napoléonien, le contrôle de l'enseignement primaire revenait à l'Église catholique. En 1833, la loi Guizot définit l'instruction primaire élémentaire qui comprend instruction morale et religieuse, lecture, écriture, éléments de la langue française, calcul, système légal des poids et mesure et l'instruction primaire supérieure qui comprend des éléments de mathématiques, sciences de la nature, histoire et géographie. Pour exercer la profession d'instituteur primaire il faut un brevet de capacité délivré après un examen et un certificat de moralité.
Cette instruction, réservée aux garçons, n'est ni obligatoire ni gratuite, mais le comité communal a l'obligation de pourvoir à l'enseignement gratuit des enfants pauvres. Chaque commune de plus de 500 habitants est tenue d'entretenir une école primaire et un instituteur.
L'Église garde un rôle prépondérant dans l'enseignement primaire. Publique ou privée, l'école doit assurer l'instruction religieuse, mais, timide notion de laïcité, le père de famille peut laisser son enfant y participer ou non....
Alfred de Falloux |
En 1850, la loi Falloux garantit la liberté de l'enseignement primaire et secondaire (c'est à dire la liberté de l'enseignement confessionnel) et confirme la part prépondérante de l'Église catholique dans le système éducatif, ce qui entretient durablement la querelle entre laïcs et religieux sur la question scolaire.
Victor Duruy |
Avec la loi Duruy (1867) qui prévoit une école de filles pour 500 habitants, l'instruction féminine, dispensée dans les écoles privées ou religieuses va se généraliser.
Premiers pas vers une construction d'école
En
1845, le conseil municipal réuni sous la présidence de Dominique Auguste
Bisson, maire (on reste en famille...), "donne son accord pour
l'acquisition d'un terrain de 13 ares 50 ca, situé prés de l'église et
propriété de M. Depérier pour l’établissement d'une maison d'école". Il
semble que cette délibération soit restée sans suite, car en 1855 le conseil
municipal qui cherche 1000 francs pour réparer le presbytère va en
prélever 300 sur les fonds destinés à l'instruction primaire car « il n'y
a pas d'instituteur ».
Jules Ferry |
En 1859, les enfants scolarisés le sont encore à Pitres. A cette époque, la scolarisation n'est ni obligatoire ni gratuite (il faudra attendre les lois Jules Ferry de 1880 pour la rendre obligatoire jusqu'à 13 ans). Les enfants scolarisés paient directement l'instituteur, mais la commune paie pour la scolarisation des indigents : 6 en 1860, et ce chiffre évolue au fil des années entre 6 et 8, plus de la moitié des enfants provenant souvent d'une même famille ou tout du moins portant le même nom.
Entre 1850 et 1875, aucun instituteur ne figure sur la liste des électeurs de la commune.
IIIème République.: l’école à l’ordre du jour
Extrait
d'une délibération de janvier 1873 (l'Etat
va reverser la somme de 960 francs, payée par la commune en 1871 pour la garde
nationale) : «...considérant que la commune du Manoir ne possède point de
mairie, ni de maison d'école et qu'il y a nécessité de pourvoir à la dépense
pour y parvenir, le conseil est d'avis que la dite somme dont l'Etat doit le remboursement à la commune du Manoir soit destinée et mise en réserve pour être
employée au paiement d'une partie des dépenses qu'occasionnera l'établissement
d'une mairie et maison d'école aussitôt que la commune sera en mesure d'y
procéder...» signé Bisson Dominique, maire.
Nouveau maire, plaidoyer pour l’école
Le
maire élu en 1874, Jean-Baptiste Brunel fils, rompt la dynastie Bisson (la suite montrera qu'il se range dans les
rangs des républicains, les Bisson étant des traditionalistes). Il va prendre des positions déterminées en faveur de
l'école (c'est aussi l'air du temps).
Il commence par rappeler que la commune ne possède ni école, ni mairie et qu'elle paie 80 francs pour la location d'une "maison commune", et que les archives municipales sont stockées chez le maire (qui n'a visiblement pas envie de s'encombrer !) et continue ainsi :
« la commune du Manoir ne possédant
pas d'école, les enfants de cette localité sont obligés de recevoir
l'instruction dans une commune voisine, ce qui n'est pas sans présenter de graves
inconvénients au point de vue matériel et intellectuel de la jeunesse. En
effet, la longueur du chemin à parcourir chaque jour n'étant accessible qu'à un
enfant d'un certain âge, les études commencent tard ; la surveillance des
parents et du maitre ne pouvant s'exercer efficacement, l'assiduité aux classes
et la discipline ont beaucoup à souffrir. L'hiver, et pendant le mauvais temps,
la santé des élèves est souvent compromise. Tout concourt en un mot à rendre
l'instruction des enfants de la commune aussi défectueuse que possible. Les
parents réclament instamment une amélioration à cet état de choses et ils se
plaignent que des communes dont la population n'excède pas celle du Manoir, se
trouvent mieux conditionnées sous le rapport de l'instruction primaire"
Il
enchaîne alors sur des considérations d'intérêt local, puis général... : "Il
y a avantage à un père de famille soucieux de l'avenir des enfants à s'établir
dans une localité pourvue d'établissement d'instruction et il craint que la
diminution de la population de Manoir ne soit causée par l'absence de
l'instruction primaire.
S'il est une question digne de la sollicitude d'un conseil municipal, c'est assurément celle qui est appelée à former des citoyens honnêtes. Comment y parvenir sans une éducation saine et forte, dégagée de tout défaut. Celui-là seul résistera aux idées malsaines et sera le ferme soutien du principe sur lesquels repose la société, qui aura été mis à même de comprendre ce qui est juste et respectable."
...avant d'aborder
les considérations concrètes : "Monsieur le Maire pense que si une
maison d'école était construite, les classes confiées à la direction d'un
instituteur pourraient être fréquentées par 30 à 35 élèves des deux sexes.
L'établissement serait construit de telle sorte qu'une partie servirait de
mairie ce qui éviterait à l'avenir la location d'une salle ayant cette
destination. "
Le conseil municipal le suit entièrement, une discussion s'engage sur l'emplacement que devra occuper l'édifice et il donne mandat au maire pour tenter aux meilleures conditions que possibles, l'acquisition d'un terrain appartenant à M. Milliard Alexandre Delphin.
Ayant
prévu que le conseil "serait unanime à s'associer à ses idées",
le maire sort alors de sa poche un devis, un cahier de charges et un plan qu'il
a fait dresser par M. Villette, architecte à Rouen. Bref, un travail bien
préparé...
Le conseil "tout en regrettant
l'exiguïté des ressources de la commune, ... engage M. le maire à poursuivre
activement cette affaire."
Le devis est de près de 17 000 francs et les fonds disponibles de moins de 2000 francs. On prévoit donc un emprunt de 2583,64 francs, dix ans de centimes additionnels (5693 francs) et on demande au gouvernement une allocation de 5632 francs, 2583 francs pouvant être obtenus par la vente des communaux.
En aout 1876, le dossier relatif à la construction de la mairie-école est complètement approuvé par l'administration supérieure, et il y a lieu de passer à l'adjudication des travaux (en novembre, on voit que les 80 francs de loyer pour la mairie sont payés à Diénis, chef de gare à Tourville).
On reçoit en 1877 une subvention de 2000 francs pour la mairie-école et on procède à l'installation d'un instituteur public de quatrième classe, Ostwald Levavasseur (qui sera ensuite instituteur à Pîtres)
Ce plan, établi en 1921 pour une deuxième tranche des travaux, montre l'état de la mairie-école en 1877 |
La nouvelle mairie-école
Le 7 novembre 1877, le conseil
municipal est réuni pour la première fois dans la salle de la nouvelle mairie,
sous la présidence de Brunel fils, maire. On voit ensuite se mettre en place
petit à petit des mesures qui montrent que l'école fait maintenant partie des
préoccupations de la commune : en 1879, on prend un abonnement au moniteur
officiel de l'instruction publique du département de l'Eure, puis on prévoit
d'investir dans une bibliothèque scolaire. En 1882, on forme une commission
municipale dont le but est de « surveiller et encourager la fréquentation
des écoles ».
La législation mise en place par la République pousse dans ce sens : les lois Jules Ferry (1880-1882) instituent l'instruction élémentaire obligatoire pour tous jusqu'à l'âge de 13 ans, la gratuité et la laïcité de l'enseignement public (mais sans interdire l'enseignement dit libre, fortement défendu par l'Église). Elles instituent aussi un traitement d'État, la retraite et un statut officiel pour le personnel enseignant.
Camille Sée |
La loi Camille Sée de 1880 ouvre l'enseignement secondaire aux jeunes filles, ce qui incitera à davantage scolariser les filles dans le primaire, mais les inégalités restent fortes : ainsi en 1883, l'école devenue mixte, le conseil municipal décide de porter le traitement de l'instituteur à 1000 francs et celui de la maitresse « de travaux à l'aiguille» à 60 francs.
En 1884, l'emprunt contracté en 1875 arrive à son terme, mais il est décidé de prolonger de 4 ans les taxes et centimes additionnels pour "terminer les travaux commencés en 1875 et restés imparfaits dans leur ensemble."
Le premier septembre 1884, Ferdinand Edouard Barat est nommé instituteur titulaire. Son traitement est porté à 1200 francs et celui de la maitresse de couture à 100 francs et une délibération accorde 30 francs pour paiement de la moitié des frais de chauffage de l'instituteur.
Fin des travaux, investissement et modernisation
En aout 1885 a lieu la réception des travaux exécutés par Alfred Depître, entrepreneur à Léry, à qui l'on paie le reste dû....(bien longtemps après !)
En septembre on prévoit l'achat d'arbres fruitiers à planter dans le jardin de l'école.
- 54 francs sont attribués à Mr Frétigny
de Pitres pour fourniture de charbon pour chauffage de la classe en 1883/1884
- 56,50 francs pour réparation et
fourniture de tuyaux de poêle pour l'école par Mr Ferrandier de Pont de
l'Arche, pour fourniture à l'école « d'une méthode d'enseignement »,
de stores pour fenêtres et arbres fruitiers pour le jardin.
- 15 francs pour l'achat d'une série de
tableaux d'histoire de France.
- subvention de 1000 francs accordée pour
la maison d'école en 1886.
- en 1887, vote d'une attribution
supplémentaire de 1000 francs pour réparation de la mairie-école.
- en 1890, vote d'un crédit supplémentaire
de 0,17 franc pour nourriture des enfants assistés et - abonnement au moniteur
de l'instruction publique de l'Eure (0,50 franc) et au journal des instituteurs
(6,50 francs)
- un balai pour l'école (1,10 franc c'est
utile !)
- une complémentaire assurance incendie
des biens communs (1,20 franc)
Firmin Bouisset, 1893 |
Intermède,
qui annonce la société de consommation : en 1896 une
boîte de chocolats est offerte par les Etablissements Menier à Noisiel pour le musée scolaire : la "réclame" commence, ici en
direction des enfants...
Annexe
Nous sommes à la fin du siècle, Le Manoir
a sa mairie-école, et la IIIème République, maintenant bien
installée, va lutter pour la laïcité, comme le montrent ces courriers trouvés
aux Archives départementales de l'Eure.
Le contexte :
Depuis 1884, à
Brunel, républicain avéré, ont succédé deux Bisson, puis Alexandre Milliard,
considéré comme réactionnaire. Le conflit maire/instituteur éclate, épisode
classique de la lutte entre cléricaux et républicains.
Courrier en date de mars 1907
L'Inspecteur primaire de Louviers à
Monsieur l'Inspecteur d'Académie de l’Eure
J'ai
l'honneur de vous retourner la plainte ci-jointe d'un certain nombre de pères
de famille de la commune du Manoir contre M. Plessier, instituteur de ladite
commune.
Deux griefs sont formulés : premièrement
l'instituteur n'apprend rien aux enfants, deuxièmement il a renvoyé de l'école
la jeune Cherville.
J'ai inspecté le 22 mars au courant l'école du Manoir. Je suis obligé de reconnaître qu'elle est des plus médiocres. L'organisation de la classe, aussi bien que les procédés employés, laissent fort à désirer. Mais la faiblesse des résultats est telle que les défauts de l'enseignement me paraissent insuffisants pour les expliquer : il y a de la part de l'instituteur beaucoup de négligence.
M. Plessier allègue la mauvaise fréquentation. Celle-ci est en effet très irrégulière. Le nombre des absences indiquées par l'instituteur dans sa lettre du 15 mars, annexée au présent rapport, est conforme aux relevés du registre d'appel. Pour les enfants dont les parents sont signataires de la plainte, la moyenne des absences et de 63,9 pour l'année scolaire en cours. Ces enfants perdent ainsi environ une classe sur quatre. Comment pourraient-il faire de sérieux progrès ?
Bien que l’instituteur soit des plus ordinaires
et son zèle peu ardent, j'estime que les parents, en n'envoyant pas leurs
enfants à l'école avec assiduité sont les premiers coupables.
J'ai profité de mon passage au Manoir pour
voir le maire. Je lui ai demandé s'il avait à se plaindre de l'instituteur au
sujet de son service ou de sa tenue. M. le maire m'a déclaré que
personnellement il n'avait rien à reprocher à M. Plessier, mais que plusieurs
familles étaient très mécontentes de ce fonctionnaire et demandaient son
déplacement. Je lui ai répondu que j'étais en effet porteur de la plainte
adressée à Monsieur l'Inspecteur d'Académie et que je désirais interroger M. ou
Mme Cherville au sujet du prétendu renvoi de leur enfant.
Peu de temps après cette entrevue Mme Cherville se présentait à l'école, accompagnée de sa fille et d'une autre mère de famille, Mme Leprieur. Mme Cherville se plaint de ce que M. Plessier a renvoyé de l'école sa petite-fille. L'instituteur explique que, samedi 26 février dernier, la petite Cherville fut punie de retenue pour avoir refusé de faire son analyse. Or pendant la retenue, cette écolière, toujours indisciplinée, aurait été particulièrement inconvenante. Pour échapper à une nouvelle punition nécessitée par sa mauvaise conduite, elle se serait enfuie de l'école et n'y aurait plus reparu. La jeune Cherville prétend avoir été renvoyée et la mère naturellement appuyait les dires de l'enfant. Mme Leprieur soutient, contre toute évidence, que son fils Arthur a été renvoyé de l'école le 8 mars courant.
J'ai cru devoir faire observer à ces deux mères de famille qu'un simple malentendu existait entre elles et l’instituteur, qu'elle n’avaient, en conséquence qu’à renvoyer leurs enfants à l'école et que de cette façon l'incident serait clos. Mais elle m’ont aussitôt répondu avec de grands cris et des gestes indignés que jamais leurs enfants ne retourneraient en classe auprès de M. Plessier, qu'elles les enverraient à Poses ou dans quelque autre commune. J'ai pu juger par là que ce qui les préoccupait était moins de donner de l'instruction à leurs enfants que de nuire à l'instituteur. Il y a en effet, dans cette affaire, un côté politique. M. le maire du Manoir, réactionnaire avéré, bien qu'il se tienne prudemment dans la coulisse, est, je crois l'instigateur de la dénonciation. L'auteur de la plainte le dit suffisamment : « Monsieur le maire nous a fait la réponse qu'il ne s'occuperait de rien sans que nous autres pères de famille ne portions plainte. »
L'instituteur, quoiqu'aux dépens de sa tâche principale, donne des soirées récréatives très bien accueillies par les amis de l'école. Il s'occupe surtout d'une société de tir fondée par lui, en 1903, et qui compte actuellement 108 tireurs et 25 membres honoraires. La société admet les jeunes gens à partir de 16 ans et est pour eux une école de patriotisme, de républicanisme. Cela suffit pour expliquer la haine d'une partie de la population contre M. Plessier. Au contraire, tous les républicains du canton de Pont de l'Arche et en particulier M. Brunel, ancien maire, et M. Delamare, secrétaire de la délégation cantonale, sont convaincus que l'instituteur du Manoir est victime des cléricaux de sa commune.
Les
sociétés de tir
Une
analyse courante de la défaite de 1870 voulait que la victoire de l’Allemagne
soit due à une meilleure préparation scolaire, et Jules Ferry déclarait :
« L’instituteur prussien a fait la victoire de sa
patrie, l’instituteur de la République préparera la revanche ».
Ministre
de l'Instruction publique et des cultes, Paul Bert, libre-penseur, positiviste, et fervent
anticlérical déclarait dans un discours aux instituteurs en 1881 :
« Nous voulons pour l’école des fusils ; oui, le fusil, le petit
fusil, que l’enfant apprendra à manier dès l’école, …car ce petit enfant,
souvenez-vous-en, c’est le citoyen de l’avenir ; et dans tout citoyen, il
doit y avoir un soldat, et un soldat toujours prêt. »
Les
sociétés de tir prolongent cet engagement républicain et militaire.
Certes il est d'usage courant que les
mauvais instituteurs se donnent volontiers comme persécutés par la réaction, et
M. Plessis n'y manque pas. Toutefois la déplorable fréquentation des enfants du
Manoir et la mauvaise foi avec laquelle on l'accuse d'avoir renvoyé deux élèves
doivent nous disposer à l'indulgence. D'ailleurs je n'ai pas caché à M.
Plessier que son travail était insuffisant et que l'administration ne saurait
le maintenir au Manoir s'il n'obtenait des résultats meilleurs. Il m'a promis
de faire des efforts. Enfin les personnes qui sont intervenues auprès de nous
en sa faveur méritent toute confiance. Dans ces conditions, j'estime qu'il y a
lieu de classer l'affaire.
Dans
sa réponse, l'instituteur montre que ce
sont tous les parents qui n'envoient pas ou peu leur enfants à l'école qui se
plaignent de lui (mais cela paraît logique…), et enchaîne :
"Les pétitionnaires émettent cette
idée que j'ai une haine profonde pour qui n'est pas de mon opinion. Il m'est
très facile d'expliquer cette phrase. Lorsque je suis arrivé au Manoir il y a
six ans, j'ai supprimé la prière et j'ai enlevé le christ de l'école, ce qui
m’a mis certains parents à dos, entre autres le maire réactionnaire qui m'a
retiré ses enfants pour les mettre au couvent. De plus ma conduite, mon
enseignement, ouvertement républicain, les cours d'adultes, mes soirées
récréatives, ma société de tir très florissante me procurent l'occasion
d'enseigner là une morale toute républicaine qui déplaît très sûrement à ces
personnes et met en échec leurs opinions jésuitiques."
En 1912, on le retrouve, toujours "hussard noir de la République", en butte aux mêmes problèmes à Gaillardbois, avec des parents d'élèves qui d'après lui sont dirigés en sous-main par le châtelain voisin, Monsieur de la Potterie.