4 janvier 2025

La Fondation du Patrimoine

La Fondation du Patrimoine

La Fondation du Patrimoine

 

Elle a été créée par une loi en 1996. Sa vocation première est de sauvegarder le patrimoine local, non protégé ou en péril, en particulier le patrimoine vernaculaire qui fait le charme de nos campagnes : granges, manoirs, églises, châteaux, lavoirs, chaumières, milieux naturels et biodiversité… Elle propose son aide aussi bien aux particuliers qu'aux collectivités.


L'aide aux propriétaires privés est réalisée par le dispositif de la Fondation du patrimoine, il reçoit une petite subvention, mais, surtout, il peut retirer de sa déclaration d'impôts 50% du montant global de ses travaux. Ce taux atteint 100% dans l'Agglo Seine-Eure avec laquelle la Fondation a signé une convention de partenariat. Pour obtenir un label, le propriétaire doit déposer un dossier qui est examiné en comité puis validé (ou non) par l'architecte des Bâtiments de France.

Les biens labellisables doivent répondre à 3 critères principaux :

- être visibles d'une voie publique (rue, route, voie ferrée, GR, voie d'eau).

- présenter un intérêt patrimonial (ancienneté, qualité de la construction, utilisation de matériaux anciens)

- faire l'objet d'une restauration dans le respect des matériaux et des volumes.

La Fondation du Patrimoine - Le clocher de Connelles
Le clocher de Connelles

Pour les collectivités (communes ou associations), la Fondation intervient de 2 façons:

- en organisant une collecte de dons, forme de mécénat populaire qui s'adresse aux particuliers et aux entreprises. On peut faire un don par chèque ou en ligne, et tous les dons sont déductibles des impôts.

- en abondant, si la collecte est réussie, par une subvention directe, une sorte de prime d'encouragement, que la Fondation prend sur ses fonds propres.

 

Les fonds nationaux

Certains dossiers, publics ou privés, peuvent être présentés par la Fondation à ses grands mécènes nationaux : AG2R, la Mondiale, Métiers d'art, Total Energie, Airbnb, Fonds Région, SMABTP, Patrimoine Roman, Impact, Motul, Francesylva, Primagaz... La Fondation est aussi la cheville ouvrière de la Mission Patrimoine, appelée encore Mission Bern. Enfin, des restaurations sont soutenues par le Club de Mécènes 276 qui rassemble une quinzaine d'entreprises haut normandes.

La Fondation du Patrimoine - Le baillage de Pont-de-l'Arche
Le baillage de Pont-de-l'Arche

Par son action, la Fondation permet de sauvegarder le patrimoine pour le transmettre aux générations futures, et contribue au développement de l'économie locale en maintenant et en créant des emplois sur place, notamment dans les BTP et le tourisme. Elle favorise aussi la transmission des savoir-faire par le biais des artisans locaux. Enfin, elle permet l'accès à la culture au plus grand nombre en encourageant les propriétaires privés à ouvrir leurs demeures et en aidant à réhabiliter des bâtiments dont la vocation a changé.


La Fondation du Patrimoine - Le Carré Saint Cyr
Le Carré Saint Cyr

L'exemple typique est celui de l'église Saint Cyr du Vaudreuil, désacralisée, qui, une fois restaurée, est devenue un centre d'exposition associé à un centre des métiers d'art avec lequel elle constitue aujourd'hui le Carré Saint Cyr.

 

Yvette Petit-Decroix
Déléguée départementale de la Fondation du patrimoine

Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard

Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard – carrefour de la rue des moulins et de la rue du bosc

Beaucoup connaissent déjà cette vue du carrefour de la rue des moulins et de la rue du bosc, mais qui sait encore que l'entreprise Boulard qui se trouve derrière cette façade a employé jusqu'à 50 personnes à Pîtres ?



Les abattoirs de Pîtres
Société Boulard

 

Les origines

Armand Boulard épouse Maria Halley avant la guerre de 39-45, et Gaston, leur fils, épouse après la guerre Georgette Téaubon, pour gérer cette entreprise. En 1952, M. et Mme prennent la succession de la boucherie-charcuterie, uniquement le magasin. L'abattoir, créé en petit comité, comptait dans les années 1970 de 30 à 50 membres du personnel

Au bureau Michelle, Agnès, Sylvie, Françoise, Martine, Marie, Christine, Michelle Delamarre, madame Leclerc, Martine Quenneville, Christine Manifel, Agnès, Martine Legon, Christine, Françoise Fréret, Edith Cheval.

Chez les bouchers, à l’abattage et à la préparation Claude, Jean, Daniel, Bernard, Jean-Claude, Gérard, Jean-Jacques, Jean-Pierre, et les multiservices, Tasir, Dédé, Yvon et son frère Roger, et à l'entretien Claude, René, Robert, Alain, Gianni et Jean-Paul.

On peut aussi bien sûr ajouter le vétérinaire et les deux rabbins chargés du rituel pour la viande casher.

Les chauffeurs forment un groupe important : Henri, Gino, Nounours, Jean-Guillaine, Jean-Pierre, Jacques et Robert. C’était Gaston (le patron) qui payait les permis.

Les bouchers sont la cheville ouvrière : Claude Lallemand et son frère Jean, Daniel, un autre Jean, assez fort, Jean-Claude, Gérard.

Leurs aides : André, Loulou, Raymond, Aubry du Calvados.

Les mécanos, sans qui les camions seraient souvent à l’arrêt : Claudio, René, Jean-Paul et Gianni. Les véhicules sont nombreux et demandent beaucoup de personnel. Ce que l'on transporte, que ce soit mort ou vivant, supporte difficilement les retards prolongés, il faut donc que le matériel, même d'occasion, reste fiable.

Pour le bétail, un semi-remorque Berliet TLR, un Mercédès 240, qui peine sur l'autoroute, un semi-remorque à un seul essieu, le camion-benne Unic, et les bétaillères GLR, Strader 10, et J7. En tout donc sept véhicules de transport de bêtes vivantes.

Après l’abattage, il y a les frigos roulants : le Stradair de Gino, le GBK d’Henri, et le HY Citroën. Le G3 benne de Raoul emporte le suif à Mesnil-Esnard et le cuir aux tanneries de Louviers.

A cela s’ajoutent les voitures, une Opel jaune, une R5 bleue, et l’Estafette pour les cochons, et un tracteur agricole pour tirer la tonne à sang.

On peut ajouter un camion frigo statique, non roulant, pour conserver l’arrière des bêtes pendant la semaine.

 

Le fonctionnement de l'abattoir

La journée commence d’ordinaire par un café chez Gaétan, et à l’arrivée à six heures, le ballet du chargement des camions commence, avec Gaston Boulard, le patron, à la manœuvre.

Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard - L’arrière-cour
L’arrière-cour

Les bacs, avec les morceaux et les plombs attestant de la qualité de la viande sont là. On charge, les gars, portant leur pièce de viande qui vient d’être décrochée — c'est lourd, parfois près de cent kilos - montent la rampe qui mène dans le camion frigo d'un pas assuré. Trois bonnes heures seront nécessaires au chargement, et à 9h c’est le casse-croûte à côté de l'atelier en bas. C’est Pierrot qui fournit le casse-croûte, la viande, c'est l'abattoir (steak).

Les abattoirs de Pîtres
Deux belles bêtes primées

A 9h30, et les camions partent et la tuerie commence, dans l'odeur spécifique de viande et de sang.

Les bêtes récemment livrées s'ajoutent à celles qui sont remontées à pied sur la route des étables vers l'abattoir. Elles sont lentes... On les pousse dans le couloir. Les rabbins sacrificateurs sont arrivés de Paris, le rituel commence.

La première est retournée par treuil, la tête en arrière. Le rabbin jette un peu d'eau et tranche la gorge en récitant des mots incompréhensibles. La bête râle et meurt. Elle est reprise au treuil et part vers la découpe de la peau, qui est faite avec soin, et l'éviscération. Les abats sont enlevés : cœur, foie, poumon, suivant le rituel casher. Le vétérinaire inspecte alors tout et si les rabbins ont posé les plombs, la bête est considérée comme casher.

Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard - De la bête sur pied…..
De la bête sur pied…..
Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard - … à la carcasse
… à la carcasse

Une journée en 1972.

7h45. J'arrive. Ouverture des portes de l'atelier. Entretien complet du SG 3 benne : préparation mine, éclairage, vidanges, etc.

 A 10h30, le téléphone sonne : « Viens vite ! L'abattoir est bloqué... »

J’accours avec la caisse à outils. Plus de courant, et la tuerie qui a commencé…. Les gars me renseignent : « là-bas, au pied du treuil, on a vu des étincelles… »

Je patauge dans les morceaux de fils coupés, pas rassuré du tout ! Je raccroche avec des dominos et ça marche… Je récupère ma caisse, mes outils, et je quitte les lieux, avec les yeux des vaches qui me poursuivent. C’est à 18h que la journée se termine. Dur, dur...

Notre travail, à nous les mécanos, ce sont les véhicules, qui souffrent beaucoup, et l’entretien de toutes les installations : soudure, peinture, mécanique et électricité.

La remise en état des véhicules d'occasion y prend une grande place. Soudures, peinture, rouge garance pour le bas et jaune paille pour le haut. Contrôle de l’éclairage tous les matins, niveaux d’huile, freins... Pas le droit à la panne, mais ça peut quand même arriver…

 

Ah! Les rats ! ... Toujours ouvrir les boîtes électriques, toujours, ... pour faire fuir les rats.

GL

Ensuite, elle est coupée en deux, puis l'avant est séparé au niveau de la treizième côte, tamponné et plombé sous contrôle du vétérinaire et part en direction des boucheries casher. L’arrière étant considéré comme impropre pour la religion juive part en Allemagne en camion frigo.

Pour le nettoyage, les tripes sont plongées dans l'eau de grandes cuves

Pour la viande traditionnelle, on utilise le matador dans cette procédure, la bête est assommée, et le découpage normal est identique, sans mise de côté de l’arrière. 

La viande part en direction des boucheries régionales et de la grande distribution. L'abattoir fournit deux boucheries à Rouen, une à Louviers et des restaurateurs.

Pour un petit abattoir, la production est importante : une moyenne de 40 à 50 bêtes est tuée par semaine, en fonction des commandes des boucheries, du mardi au vendredi.

Les abattoirs de Pîtres - Société Boulard - Pîtres, années 1970...
Pîtres, années 1970

et au Louvre, un Rembrandt de 1655 ...

Quelques anecdotes

 

La cabane à Gaston (c’est le patron), qui lui servait de bureau afin de contrôler le transport des carcasses : elle a été peinte assez rapidement, la peinture n'a pas eu le temps de sécher et elle a été livrée avec la paille du camion collée sur la peinture, ce qui donne l'impression qu'il s'agit d'un camouflage… On repeint aussi les meubles, et tout va bien durant l'été, mais dès qu'on allume le poêle, les mélanges n’étant pas au point, les meubles, supposés pourtant être d'un beau jaune se mettent à virer au noir...

La partie déclassée est livrée pour être transformée chez Olida pour les animaux.

Ce qui peut paraître paradoxal dans un environnement casher, une activité parallèle a été créée : une porcherie. Les cochons sont nourris par les déchets de l'abattoir et des bananes récupérées sur le port de Rouen, un bel exemple de non gaspillage (serait-ce encore possible aujourd’hui, quand, pour des raisons d’hygiène, il est même interdit de nourrir des porcs avec les déchets des cantines scolaires ?).

Le vendredi, ou bien c'est un camion de la maison qui part livrer vers l'Allemagne, avec un chauffeur qui n’oublie pas de prévoir sa couverture sur les genoux en hiver pour ne pas trop se geler et de frotter des oignons sur le pare-brise pour éviter le givre, ou bien ce sont les Allemands qui viennent prendre livraison des arrières à Pîtres. Les cuirs, eux, partent pour Cherbourg en fin de semaine.

 

Sources

- souvenirs personnels et enquête auprès des anciens de l'abattoir

- internet pour le tableau de Rembrandt,

 

Edith Lallemand,
Gianni Lefebvre

Entente Cycliste du Manoir, une longue histoire

Entente Cycliste du Manoir

Entente Cycliste du Manoir
une longue histoire

Bref historique

En 1935, les vicissitudes du Club cycliste des Andelys amènent Adrien Fromager et René Delamare à créer le Vélo Club Andellois à Romilly. Après une interruption due aux années de guerre, le club reprend son activité.

En 1953 il est dissous et quelques coureurs du club, dont Adrien Fromager, René Vigor, Paul Chéron, René Delamarre, Gilbert Bonnetier, auxquels s'associent avec le maire du Manoir, Albert Becquart, et le directeur de Pompey, futur Manoir Industries, Henri de Costier, fondent l'Entente Cycliste du Manoir.

En 1963, les coureurs se rallient à l'association des cheminots de Rouen, un club plus important, qui paie les pleins de carburant pour les déplacements et fournit des maillots.

Le club est finalement dissous au début des années 2000 par manque de volonté de continuer, peut-être parce que le vélo attire moins les jeunes que le football.


Un club de champions

Le club recrute sur la basse vallée de l'Andelle, et jusqu'à Louviers. Les "mousquetaires" de l’ECM écument les courses de la région, sur toute la Normandie, et il n’est pas rare de trouver trois coureurs de l’ ECM dans les cinq premiers d'une course. L'effectif compte également de bons coureurs de première catégorie comme Michel Breemersch, finaliste du Maillot des jeunes en 1957 et souvent classé dans les régionales du Maillot, ou René Baudard, vainqueur d'une régionale en 1959, ainsi que Jacques Fromager. En 1967, l’Entente gagne le championnat de Normandie des sociétés.


Coureurs et bénévoles

Derrière ces succès, il y a un groupe de coureurs qui s’entraident et de bénévoles, très importants pour le développement du club, qui peut compter ainsi en tout jusqu'à 75 personnes.

Les coureurs sont essentiellement des garçons non mariés, d'environ 16 à 25 ans, qui non seulement s'entraînent régulièrement, au moins deux fois la semaine en plus des courses, mais contribuent à l'entraînement des moins de 16 ans, les minimes.

Entente Cycliste du Manoir – Réunis chez la secrétaire du club, on s’amuse de voir son patron, M. Brugeot, rappeler à René Baudart ses devoirs de menuisier en lui confiant son double-mètre….
Réunis chez la secrétaire du club, on s’amuse de voir son patron, M. Brugeot, rappeler à René Baudart ses devoirs de menuisier en lui confiant son double-mètre….

Les non coureurs forment une équipe, rouage essentiel pour assurer les déplacements, l’organisation des rencontres, la trésorerie, et des activités sociales comme le bal et les repas. Il arrive encore au début qu’un coureur se rende à vélo sur le lieu de départ de la course, petite mise en jambes... mais de plus en plus, des déplacements motorisés sont organisés, souvent dans une camionnette réellement surchargée, prêtée par l’usine du Manoir, puisque le club court dans toute la Normandie, et que des finales ou demi-finales ont lieu à Yvetot, Pont-Audemer et même Cherbourg.

Entente Cycliste du Manoir

Entente Cycliste du Manoir - Les coureurs devant le café
Les coureurs devant le café
A l'entraînement

Les entraînements, raconte René Baudart, se faisaient sur des distances de 50 à 60 km, et encore avec un pignon fixe au début, ce qui oblige à pédaler constamment, y compris dans les descentes, ce qui est excellent pour la souplesse des jambes... C'était souvent une vingtaine de membres, de 16 à 30 ans, qui se retrouvaient pendant au moins deux heures le dimanche matin, à tourner autour du Manoir et de Pîtres, avec plusieurs montées et descentes de la côte du Taillis ou de celle d'Amfreville et de la Neuville, et ce à longueur d'année si l’on excepte les quelques mois d’hiver. Enfin, une tradition était de faire courir ensemble un dirigeant du club et un coureur.

Entente Cycliste du Manoir - Passage à Pîtres lors d'une course vers 1990
Passage à Pîtres lors d'une course vers 1990

Pompez ici, meilleur qu'en face

Le café du Manoir qui se trouvait en face de la Seine était le quartier général de l’Entente, avec un slogan qui faisait allusion à la proximité de l’usine et du fleuve : " Pompey ici, meilleur qu'en face ! "

Les aciéries n'étaient pas officiellement sponsors, mais prêtaient largement véhicules et locaux, et quand le club se trouva officiellement un sponsor, ce furent les cafés Titane.

Les maillots du club, jaune et noir, sont de laine tricotée.


La course

Les courses se font souvent lors des fêtes de village, pour lesquelles elles représentent alors le clou du spectacle, à Pont de l’Arche, à Pîtres, etc.

René Baudard développe quelques aspects techniques concernant les courses, parle en connaisseur des braquets, de la bonne façon de pédaler, de l’importance de prendre des leçons de l'adversaire. Il a roulé une fois avec Jacques Anquetil et en a retenu son obstination. Son ami Jean-Pierre Levacher, qui fut responsable du club de 1986 à 2000 raconte aussi les problèmes d'organisation. Il se souvient particulièrement d'une autorisation de la Préfecture qui n'était toujours pas arrivée la veille d'une course importante et pour laquelle durent d'intervenir en urgence les maires du Manoir, de Pont de l’Arche, d’Alizay, et même le député François Loncle, pour qu’au dernier moment cette autorisation dont la demande avait pourtant été faite en temps et en heure parvienne à être tamponnée dans un bureau de la Préfecture... ré-ouvert tout spécialement.

Aujourd'hui, à près de quatre-vingts ans, René Baudard continue à avaler les kilomètres avec sa femme, en cyclotouriste, ne parcourant pas plus de 50 ou 60 km par jour, mais dépassant le millier de kilomètres par an.

Il faudra attendre les années 80 pour voir arriver des coureuses.

Entente Cycliste du Manoir - Carte postale d'époque, pas du tout correcte !
Carte postale d'époque, pas du tout correcte !

Un peu de mécanique…

Les vélos de 1953 ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui. Ils pèsent environ 10 à 11 kilos alors qu'aujourd'hui c’est plutôt 8 kilos et même 6 kilos et demi en course professionnelle. Les casques sont encore des casques à boudins, et ils restent facultatifs. Le coureur se promène avec ses bidons sur le cadre, les pieds attachés aux pédales par des courroies.


... de stratégie…

Les techniques de course sont restées assez semblables : on s'entraîne en peloton jusqu'au moment où on laisse passer devant le champion pour qu'il gagne.


... et de chimie !

Le dopage de l'époque, c'est éventuellement, un œuf secoué dans de la Pelforth ou du café dans le bidon. Au pire, on assiste à des abus de Synthol liquide.


Sponsors

En plus de l'aide des aciéries, que nous avons évoquée, l'équipe du Manoir était aussi sponsorisée par Motoconfort, ce qui voulait seulement dire qu'elle pouvait acheter des vélos à moitié prix, obtenir des maillots de course gratuits, et parfois des primes.

Entente Cycliste du Manoir - René Baudart et un des frères Blomme, à l'arrivée devant le café du Manoir
René Baudart et un des frères Blomme, à l'arrivée devant le café du Manoir

 

Quelques noms ...

Les présidents du club

Albert Becquart maire 1953-59

Redon 1966-73

Delaplace 1978

Hanryon 1979-84

Churin 1985-87

Levacher 1988-93

Burel 1994

Janine Levacher 1995-2000

Artaud 2001-2003

et les coureurs : Vigor, Baudaurd, les frères Blomme, Fromager, Churin, Griffon, Mony, Artaud, Da Silva, Breemerch, Chassy…

 

Entente Cycliste du Manoir - René Baudart et son petit frère Gilbert, à l'arrivée du Prix de la Sica. A l'époque, les filles sont plutôt à l'arrivée, mais le cyclisme féminin va commencer à se développer! *
René Baudart et son petit frère Gilbert, à l'arrivée du Prix de la Sica. A l'époque, les filles sont plutôt à l'arrivée, mais le cyclisme féminin va commencer à se développer! *

* notons que dès le départ, fin XIXème siècle, on (les hommes …) considéra que le vélo n'était pas pour les femmes, parce qu'il pouvait déranger leurs organes reproducteurs, et même leur apporter un plaisir tout à fait malsain. (moralement…)

Le vélo permit pourtant aux femmes d'avoir le droit de porter, au sens propre, le pantalon, pour le pratiquer : en effet avant 2013, descendue de sa bicyclette, une femme n'avait théoriquement pas le droit, depuis une loi datant de 1800, d'être en pantalon ! (soyons juste, cela lui était aussi permis si elle tenait les rênes d'un cheval...)

 

Entente Cycliste du Manoir - En 1959, l'ECM est engagé dans ce criterium national, où René Baudart court les 45 km contre la montre
En 1959, l'ECM est engagé dans ce criterium national, où René Baudart court les 45 km contre la montre

1959 Paris-Normandie s'enthousiasme pour l'ECM et son jeune champion ! 

[…] M. Vente, de Pitres, qui avait massé autrefois les joueurs du Sotteville Football Club, s'offrit à donner ses soins aux coureurs tout en assurant le secrétariat. Dès lors, l'Entente Cycliste du Manoir, bien administrée et bien équipée, pouvait aller de l'avant. L'ambiance était à ce point agréable que la fille de Vente elle-même, Mme Yvette Heuzé, rapidement séduite par les courses qu'elle découvrait, se laissa prendre au jeu, au point d'ailleurs qu'elle est maintenant la secrétaire du club, au lieu et place de M. Vente. Avec 26 licenciés, ce dernier, qui veut tout de même goûter aux douceurs d'une retraite bien gagnée, ne pouvait plus suffire. [….]

En raison de l'esprit d'entraide qui le caractérise et de l'atmosphère cordiale qui y règne, l'Entente Cycliste du Manoir a attiré une majorité de jeunes sur lesquels elle exerce une influence bienfaisante et pas seulement en matière technique, qui relève exclusivement de l'attention de M. Adrien Fromager, l'homme de base, sans lequel la société n'aurait pu s'épanouir aussi rapidement au point d'avoir amené au tous premiers rangs du Maillot des jeunes de Paris-Normandie René Baudard, qui faisant du vélo pour s'amuser, se sentit attiré par l'ECM. Sa progression régulière prouve, en dehors de ses dons naturels, la valeur et l'utilité des conseils qui lui furent prodigués depuis ses débuts.

Pierre Lardière Paris-Normandie 

Entente Cycliste du Manoir - Vernon, le maillot des jeunes en 1958
Vernon, le maillot des jeunes en 1958

René Baudard, retour de l'entraînement, et son père, retour du travail, se sont rejoints pour regagner le toit familial. A bicyclette, le fils est capable de tenir tête au cyclomoteur de papa !

Entente Cycliste du Manoir

 

Une loi de 1893 instaure une taxe annuelle pour la possession d’un " vélocipède ou appareil analogue".


Les possesseurs devaient s'enregistrer dans leur commune et recevaient une plaque, remplacée à partir de 1943 par un timbre fiscal, et les coureurs n'étaient pas exemptés. Cet impôt est supprimé en 1958.

 

Sources

 -archives personnelles des auteurs

 -Paris-Normandie

 

 René Baudart
 Jean-Pierre Levacher

Les cinq ponts du Manoir

Les cinq ponts du Manoir

Les cinq ponts du Manoir

Cet article doit tout à une brochure réalisée par l'Amicale des retraités des chemins de fer de Pont-de-l'Arche, Saint-Pierre-du-Vauvray et Louviers, signée de René Avril, qui en une soixantaine de pages retrace avec des données techniques très précises la construction de ce pont, ses remaniements, ses destructions et reconstructions successives, le tout accompagné de nombreuses illustrations.

L'association expose depuis 2001 à Igoville le Mini-réseau, visible les mercredis et samedis non fériés.

 

La ligne Paris-Rouen

L'histoire du pont du Manoir, c'est d'abord celle du chemin de fer de Paris à la mer, Le Havre ou Dieppe, dont le premier tronçon jusqu'à Rouen est concédé en 1840 à une compagnie à majorité anglaise, dont le personnel est lui-même britannique. Cette Compagnie du chemin de fer de Paris à Rouen, qui doit s'embrancher sur la ligne Paris-Saint-Germain doit, dans son cahier des charges, traverser la Seine avant son confluent avec l'Eure, suivre la rive droite, franchir le col de Tourville en tranchée ou souterrain, retraverser la Seine à Oissel pour arriver à Saint-Sever, gare rive gauche de Rouen.

Les cinq ponts du Manoir

 

Le premier pont

Il est construit en 1842, sur cinq piles de pierre fondées sur du béton. Les six travées, d'environ 30 m chacune, sont en bois, constituées par de grands arcs en sapin de Memel. Ce modèle servira au pont d’Oissel et au pont d’Eauplet.

Le pont est construit dans les délais prévus, malgré quelques incidents opposant le personnel et les entrepreneurs anglais.

 

Inauguration de la ligne

Le 3 mai 1843 a lieu le voyage inaugural, attendu en grande pompe à Rouen Saint-Sever, qui transportait les ducs de Nemours et Montpensier, représentant Louis-Philippe, qui venaient d'inaugurer la veille la ligne Paris-Orléans.

Les cinq ponts du Manoir

 

La rançon du succès

La ligne étant des plus rentables, l'augmentation du nombre de trains, de leur poids et de leur vitesse font que l'on doit envisager de remplacer le bois par du métal, et ce d'autant plus qu'en février 1848, dans l'ardeur de la révolution, deux arches du pont ont été incendiées, comme à Oissel et au pont d’Eauplet.

On commence donc à remplacer les arcs en bois par de la fonte, mais quelques mois après les travaux on constate que les tympans de fonte présentent des fissures. En effet, quand un train s'engage sur une arche, il produit une déformation, proportionnelle à la vitesse, qui entraîne de grands efforts de torsion, surtout quand deux trains se croisent.

 

Deuxième pont

On finit donc par décider du remplacement intégral des arcs de fonte par des arcs de tôles, qui ne sont pas sujets à la fissuration, mais on s'aperçoit très vite que la mise en œuvre de cette modification n'était pas possible sans atteindre gravement l'équilibre des piles.

L’utilisation de poutres* droites est possible, mais cette opération pourrait demander six ou neuf ans, et il n’est pas question d'arrêter ou de ralentir aussi longtemps l'exploitation de la ligne. On envisage bien un pont provisoire pendant ce changement mais il aurait coûté 9 millions de francs de l'époque, chiffre colossal, et la compagnie décide alors d'une mesure radicale : construire un autre pont, le pont de 1842 devenant pendant ce temps le pont provisoire.

*N.B. Ce que l'on appelle une poutre, c'est l'ensemble de la poutrelle inférieure et de la poutrelle supérieure, reliées par des entretoises, ce qui donne au pont son aspect Meccano. La résistance d'une poutre, quel que soit le matériau, étant fonction du carré de sa hauteur, on voit donc bien pourquoi ce genre de construction est extrêmement solide eu égard à la quantité de matériau (ici le fer) mise en œuvre.

 

Les cinq ponts du Manoir – Le pont aux anglais à Rouen
Le pont aux anglais à Rouen

1893 Look Meccano

Les mêmes décisions sont prises pour les deux autres ponts et c'est ainsi que l'on aboutit à leur aspect actuel de grand meccano, là où bien sûr on aurait préféré de la maçonnerie et des arches. Mais une autre contrainte doit être prise en compte : la navigation sur la Seine à laquelle il faut laisser une hauteur libre au-dessus du niveau de l’eau, telle que la pierre n’est pas envisageable. Seul le béton armé permet aujourd'hui ces grands franchissements élevés.

Les cinq ponts du Manoir - Le pont en fer de 1893 en cours de lancement, avec en arrière-plan le pont de 1842 modifié en 1854
Le pont en fer de 1893 en cours de lancement, avec en arrière-plan le pont de 1842 modifié en 1854

 

Le pont en fer de 1893

Ce nouveau pont ne comporte plus que deux piles dans le lit du fleuve, au lieu de cinq pour le pont précédent, net avantage pour la navigation.

Ces deux piles, de 15 m de long sur 4 m d'épaisseur permettent d'établir un pont en trois travées d'une longueur totale d'un peu plus de 200 m.

Elles reposent sur le substrat de craie, environ 10 ou 13 m sous le niveau de la Seine. Leur parement est en pierres de taille, assemblée au mortier de ciment au-dessous du niveau de l'eau et à la chaux au-dessus.

Le tablier se compose de deux poutres principales en treillis de 8 m de haut, distante de 9 m, qui supporte les voies par l'intermédiaire de longerons et de pièces de pont espacées de 4 m 45.

Les points les plus bas du tablier sont à presque 14 m au-dessus de l'eau, ce qui laisse une marge à la navigation même en période de hautes eaux.

Le moment le plus important la construction de ce genre de pont, c’est le lançage, sur des galets de roulement, au-dessus du vide, en porte-à-faux tant qu'il n'a pas atteint la pile ou la culée suivante, et qu'à ce moment il subit des contraintes violentes et inhabituelles.

N.B. Dès sa mise en place, un dispositif de mines et de rupture des éléments est incorporé dans une pile et sur le tablier métallique, de manière à pouvoir couper le pont pour des raisons stratégiques.

Ce sont 2 300 000 fr. de l'époque qui sont engagés dans cette construction, auxquels il faut ajouter les frais de démolition de l'ancien pont, que les communes proches auraient bien voulu conserver pour l'utiliser comme chaussée vers la gare de Léry-Pose qui venait d'être ouverte au trafic. Le poids du conseil général de l’Eure et des élus locaux ne suffit pas à obtenir son maintien, les cinq piles et la trop faible hauteur du tablier présentant une trop grande gêne pour la navigation.

 

Bons et loyaux services

De 1893 à 1940 il y a peu à signaler, si ce n'est en 1911 le déraillement d'un train sur le pont, à la suite d'un attentat, qui impose à quelques réparations. Le reste, ce sont les obligatoires réfections de peinture.

 

Tentative allemande de sabotage

Cependant, le pont aurait pu sauter pendant la guerre 1914-1918 : Un commando du génie allemand (voir notre bulletin numéro 8), en septembre 1914, soit un peu plus d'un mois après la déclaration de guerre, déjà repéré à Gournay-en-Bray, attire les soupçons en rodant près du pont d’Oissel, est pris en chasse, et arrêté à Sotteville-sous-le-val. Six Allemands sont fait prisonniers, dont un capitaine du génie, et on trouve dans leur voiture et un camion, des piles et des fils électriques, du cordon Bickford et quelques centaines de kilos d'explosifs. Le pont du Manoir était le premier objectif désigné, les autres devaient suivre.

 

1940 Le pont est coupé par les Français

En 1940, c'est le génie français qui se charge de couper le pont, juste après le passage d'une dernière division de cavalerie, le 8 juin, peu de temps après avoir fait sauter le pont routier de Pont-de-l'Arche à 6h30.

C'est la première travée côté Paris qui est coupée, sectionnée par des explosifs près de la pile : somme toute du travail propre, qui n'obère pas l'avenir et n'interrompt pas la circulation sur la Seine.

Bien entendu les Allemands vont s'empresser de construire une estacade provisoire, après avoir découpé au chalumeau les parties de tablier du pont qui font obstacle. Ils ne finiront néanmoins par rétablir pleinement la circulation à vitesse normale qu'en novembre 1941, opération qui aurait nécessité 224 000 heures de travail et 125 t d'acier, pour une dépense de 5 300 000 francs.

 

Bref sursis

Environ trois ans plus tard, le pont est condamné par l'Etat-major allié, dans le cadre de l'opération de débarquement, car il n’est pas question de lui permettre d'assurer l'acheminement de renforts allemands venant du Nord et passant par la ligne de Gisors.

Les cinq ponts du Manoir - Après le bombardement de mai 1944
Après le bombardement de mai 1944

À partir du 24 mai 1944 il sera bombardé 18 fois (voir bulletin n°1), avec malheureusement les dommages collatéraux que l'on sait sur la commune du Manoir, sans que la Flak (défense antiaérienne des Allemands) installé au nord-ouest de Pîtres réussisse à s'y opposer. Le pont est complètement détruit le 27 mai et les Allemands reconstruisent aussitôt une estacade provisoire, aussitôt bombardée, puis réparée plusieurs fois, qui ne peut être utilisée que du 27 aux 31 juillet. On voit par-là l'importance stratégique du pont, essentiel pour les Allemands pendant la bataille de Normandie.

 

Le pont anglais

La bataille de Normandie s’achève, Cherbourg est devenu le grand port de logistique militaire allié, les ponts de Rouen sont en grande partie détruits, c'est donc au Manoir que les Anglais décident que ce fera le franchissement de la Seine.

Ils vont donc construire en aval du pont détruit un pont provisoire sur piles métalliques, chacune d’entre elles composée de 12 montants réunis par des entretoises et dont les pieds reposent sur des camel feet, pieds de chameau en français, posés directement sur le fond du lit. Ce pont provisoire est construit en un temps record, et remplit bien son office, mais par malchance la crue qui va durer de décembre 1944 à février 1945 fait de lui un barrage à la navigation (un homme est placé en permanence pour signaler l'obstacle à tout bateau approchant).

 

Les cinq ponts du Manoir - Le pont provisoire du Génie anglais, menacé par la crue
Le pont provisoire du Génie anglais, menacé par la crue

Second pont provisoire

Les cinq ponts du Manoir - Les essais sur le deuxième pont provisoire
Les essais sur le deuxième pont provisoire

En février 45 la navigation est interrompue, et on laisse un train stationné en permanence sur le pont pour assurer sa stabilité face au courant. Les trains commencent d'ailleurs à avoir les roues dans l'eau. Quelques piles se sont enfoncées, dont l'une de plus d'un mètre. La situation ne peut durer, d'autant plus que l'on craint que les objets dérivants menacent la stabilité du pont. C'est pourquoi dès mars 1945 on entreprend, et cette fois-ci c'est la SNCF qui est à la manœuvre, la construction d'un second pont provisoire, constitué de poutres en N, donc identique à celle du pont anglais. La construction est terminée dès la fin du mois de juin. La circulation s'effectue sur une voie unique, à 10 km/h, et ce pont nécessite une surveillance constante, chaque jour une équipe de six hommes est chargée de resserrer les boulons à chaque passage. Malgré tout, le pont permet un débit satisfaisant du trafic ferroviaire et aussi de la navigation, même si, là encore, le passage de la passe navigable ne se fait que dans un seul sens à la fois, mais l'ouverture d'une seconde passe est conditionnée au déblaiement du pont détruit…

 

Le pont actuel

Les cinq ponts du Manoir - 14 mai 1948, première travée, sur la première pile
14 mai 1948, première travée, sur la première pile

La circulation des trains étant assurée, on peut maintenant entreprendre la reconstruction d'un pont définitif. Auparavant il faut démolir et déblayer le pont détruit en 44. Ces travaux durent jusqu'en avril 1947, avant que l'on puisse envisager la reconstruction. De plus, le projet « Paris port de mer » impose un relèvement de plus de 2 m pour assurer la navigation : on veut disposer d'un tirant d'air (hauteur disponible au-dessus du niveau de l'eau) de 7 m au moins par rapport au niveau des plus hautes eaux navigables. Il faut donc relever culées et piles, et donc remblayer les rampes d'accès.

Les cinq ponts du Manoir

 

Le tablier métallique

Pendant ces travaux, l'usinage du tablier se fait en atelier, de janvier à septembre 1947, dans la compagnie Five Lille, et le transport des pièces usinées dure d'avril 1947 à juillet 1948.

Le montage du tablier et son lançage nécessite la construction d’une palée provisoire en bois qui reçoit les roulements pour soutenir le pont avant qu'il n'atteigne la rive gauche. En décembre 1948, le pont est lancé, la dalle de béton est coulée et les rails peuvent être posés.

Les cinq ponts du Manoir - L’équipe pose devant une travée en cours de lancement
Une travée va rejoindre les galets sur la pile
Les cinq ponts du Manoir - L’équipe pose devant une travée en cours de lancement
L’équipe pose devant une travée en cours de lancement

Le 12 décembre 1948, le pont est soumis au passage de quatre locomotives Pacific à 10, 30, et 80 km. L'ouvrage réagit normalement et est aussitôt mis en service. On va alors pouvoir commencer le démontage du pont provisoire.

Les cinq ponts du Manoir – Locomotive Pacific
locomotive Pacific

 

René Avril, après avoir fait constater à quel point le pont de 1947 était une réplique fidèle de celui de 1893, la seule différence étant le remplacement des poutres verticales par un treillis oblique et du plancher en tôle par une chape de béton armé, conclut en saluant « le coup d'œil des ingénieurs de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, qui dès 1890 avaient su, sans trop s'embarrasser de considérations esthétiques, imaginer et mettre en œuvre une technique, d'une sûreté telle qu'elle assure, encore aujourd'hui et sans doute encore pour longtemps, la continuité de la ligne Paris-Le Havre. »

 

Sources

- la brochure citée en introduction, de René Avril et l'Amicale des retraités des chemins de fer (vous pouvez les rencontrer au Mini-réseau d'Igoville)

- photos personnelles

- illustrations internet

 

Michel Bienvenu, Philippe Levacher