1 mars 2017

Pîtres, de la préhistoire aux Gaulois



La préhistoire dans la basse vallée de l’Andelle

Le paléolithique


On a découvert sur le territoire de la commune de Pîtres de nombreux outils en silex et même un squelette de mammouth.
Les objets les plus anciens remontent aux paléolithiques : haches plates (acheuléen) ou pointes de flèches du moustérien. (Environ 80 000 ans avant notre ère).
Les lieux où ils ont été trouvés indiquent que les hommes occupaient plutôt la zone de champs et de bois qui se trouve aujourd'hui au dessus de la départementale, entre 25 et 50 m d'altitude, donc non inondable.

Les hommes qui se trouvaient là maîtrisaient le feu, se déplaçaient derrière leurs proies, rhinocéros laineux, mammouth, ours durant les périodes froides, ou éléphants hippopotames, des périodes chaudes. C'est un homo erectus, le successeur d’homo habilis.

Grottes de Gouy dites du Cheval



Préhistoire mammouth

Plus tard viendront les Homo sapiens, d’abord l’homme de Néanderthal, puis l’homme de Cromagon, dont on trouve des traces dans un rayon tout proche, en particulier dans les grottes de Gouy (dite du Cheval ) et de Port Saint Ouen (disparue dans l’aménagement de la route nationale). 

Datés de 12000 av J.C, ces grottes ont abrité les chasseurs de mammouths et de rhinocéros (laineux, le climat est encore très froid) des vallées.

Chronologie pour l'Europe des âges préhistoriques

Paléolithique
- archaïque : 1 à 2 millions av. J.C.
- inférieur : acheuléen (bifaces).
- moyen : se caractérise par une technique de production des outils beaucoup plus élaborée (débitage Levallois). C’est la culture typique de l’homme de Neanderthal.
- supérieur (40 000 - 30 000 ans environ) première culture de l’homme moderne en Europe (Cro-Magnon): débitage en lames, encore plus performant, pointes de sagaies à base fendue pour faciliter leur emmanchement. L'art fait son apparition, avec de nombreuses statuettes et des figurations pariétales (sur parois) en grottes. Dans toute l’Europe apparaissent des statuettes féminines aux formes généreuses, surnommées Vénus. Il pourrait s’agir de symboles de fécondité.
Outil solutréen Feuille de laurier
Un pas est franchi avec le solutréen (21 000 – 18 000 ans av. J.C.). Les tailleurs solutréens façonnaient des outils extrêmement fins, retouchés sur les deux faces, au tranchant fin et effilé. Le plus célèbre est surnommé « feuille de laurier », en raison de sa finesse. Deux outils majeurs apparaissent: l’aiguille à chas, qui permet de coudre les vêtements, et le propulseur, qui permet de multiplier la puissance de jet des sagaies.
Puis le magdalénien (17 000 – 9 000 ans) marque la fin de la dernière glaciation et l’apparition progressive des conditions climatiques actuelles. Le développement du travail de l’os et du bois de cervidé culmine avec l’invention du harpon. 

outils paléolithiques Pîtres
Outils paléolithiques trouvés à Pîtres et que l’on peut voir aux musées des Antiquités de Seine-Maritime (Rouen) et de l’Eure (Evreux).
Pour de plus amples renseignements, vous pouvez vous reporter au Bilan archéologique établi pour Pîtres par Claire Beurion en 1992, travail pointu et très complet sur lequel nous nous sommes appuyés (référencé sur le site de la mairie de Pîtres par Rodolphe Delorme)


Le néolithique : agriculture, sédentarisation.


Au quatrième millénaire av. J.C., les indices d'occupation sont surtout localisés à la Pierre-Saint Martin. On a trouvé plus d'un millier de grattoirs, percuteurs en silex et en grès, retouchoirs, tranchets, ciseaux, pics, lames... La plupart des haches polies en silex paraissent, par la nature du silex employé, avoir été importées. Elles sont souvent retaillées, étrécies en ciseaux; on les employait jusqu'à usure presque complète….Ce site n'était pas une simple station de halte mais un lieu d'habitat permanent.
Au XIXe siècle, lorsqu'on surcreusa l'Andelle pour créer l'usine de l'abbé Vaurabourg (voir article), on découvrit des pilotis, des pics et des gaines de hache en bois de cerf indiquant qu'une station néolithique existait précédemment à cet endroit. Une autre grande station néolithique a été découverte à Poses, lors de la mise en exploitation des ballastières. (d’après Claire Beurion)


Maquette d'un site néolithique à Poses
Maquette inspirée des découvertes faites à Poses (Eure) par F. Bostyn (Inrap) et son équipe (Muséum du Havre)

Révolution néolithique ?

Au Néolithique, les hommes n’exploitent plus seulement les ressources naturellement disponibles mais commencent à en produire une partie. La chasse et la cueillette continuent à fournir une part substantielle des ressources alimentaires mais l’agriculture et l’élevage jouent un rôle de plus en plus important. L’agriculture implique le plus souvent l’adoption d’un habitat sédentaire, donc l’abandon du nomadisme.
Si ce fut une des étapes majeures de l'aventure humaine, au même titre que la domestication du feu ou la révolution industrielle au XIXème, le fait de la qualifier de révolution a été critiqué dans la mesure où l'adoption des innovations qui la caractérisent ne fut ni brutale, ni simultanée. 

Pierre St Martin
La pierre Saint Martin est un bloc de grès qui se trouvait au lieu-dit qui lui doit son nom, portant des dépressions naturelles en forme de trous. Il fut probablement vénéré dès l'époque néolithique. Quand on le déplaça on découvrit un caveau gallo-romain, tenu à l'époque pour un petit temple. Lorsque le christianisme s'installa en Gaule au V siècle, on tenta de faire disparaître ces cultes contraires à la religion chrétienne, mais comme on ne pouvait supprimer la croyance à ses vertus curatives on le mit sous le vocable de Saint Martin. Léon Coutil, dans son inventaire des mégalithes de l'Eure, décrit le culte dont il faisait l'objet : « Les gens du pays reconnaissaient dans ces cavités les pas de Saint-Martin et de son cheval. Elle passe encore...pour guérir le "carreau" et le "muguet". Les pèlerins venaient jadis y faire leurs dévotions et déposaient dessus diverses offrandes et même de l'argent, présents que le propriétaire du champ s'appropriait ensuite. Des contestations surgirent entre le propriétaire et le curé qui prétendait que les offrandes revenaient à l'église. Pour trancher ce différend, le propriétaire transporta, en 1856, la pierre guérisseuse à l'entrée de sa ferme… Les pèlerins continuent à venir se frotter contre la pierre, ils attachent aux arbres voisins des rubans de coton et placent leurs offrandes dans un tronc que cet homme a eu la bonne idée de mettre à côté.» La pierre se trouve aujourd’hui dans un petit enclos au n° 6 de la route de Rouen. (d’après Claire Beurion)


UN VILLAGE GAULOIS IMPORTANT

Le site de Pîtres devait être assez attirant, puisque quelques millénaires plus tard, de nouveaux arrivants, venus d’Europe centrale et parlant une langue indo-européenne, s’y installent. Une nécropole gauloise qualifiée d’exceptionnelle par les archéologues, environ 2000 tombes, a en effet été découverte à la Remise, derrière les Varennes indiquant la proximité d’un village important. Voici la description qui en est faite dans le Bilan archéologique dressé par Claire Beurion en 1992:

« Le défunt était brûlé sur un bûcher puis les ossements restants étaient récupérés et placés dans une urne. Celle-ci était ensuite déposée dans une fosse avec quelquefois des offrandes et des objets ayant appartenu au mort... (dont des épées tordues).
 Le rituel de l'épée ployée semble avoir pour but d'éviter une réutilisation et de consacrer l'arme uniquement au défunt. Plusieurs tombes à char (au moins trois), ont été signalées …. La nécropole gauloise de Pitres est exceptionnelle à plusieurs titres:
Vase funéraire - nécropole gauloise à Pîtres
- Un vase entièrement décoré de cercles et d'arcs de cercles fut découvert. Ce vase est caractéristique d'une période comprise entre la fin du IIIe siècle et la fin du IIe siècle avant J-C, période où les tombes à char de l 'aristocratie gauloise apparaissent en Haute-Normandie. Jusqu'ici ce vase n'a pas d'équivalent exact dans le monde celtique.

Nécropole gauloise à Pîtres
- Les ensembles funéraires observés à Pîtres sont à comparer avec ceux des Ardennes et de l'Allemagne. En revanche, le rite de destruction des armes est totalement distinct de celui des Ardennes et proche de celui des régions plus orientales. Dans le domaine stylistique, les éléments de harnais d’une sépulture évoquent, par certains détails, leurs équivalents des îles britanniques. Un faciès "normand" semble se dessiner à Pitres, intermédiaire entre la celtique continentale et la celtique insulaire. » 

la Gaule en Normandie

Eburovices ou Véliocasses ?

Pîtres se trouvait en limite des territoires des Véliocasses et des Eburovices
Les Véliocasses, « meilleurs au combat », vivaient dans le Vexin, auquel ils ont donné le nom. Leur chef-lieu était Rotomagus, Rouen. En 52 av. J-C., ils participent au soulèvement général contre César en fournissant 3 000 hommes pour porter secours à Vercingétorix. Leur territoire suit la Seine sur la rive droite depuis le confluent avec l'Oise et s'étend sur le plateau du Vexin.
Les Aulerques («qui sont loin de leurs traces» ?) comprenaient plusieurs grandes tribus: Diablintes, Jublains, Cénomans (Le Mans), et Éburovices (Evreux) dont le territoire recouvre à peu près le département de l'Eure. Leur nom contient la racine « eburo », sanglier ou if dans les langues celtiques. Leur principal sanctuaire se trouvait sur le site occupé actuellement par le village du Vieil-Évreux.


La langue gauloise

Elle appartient au groupe celtique des langues indo-européennes, dont le breton et le gaélique sont les derniers survivants (les autres groupes étant : germanique, latin, grec, slave, indien, iranien ...).
La langue gauloise mettra presque 500 ans à disparaître, remplacée progressivement par le latin du conquérant. Elle n’a laissé que peu de traces en français : alouette, alpe, ambassade, ardoise, bâche, balai, barque, barre, bec, berge, blé, braguette, boue, gosier, jarret, joue, patte, quai, raie, ruche...

Les curés de Pîtres depuis le 16ème siècle

Pîtres - les prêtres lazaristes de la communauté de Saint Vincent de Paul, vers 2003 : R.Hérisset, É. Ravout , P. Marionneau, et G. Bouchandhomme
Les prêtres lazaristes de la communauté de Saint Vincent de Paul, vers 2003 : R.Hérisset, É. Ravout, P. Marionneau, et G. Bouchandhomme


Les prêtres de Pîtres

La trace écrite du premier prêtre à Pîtres apparaît en 1549. Il dépend alors du doyenné de Perriers sur Andelle, doyenné rattaché à l’évêché de Rouen jusqu’à la Révolution. Le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789 est créé le département de l’Eure. La paroisse de Pîtres est alors rattachée à l’évêché d’Evreux.
Nous avons répertorié ci-dessous toutes les traces des curés de Pîtres dans les registres d’Etat-civil, puis dans les archives diocésaines.

4/5/1549
Richard Vigor prêtre
entre 1549 et 1671
absence de registres
19/5/1671
Noël Gancel prêtre
20/5/1682
décès de Noël Le Bailly vicaire de Pîtres
9/12/1683
décès de Pierre Deshayes prêtre vicaire de Pîtres
7/8/1684
Martin Bizet prêtre vicaire
24/2/1693
décès de Jacques Pinchon, 80 ans curé à Pîtres
1695
Georges Mainière décédé le 4/10/1725
4/9/1701
C. Mel, curé de St Nicolas du Pont de l’Arche
28/7/1712
D. Dubosc prêtre
26/6/ 1729
décès de Maistre François prêtre vicaire 39 ans
10/11/1743
Jean Noêl Marguerit prêtre curé de Romilly
27/9/1758
décès de Jean Duval prêtre curé de Pîtres
21/12/1759
Michel Philippe Lemonnier curé de Saint Pierre de Pont Saint Pierre
14/08/1762
Adrien Bocquet chanoine de La Saussaye
28/5/1771
décès de Pierre François Belhoste 45 ans prêtre vicaire de Pîtres
28/1/1776
décès J.M. Lefrançois, curé de Pîtres
18/10/1777
décès de Maistre Pierre Louis Le François 66 ans curé de Pîtres
23/12/1790
Charles Romain Godé, curé de Pîtres, s'engage le 28 juin 93
27/05/1798

Jean Baptiste Malherbe, ministre du culte catholique 38 ans également instituteur, puis nommé maire de Pîtres sous le Consulat
1816
Thibaud mort au presbytère
1817
???
1827 à 1833
Louis Bourdon décédé à Pîtres le 7/9/1833
1833 à 1836
bréhier, foubert, de flipou
1836 à 1849
Maillard
1849 à 1869
Christophe Bouillant décédé à Pîtres le 26/4/1869
1869 à 1894




Adolphe Stanislas Vaurabourg décédé le 1/8/1894. Particulièrement entreprenant, il collabore aux sociétés savantes, écrit une très intéressante brochure sur Pîtres, prévoit la reconstruction complète de l’église, et entreprend la construction d’une usine sur l’Andelle, projet inachevé.
1894 à 1900
?
1900 à 1902
Abbé Boulanger
1902 à 1905
Abbé Calot
11/06/1906
Abbé Georges Périnelle, décédé le
24/2/1939 à 1940
Abbé Joseph Malval
14/04/1940
Abbé Maurice Denesle décédé en 1986
1986 à 1992
Père Albert Dedecker
1992 à 1997
Père Pierre Aletru
1997 à 1999
Père Zénon Pylypiak décédé le 13/4/1999
1999 à 2002
Père Gérard Gatey
de 2002 à 2011

prêtres coopérateurs : curé Raymond Hérisset, Gérard Bouchandhomme, décédé en 2004, Éric Ravout jusqu’en 2009, Pierre Marionneau, Pascal Brémaud

Pîtres - L’abbé Maurice Denesle entouré de ses parents, il y a sans doute une cinquantaine d’années
L’Eglise a évolué, le contraste entre ces deux photos en témoigne. L’abbé Maurice Denesle entouré de ses parents, il y a sans doute une cinquantaine d’années

Pîtres - les prêtres lazaristes de la communauté de Saint Vincent de Paul, vers 2003 : R.Hérisset, É. Ravout , P. Marionneau, et G. Bouchandhomme
Les prêtres lazaristes de la communauté de Saint Vincent de Paul, vers 2003 : R.Hérisset, É. Ravout, P. Marionneau, et G. Bouchandhomme

Un peu de vocabulaire :
Prêtre: homme qui a reçu l’ordre, sacrement constitutif de la hiérarchie dans l’Eglise catholique, comprenant le diaconat, la prêtrise et l’épiscopat.
Père : nom donné aux prêtres par les fidèles dans le sens de père spirituel
Vicaire : prêtre adjoint au curé
Curé : prêtre responsable d’une paroisse
Doyen : prêtre à la tête d’un doyenné (équivalant à un canton), supérieur des curés du doyenné. Notons que doyenné et canton peuvent différer : Ecouis est doyenné dans le canton de Fleury sur Andelle
Archiprêtre : prêtre à la tête d’une circonscription diocésaine (équivalant à l’arrondissement), supérieur des curés de sa circonscription. Dans l’Eure, Pont-Audemer et Louviers, anciens arrondissements, avaient un archiprêtre.
Evêque : prêtre qui à la responsabilité d’un diocèse ou Église locale (ex.: diocèse ou Église d’Evreux), correspondant à un département. A noter : le chef-lieu du diocèse peut différer du chef-lieu de département (ex.: Sées dans l’Orne)
Chanoine : prêtre siégeant au chapitre de la cathédrale ou doté de ce titre à des fins honorifiques
Chapelain : titre honorifique


9 JUIN 1940
PREMIERE COMMUNION SOLENNELLE A PÎTRES

Le 9 juin 1940, après trois jours de retraite les garçons et les filles de 10-11 ans se préparent à faire leur première communion solennelle. Pâques cette année-là est célébré très tôt le 24 mars.
La veille, le 8 juin, la retraite s’est passée en grande partie dans la tranchée de la ferme Mahieux, en face du presbytère.
Le matin du 9 juin, ordre d’évacuation : notre curé, l’Abbé Denesle part tout comme un chacun après avoir mis dans sa Rosengart le ciboire contenant les hosties consacrées. Il se dirige vers le pont de Pont de l’Arche d’où il est refoulé (car le pont vient de sauter), ainsi que tous les évacuants, vers Saint-Pierre-du–Vauvray. Tous se retrouvent dans un herbage devant la propriété Renault à Connelles ou Herqueville.
(à noter que le soldat français qui nous arrête était de la 5ème colonne et qu’il a été vu ensuite par Monsieur Lenormand le coiffeur dans la tenue vert de gris de la Wehrmacht)
Les Allemands dont on avait dit beaucoup de choses terrifiantes arrivent. Alors notre bon curé décide de consommer les hosties consacrées et c’est ainsi que, caché sous sa voiture, il avale le contenu du ciboire sans boire une goutte d’eau, à cause du jeûne eucharistique.
Je suis un témoin direct de cette histoire car j’étais aussi à Connelles ce jour-là revêtu de mon costume gris de communiant le brassard et le chapelet dans la poche.
La première communion a été reportée au 4 août 1940 ….
                        (témoignage de Gérard Hélouin)

Chronologie et rapide résumé de la Révolution française


Bref résumé des années 1789-95


En 1789, pour échapper à la banqueroute, le roi convoque les Etats Généraux, assemblée des trois ordres : noblesse, clergé et tiers-état. Mais les temps ont changé depuis la dernière réunion, les idées des Lumières se sont répandues, et les députés du tiers-état ne se laissent pas dominer. Ils finissent par se proclamer Assemblée Nationale, puis Constituante, ce qui équivaut à affronter directement le pouvoir royal. Le peuple de Paris se soulève pour les défendre lorsqu’il est clair que le roi va tenter un coup de force contre eux (14 juillet). En province, les paysans s’attaquent aux châteaux, et dans un grand mouvement d’enthousiasme, l’Assemblée vote l’abolition des privilèges de la féodalité (nuit du 4 août). Certains nobles ont déjà pris la fuite (émigration), on rédige la Déclaration des droits de l’homme, affirmant l’égalité de droit, et le peuple de Paris ramène le roi à Paris.

L’année 1790 est celle d’un état de grâce, symbolisé par la fête de la Fédération, à laquelle le roi participe sous les vivats du peuple. Même le vote de la constitution civile du clergé n’entame pas cette belle harmonie, puisque pour beaucoup de curés pauvres, c’est une amélioration de leur situation. Les récoltes n’ayant pas été trop mauvaises, on mange plutôt mieux que les années précédentes, et cela compte aussi.


En 1791, le beau rêve s’écroule. L’obligation faite aux prêtres de prêter serment à la Constitution suscite des refus et des remous, attisés par les royalistes. Louis XVI tente de s’enfuir, ce qui sera considéré à juste titre comme une trahison. On le rattrape à Varennes et il rentre à Paris dans un silence glacial, pire que les huées, a-t-on dit. Un incident fait qu’une fusillade a lieu sur le Champ de Mars où des sans-culottes avaient organisé la signature d’une pétition demandant la destitution du roi. Les hommes de 1789 se divisent, la droite se rapprochant des royalistes et la gauche se radicalisant ( jacobins, cordeliers).

L’année 1792, c’est celle des débuts d’une guerre qui va bientôt opposer la France à l’ensemble des monarchies européennes. Le roi espère une défaite qui lui redonnerait tout son pouvoir. Les débuts ne sont pas favorables, les troupes ennemies avancent en France. Le roi renvoie les ministres girondins. Le 20 juin, et surtout le 10 août, les sans-culottes s’insurgent. C’est la fin de la monarchie, Louis XVI a perdu tout pouvoir, et l’on décide de l’élection d’une nouvelle assemblée, la Convention Nationale, élue au suffrage universel. Le mois de septembre voit les regrettables massacres perpétrés dans les prisons par des Parisiens affolés qui considèrent les aristocrates emprisonnés comme des ennemis de l’intérieur.
Mais le vent tourne, et le 20 septembre, c’est la victoire de Valmy. Le lendemain la République est proclamée. Le procès du roi commence.

Le 21 janvier 1793, Louis XVI est exécuté pour crime de trahison. Pour résister aux monarchies, la Convention décrète la levée en masse, ce qui provoque le soulèvement de la Vendée et des Chouans. Le pouvoir se concentre dans un cercle de plus en plus étroit : le Comité de Salut public, qui, poussé par des sans-culottes en proie à la disette, prend des mesures de plus en plus radicales, et tente, sous l’influence de Robespierre, de créer un culte de la Raison à la place de la religion catholique.

1794 La situation militaire s’améliore, en même temps que règne la Terreur. Danton, grande figure de la Révolution, est exécuté, ainsi que Hébert, et bien d’autres. L’instauration d’un maximum des prix l’année précédente, qui devait permettre de fournir au peuple de la nourriture à un prix abordable n’a pas eu l’effet escompté, bien au contraire, si bien qu’en juillet, à la suite d’un discours maladroit, qui effraie les députés,, Robespierre est mis en minorité, destitué et exécuté, sans que les sections sans-culottes réagissent vraiment (9 thermidor an II)

Les années qui suivent verront les Thermidoriens tenter de maintenir un difficile équilibre entre des royalistes qui relèvent la tête et les anciens partisans de Robespierre (jacobins) qui tentent de pousser de nouveau la Révolution sur des voies radicales. 

L'église de Pîtres

Eglise de Pîtres


L’EGLISE DE PITRES


En introduction d’études plus précises à venir, nous reproduisons de larges extraits d’un article publié par Amis des Monuments et Sites de l'Eure. Société historique de Lisieux, 2010, reprenant les notes archéologiques inédites de Charles Vasseur : Églises de l'EureCh. Vasseur (1831-1896), archéologue et historien, visita nombre d'églises, disant crûment les choses, dénonçant les abus et à l'occasion stigmatisant le vandalisme ...

Les rois carlovingiens avaient un palais à Pitres où il se tint un Concile et où furent signés plusieurs capitulaires. On a voulu rendre l'église actuelle témoin de ce concile qui se tint en 863 ; rien dans son état actuel ne peut faire présumer une si haute antiquité. Elle doit remonter cependant au XIe siècle.

Son portail occidental est sans intérêt, il a été refait à une époque récente où l'on s'est avisé également de clôturer le vieux porche en charpente qui protégeait la porte : c'est un travail hideux et qui sent son époque.

Le côté méridional de la nef appartient tout entier au XIe siècle ; ses murs sont composés d'un appareil irrégulier, c'est-à-dire d'un mélange de petit appareil et d'arêtes de poisson. Il y a absence de contreforts.[…..]

Eglise de Pîtres - Le mur nord, et la façade avant la rosace
Le mur nord, et la façade avant la rosace

Le mur nord de la nef est encore plus caractérisé s'il est possible que celui du midi. Toujours absence de contreforts ; l'appareil est un blocage assez grossier dans lequel figurent quelques fragments de briques romaines arrachées probablement aux ruines avoisinantes ; on y voit aussi quelques traces de la disposition en feuilles de fougères. Les cinq fenêtres sont primitives, les deux premières, celles qui sont les plus voisines de l'occident, sont fort étroites, semblables à celles du côté méridional. Les trois autres sont plus larges, quoique également cintrées, et des briques romaines sont mêlées à leurs claveaux.

Entre le chœur et la nef, ou plutôt sur la première travée du chœur, se trouve la tour, massif carré aussi de l'époque romane, mais garni sur chacune de ses faces de larges contreforts du XVe siècle. Du côté du nord son mur est visible jusqu'à la base et on y a percé une grande fenêtre ogivale du XVe siècle comme les contreforts, qui sert à éclairer le chœur. Le côté du midi est obstrué par des constructions postérieures. Le corps carré qui s'élève au-dessus des toits est percé régulièrement sur chaque face d'une fenêtre ogivale du XIIIe siècle, subdivisée par un meneau en deux lancettes surmontées d'un oculus.


La corniche est composée de modillons et de trèfles ; mais ces caractères n'appartiennent qu'à une restauration faite dans un mur plus ancien, car au-dessus, dans la face du midi, on voit une petite fenêtre évidemment romane.

Eglise de Pîtres

La régularité du plan primitif de l'église est détruite par l'adossement de deux chapelles et d'une sorte d'appentis au flanc méridional du chœur. L'appentis est moderne et sent son époque. Les deux chapelles qui présentent leur pignon datent du XVe siècle ; elles sont soutenues par deux contreforts saillants. Dans la première est ouverte une fenêtre cintrée sans caractère et une porte moderne. L'autre est éclairée par une fenêtre avec un meneau et à compartiments rayonnants.

Eglise de Pîtres - Le chevet
Le chevet

Le chevet est droit mais il se trouve obstrué à sa base par un appendice moderne en brique qui sert d'abri à un tombeau du Christ, pour lequel on a sacrifié et bouché une fenêtre rayonnante comme celle de la chapelle. C'est du reste une bonne idée que d'indiquer l'endroit où se trouve intérieurement l'autel par un tableau propre à rappeler les mystères qui s'y opèrent. Le pignon du chevet qui est resté visible, montre dans son appareil quelques tuiles romaines ; il est soutenu par deux contreforts saillants.

Le côté nord du chœur est aussi bouché par la sacristie.

Intérieur

Eglise de Pîtres - La voûte
La voûte 
Eglise de Pîtres - Engoulant
Engoulant

Dans la nef, les fenêtres de l'époque primitive sont largement ébrasées à l'in-térieur. La voûte est à lambris et ornée autrefois de dessins noirs au pochoir. Les entraits sont disposés de manière à paraître comme accouplés deux à eux, ceux qui sont à l'extrémité occidentale ont des poinçons dont le travail est fort curieux.

Les petits autels, à dais et panneaux à compartiments flamboyants, sont du XVIe siècle, bien qu'ils aient été remaniés en pseudo-gothique plus ou moins récemment. Sur celui du midi était une Vierge en faïence blanche garnie de filets dorés sur les vêtements, haute d'environ un pied, tenant dans ses bras l'enfant Jésus vêtu d'une longue robe. Son aspect est celui des faïences si rares et si précieuses du règne de Henri II.

Le chœur, y compris la base de la tour, est long de deux travées à voûtes ogivales avec arceaux et arcs doubleaux datant du XIIIe siècle, portées sur des faisceaux de trois colonnettes de différents diamètres avec chapiteaux à crossettes aux feuilles galbées. Le mur droit du chevet était percé de deux longues lancettes ; une autre lancette bouchée par la sacristie éclairait au nord ; de concert avec la fenêtre flamboyante de la tour qui a conservé des fragments de vitraux de la Renaissance, sur lesquels on lit :
S MICAEL NICOLAUS


L'arc triomphal date du XIIIe siècle, il n'a point de moulures, ses bords sont seulement épannelés.

Le miracle de saint Nicolas, patron des mariniers
Le miracle de saint Nicolas, patron des mariniers

Les deux chapelles du midi communiquent au chœur par deux arcades ogivales. Le mur qui les séparait l'une de l'autre est également percé d'arcades, de sorte qu'elles forment comme un double chœur ; au fond est un autel dont le retable en pierre dans le style Louis XIV, se compose d'un bas-relief en pierre représentant le miracle de saint Nicolas aidant à la manœuvre des mariniers qui l'avaient invoqué dans une tempête. L'encadrement se compose de moulures avec un fronton circulaire et des bouquets de fleurs pendantes. Il a été restauré en 1843 par les mariniers de la Seine. On lit dans une chronique que saint Nicolas fut au concile de Nicée et un jour quelques mariniers en danger de périr le prièrent ainsi en versant des larmes... « Nicolas, serviteur de Dieu, si les choses sont vraies que nous avons ouïes, donne-nous ton assistance. » Et alors il leur apparut un homme qui avait sa figure et leur dit : Me voici, ne m'appelez-vous pas ? Et il commença à les aider dans la manœuvre du bâtiment et la tempête cessa. Et quand ils furent à son église, eux qui ne l'avaient jamais vu auparavant reconnurent que c'était lui qui les avait assistés sur mer. Et ils rendirent grâce de leur délivrance à Dieu et à lui. Et il leur dit d'attribuer ce miracle à la miséricorde de Dieu et à leur foi et non pas à ses mérites (Légende dorée).

Les voûtes sont aussi en pierre avec arceaux et arcs doubleaux. Dans le pavage est une pierre tumulaire effacée. Le retable du maître-autel est en pseudo-gothique, mais d'assez bonne exécution ; l'ancien datait du règne de Louis XIV.
                                                                       22 mai 1856
  
( à suivre)       

Photos Rodolphe Delorme



Métiers d'autrefois


Jeu : Les métiers disparus

De nombreux métiers ont aujourd’hui disparu. Les registres d'Etat-civil nous les rappellent parfois.  Nous vous proposons de les découvrir en vous amusant .

1– LE BADESTAMIER
- a)  fabrique des bas
- b) est l’ancien nom du peintre d’estampes
- c) tricote des bonnets

2–LE FILASSIER
- a) file le lin et le chanvre
- b) est l’ancien nom du détective
- c) traite le lin et le chanvre

3– LE FLETEYEUR
- a) pêche le flétan
- b) est l’ancien nom du poissonnier
- c) conduit un petit bateau

4– LE POUPELIER
 - a)  fabrique les poupées
 - b) est l’ancien nom du poubellier
 - c)  met en paquets les fibres de lin
  
5–  LE CIRIER
 -a) entretien les parquets
- b) fabrique des toiles cirées
- c) fabrique des bougies

Dans le registre des décès de Pîtres, on trouve :
24 Pluviose an III :  Marie Anne LE TELLIER, 64 ans, épouse de Pierre ROSE Rue des Moulins.
Témoins : Pierre ROSE, 75 ans son mari passager et Pierre ROSE, 40 ans, badestamier.
6–Que doit-on comprendre ?
 - a) que Pierre Rose n’était qu’un mari provisoire
 - b) qu’il voyageait vraiment beaucoup
 - c) qu’il dirigeait une flette pour traverser l’Andelle car il n’y avait pas encore de ponts

Recherches généalogiques : René Vigor

Stade René Vigor à Pîtres


Pourquoi le Stade de Pîtres s’appelle-t-il René Vigor ?

René Vigor - Pîtres
René Vigor a toujours trouvé du temps à donner aux autres. Elu pendant 48 ans, d’abord au Manoir, puis après son installation à Pîtres, en 1959, aux côtés de Pierre Cobert. Il a aussi été président du Syndicat des eaux, président du club des anciens et surtout président du comité des fêtes pour lequel il s’est beaucoup investi, tout en travaillant aux aciéries de Pompey pendant plus de 46 ans.
René Vigor - Pîtres
René Vigor a eu quatre enfants de son union avec Ginette Barbier, et fut six fois grand père, sept fois arrière grand père. Il est né le 16 avril 1927 à Pîtres, rue Bourgerue (dans l’actuelle boucherie) où il a grandi aux côtés de Françoise, sa sœur, avant de s’installer au Manoir. Son père Louis André travaillait aux fonderies, son grand père était jardinier et dans ses ancêtres on trouve des marchands, des cultivateurs et surtout des charpentiers de maisons et des charpentiers de bateau ce qui s’explique par la situation de Pîtres en bord de Seine et l’importance pour le village des activités liées au transport fluvial.
René Vigor - Pîtres
Les Vigor sont une des plus anciennes familles de Pîtres puisque Raoulin Vigor, fils de Jehan et de Ginette, né le 20 juillet 1546, est le premier nom que l’on trouve sur les registres de catholicité, et que ce nom sera toujours représenté dans l’Etat civil de notre commune. Mais la disparition des registres de 1563 à 1570, 1573 à 1580 et surtout de 1587 à 1667 ne permet pas d’affirmer que tous les Vigor descendent de Jehan et Ginette, même s’il y a de cela de fortes présomptions.

René Vigor et Pierre Cobert - Pîtres

René Vigor et Pierre Cobert - Pîtres


Familles de Pîtres apparentées aux Vigor : 
BACHELET, BARBIER, BESSIN, DAMIEN, DELAMARE, DELAQUERRIERE, DEPITRE, DERT, FILASTRE, FRERET, GOSSENT, HARENG, HAVET OU HAYET, HECFIELD, HEDOUIN, LAPOTRE. LETELLIER, MENU, MIGNOT, MORLET, QUENET, ROZE, SAVOYE, TESSON, VAILLANT, VALLEE