Affaire Kratz. Compléments
En même temps que notre dernier bulletin
paraissait, fin 2014, dans le numéro 174 de Connaissance de l'Eure, un article d'André Goudeau, Rumeurs d'espionnage en vallée de
l'Andelle durant la Grande Guerre, portant sur ce que nous avions intitulé
l'affaire Kratz.
Nous y retrouvons bien sûr les mêmes
données, puisque puisées aux mêmes sources, mais notre aînée, et respectable revue, apporte quelques documents
supplémentaires, venant de la presse régionale ou nationale de l'époque. Il nous a permis d'en citer
quelques extraits.
...
l'industriel subit de violentes attaques de la part du journal royaliste L'Avant-garde
de Normandie, qui se proclamait organe du nationalisme intégral en
Haute-Normandie. Ainsi dans le numéro du 6 octobre 1912, le périodique s'en
prenait à Kratz dans la rubrique Les Métèques chez nous. Quelques
semaines plus tard, le 3 novembre 1912, un titre en caractères gras barrait la
première page : « Un Allemand Maire d'une commune normande » et la
semaine suivante, l'Avant garde racontait que des camelots du roi
avaient tenté de perturber une fête patriotique à Douville. Là encore, le
journal titrait sur toute la largeur de la une : « Comment sept Camelots
ont pu faire le vide autour d'une « Vède batriotique ».
La revue cite La libre parole : «Mais
pour le moment, il ne quitte plus sa commune où, dit-il, son devoir de maire le
retient. C'est lui qui en effet renseigne les familles sur le sort des soldats
du pays, tués, blessés ou faits prisonniers. Et nul mieux que lui, ne sait
dire aux familles inquiètes ou endeuillées : «Votre carçon, madame, il a fait
son défoir de pon Français. Ché le sais bar le ministère où che n'ai que tes
amis».
Merci
donc à Connaissance de l'Eure et à André Goudeau pour avoir rappelé à
quel point le racisme chauviniste pouvait être stupide et malodorant, et
rappelons que le carçon d'Henri Kratz a bien fait son défoir de pon
Français, puisqu'il est mort pour la France, âgé de 17 ans. (voir n°6)