1 avril 2017

La nécropole et le prieuré de Romilly

Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Relevage d'une tombe
Relevage d'une tombe

Romilly
Les fouilles archéologiques


L'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives est chargé de faire des sondages avant tous travaux pouvant toucher un site archéologique, et si le site présente un intérêt suffisant, d'y effecteur des recherches.
C'est ainsi qu'il est intervenu à Romilly sur Andelle avant la construction de pavillons sur un terrain où se trouvait un cimetière mérovingien et carolingien (VIème au Xème siècle) et l'église de Saint Crespin, appartenant à l'abbaye de la Lyre, transformée en manoir au XIVème siècle.
Nous présentons une partie des conclusions, encore provisoires, de ces fouilles, qui ont donné lieu ce printemps à une exposition et à des conférences qui ont  rencontré un très large public à l'Espace Aragon de Romilly.

LE CIMETIERE

Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Tombe d'enfant
Tombe d'enfant

Les 300 sépultures fouillées à ce jour sont attribuables à des adultes des deux sexes et à des enfants. Sur la périphérie du cimetière, les sujets immatures ont tous plus de deux ans. En revanche, dans les pourtours de l'église, les sépultures des petits (moins de deux ans) apparaissent en grand nombre, tout en restant pour l'instant en deçà de la mortalité infantile naturelle de la période. L'étude biologique à venir permettra d'aborder la distribution par âge et sexe, la morphologie et l'état sanitaire de cette population. Les analyses paléogénétiques seront susceptibles de préciser les questions de groupes familiaux et de peuplement.
Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle
Vue montrant la densité d'occupation

Les tombes les plus anciennes sont datées du VIe siècle, et le cimetière est abandonné vers les Xe-XIe siècles quand s'installe le prieuré .

Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Vestiges de la tour-escalier (XIVème siècle)
Vestiges de la tour-escalier (XIVème siècle)


L'EGLISE SAINT CRESPIN

À la fin du XIe siècle, Guillaume Osbern,  compagnon de Guillaume le Conquérant, fonde l'abbaye bénédictine de la Lyre,  près de Conches, et lui donne les terres de Romilly-sur-Andelle . Cette dernière y crée le prieuré Saint-Crespin.
La première église est construite en deux étapes, puis entre le Xe et le XIIe siècle, une seconde, plus grande, avec une nef rectangulaire divisée en deux travées et un chœur en abside.

Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Les cuisines du manoir
Les cuisines du manoir

Romilly/Andelle - La grange dîmière avec en arrière-plan  l'église Saint Georges
La grange dîmière avec en arrière-plan  l'église Saint Georges


LE MANOIR

Au XIVe siècle, l'église est transformée en manoir. Plusieurs annexes y sont accolées. À l'ouest, un bâtiment est construit dans son prolongement dont il ne subsiste que les importants celliers. Une petite cave voûtée, soutenue par deux arcs doubleaux et en parfait état de conservation, était reliée à l'ouest au grand cellier par une petite cage d'escalier.
Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Le Manoir La cave
La cave
Enfin, au nord du manoir, se trouve une magnifique grange du XIVème siècle, en très bon état de conservation,  qu'on appelle encore aujourd'hui la grange dîmière. Ces granges servaient au stockage des dîmes, dixième partie de la récolte qui devait être payé en impôt à l'Eglise.

Le prieuré est abandonné dès le XVIIe siècle. 
Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle - Colombier
Ce bâtiment circulaire du XVe ou XVIe siècle appartenait au prieuré et sa fonction reste à déterminer. Il pourrait  s'agir de la base d'un colombier, mais il en existe déjà un à proximité. D'autres formes circulaires, ressemblant plutôt à des cuves, font penser à des installations de tannerie, ou à des bacs de foulons (traitement de la laine une fois tissée, que l'on foulait aux pieds à l'aide de l'argile, opération qui se mécanisera avec les moulins de l'Andelle). On sait que Romilly par la suite deviendra un grand centre de foulonnage.
Fouilles archéologiques à Romilly/Andelle Dans le haut de la rue Saint Georges, on distingue sur ce détail d'une carte établie en 1731 l'église Saint Georges et le Prieuré Saint-Crespin
Dans le haut de la rue Saint Georges, on distingue sur ce détail d'une carte établie en 1731 l'église Saint Georges et le Prieuré Saint-Crespin.
(Archives Départementales de la Seine-Maritime)

Les photos de fouilles sont de Cécile Soret et Mark Guillon, de l' INRAP