21 mars 2023

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Vue aérienne du moulin et de l'Andelle en 2005
Vue aérienne du moulin et de l'Andelle en 2005


Le moulin de Pîtres

L’importance des moulins

Dès l'époque romaine, les moulins ont permis de remplacer l'énergie humaine ou animale pour des opérations faciles à mécaniser : hacher, broyer, fouler, moudre. Les roues et les ailes des moulins à vent sont restées pendant deux mille ans les seuls moteurs qui ne soient pas humains ou animaux.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Battage au manège
Battage au manège

Le blé doit d’abord être battu, pour détacher le grain, puis, contrairement au riz, moulu pour être consommé, ce qui mobilisait une énorme quantité de travail pour faire tourner les meules. Ce sera donc l’utilisation première et principale des roues hydrauliques, qui par la suite serviront à de multiples activités industrielles, partout où on a besoin d’un travail continu pour marteler (forges), battre (fibres), malaxer (papeterie, foulonnage) ou faire fonctionner des machines : filature, tissage, sciage, etc.

Dans la vallée de l’Andelle

C’est pourquoi l’industrie traditionnelle s’est souvent trouvée dans les vallées, et à cet égard la vallée de l’Andelle était bien dotée, attirant même au 19ème siècle des industriels rouennais ou parisiens qui cherchaient une force motrice.

Sur l’ensemble du département de l’Eure la puissance installée, aujourd’hui presque réduite à néant, représenterait l’équivalent d’une tranche de centrale nucléaire, avant que le charbon, avec les machines à vapeur, ne vienne concurrencer roues et turbines. A Romilly, une turbine faisait encore fonctionner les machines de la Taillanderie dans les années 1980, mais la seule installation restante aujourd’hui est la centrale électrique de l’usine Levavasseur près de Fontaine-Guérard.

Les archives montrent une augmentation constante du nombre de moulins à partir du XIème siècle. C’est une opération rentable que d’utiliser la force de l’eau, mais l’installation d’un moulin nécessite un investissement financier considérable, et surtout suppose un privilège, soit de communauté monastique ou des seigneurs qui obligent à utiliser, moyennant une taxe importante, ce moulin dit banal, forme de monopole. La Révolution de 1789 abolit ces privilèges, ce qui favorise un mouvement commencé quelque temps auparavant : le moulin devient un investissement possible pour un roturier, fort onéreux, certes, mais qui peut rapporter gros.

Le moulin de Pîtres

Les moulins ont été nombreux sur l'Andelle et ses affluents, environ une soixantaine, pouvant produire 5 millions de kWh par an, mais à Pîtres, où la hauteur de chute d'eau disponible est faible, près de la confluence avec la Seine, la seule installation fut celle des moulins de l'île Sainte-Hélène. Le seul qui reste sur les trois, destiné à l’origine au blé, puis transformé en scierie-parqueterie, est aujourd’hui désaffecté et transformé en lieu d’habitation.

Sa construction est autorisée en 1802, mais l’hypothèse d’une origine possible du nom de Pîtres comme pistae (meules) en latin suggère qu’il a pu avoir un ou des prédécesseurs, bien qu’il soit impossible d’en déterminer l’emplacement.

1802. Première installation

Le 8 fructidor an 10 (26 août 1802), le préfet de l'Eure « autorise le citoyen Jean Nicolas Mathias à ouvrir sur son terrain à 700 m au-dessous de l'établissement des fonderies de Romilly un canal tiré de l'Andelle où sera établi le moulin à construire ».

C’est un plan, le plus ancien que nous possédions, établi en 1820 pour une nouvelle demande, qui nous montre ce qu’a été ce moulin.

Il nous apprend aussi que le sieur Mathias possédait une briqueterie à l’emplacement de ce que l’on appelle aujourd’hui l’île Sainte-Hélène, nom qui n’est aucunement mentionné à cette époque, pour la simple raison que c’est le canal projeté qui va transformer en île ce qui n’était qu’un méandre.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Plan de nivellement de 1820
Plan de nivellement de 1820

Plan de nivellement de 1820 : on remarque dans le coin supérieur gauche un cours d’eau intitulé Ravin, nettement dessiné en bleu comme les cours permanents, sur lequel est établi un passage. En 1811, le conseil municipal avait estimé qu’il n’était pas nécessaire de « mettre un pont sur le ravin au bas de la rue des moulins ». Le tracé de ce cours d’eau correspond en gros à la rue de l’île Saint-Hélène, le long de laquelle il reste un fossé profond. Le cadastre napoléonien de Romilly indique, lui, la « ravine du Tou ».
Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Cadastre napoléonien de Romilly
Cadastre napoléonien de Romilly

Mathias, briquetier

Nous sommes alors sous le Consulat à vie de Bonaparte. Jean Nicolas Mathias, a 40 ans, il est le fils de Jean, journalier, s’est marié en 1792, sera conseiller municipal en 1808 (nommé par le préfet). Il n’y avait pas de Mathias dans les registres des plus imposés en 1789 et 1790. Il semble donc que l’on ait là un exemple d’ascension sociale après la Révolution.

D’où viennent les capitaux ? La réponse se trouve vraisemblablement sur la carte : le terrain sur lequel il va construire est celui de la briqueterie « au sieur Mathias », qui doit trouver de la clientèle à une époque où la brique commence à concurrencer le torchis.


Certes, il va devoir ouvrir un canal de 220 m de long, et d’environ 2 m de large, mais remuer un demi-millier de mètres cubes de terre ne saurait être un vrai problème pour un briquetier, qui peut-être utilise une partie des déblais pour sa production, et les tarifs de terrassement (30 centimes le m3), que nous connaissons grâce aux décisions prises régulièrement par les autorités municipales qui les établissent pour la réfection des chemins vicinaux, font que l’on peut grossièrement estimer à l’équivalent en salaire moyen d’une centaine de journées de main-d'œuvre le coût de creusement du canal, ce qui ne parait pas rédhibitoire. L’installation de la roue, de son mécanisme et des meules a dû coûter beaucoup plus cher, même avec un axe en bois, même si le corps de bâtiment du moulin, très modeste, au maximum 50 m², si les proportions du plan sont exactes, ne peut abriter qu’une petite installation.


1821 Extension, porte marinière

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène -L’exploitation de ce premier moulin doit avoir été rentable, puisque moins de vingt ans après, le sieur Mathias dépose une nouvelle demande pour l’agrandir, et qu’une ordonnance royale l’autorise en 1821 à installer une "porte marinière", qui "sera ouverte par le sieur Mathias sur la première demande et réquisition des mariniers pour le passage de leurs bateaux" : on sait que le bois descendu par flottage jusqu'au quai Gallais, en limite de Pîtres et de Romilly, y est chargé sur des "flettes" pour atteindre la Seine et partir vers Rouen ou Paris, où le nom commun "andelle" désigne justement ce bois de chauffage.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - L’ordonnance de 1821 autorisant le premier moulin
L’ordonnance de 1821 autorisant le premier moulin

Ce flottage pourrait ne nécessiter aucune installation particulière, il suffirait de laisser occasionnellement le barrage ouvert pour éviter le bief et la roue du moulin. Pourtant, un canal de 5 m de large est prévu, pour « laisser passer les toues et trains de bois ». De plus, une porte dite « marinière », est prévue pour laisser passer des bateaux remontant la rivière: il s’agit bien d’une sorte d’écluse.

L’enjeu pour Mathias est de taille : installer un barrage qui lui permette d’utiliser une hauteur de chute de 1 m au lieu de 22 cm, ce qui multiplie par vingt la puissance de son installation.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Le projet déposé en 1838 (ADE)
Le projet déposé en 1838 (ADE)
Le cadastre de 1834, dit napoléonien, montre l’implantation de ce moulin, celui qui existe encore actuellement, mais sans la pièce octogonale servant de moulin « à sang », animé par la force animale, qui ne doit donc avoir été construite que postérieurement sur la façade est. Elle ne se trouve toujours pas encore sur le cadastre de 1834, mais il faut prendre en compte le fait que les relevés destinés à établir le cadastre sont évidemment antérieurs à 1834. Il manque aussi, sur la façade ouest, une autre pièce, qui abritait encore en 1978 un moteur diesel monocylindre de plus de 2 m de hauteur, qui remplissait évidemment la même fonction : permettre au moulin de tourner lors des crues de la Seine.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Le manège octogonal
Le manège octogonal

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Un modèle équivalent du monocylindre
Un modèle équivalent du monocylindre

Conflits

La famille Mathias est alliée par mariages aux Gossent, Rose, Vallée, Gandois, Morlet, Milliard, tous noms que l'on retrouve fréquemment chez les élus municipaux. On y trouve de nombreux fléteyeurs et marchands de bois. C'est peut-être pourquoi le projet d’extension, qui comporte une porte marinière permettant le passage des bateaux reçoit au départ l'appui de la profession qui déclare pour soutenir le projet "avoir éprouvé des pertes considérables occasionnées par les palées pratiquées dans la dite rivière destinées à recevoir nos bois qui ne pouvaient résister à la force de l'eau dans les temps d'avalage et entraînait les dits bois dans la rivière de Seine où la rivière d'Andelle s'embouche à peu de distance de là, et se trouvait perdu pour nous. Attestons que si on autorisait le dit sieur Mathias à exécuter son projet et que ce fut un avantage pour son moulin, ce serait en même temps une tranquillité pour tous les marchands …"

Mais en 1823, estimant qu’il a trop d’eau pour son moulin, Mathias avait revendu les deux-tiers de la rivière aux frères Chardon, foulons de Romilly qui demandent à construire deux usines (c’est le terme employé alors généralement pour toute installation hydraulique). Destinées au foulonnage, elles sont contiguës, bien que l’une se trouve sur le territoire de Pîtres et l’autre sur celui de Romilly.

Les conflits seront alors nombreux, avec les marchands de bois, entre Mathias et les Chardon, et entre eux et les fonderies de Romilly : quand un usinier élève la hauteur d’eau dans sa retenue, il diminue par là-même la hauteur de chute de l’usine qui se trouve en amont : les fonderies de cuivre de Romilly.

Petite digression : Notice sur la navigabilité de l’Andelle (ADE)

Un opuscule de huit pages publié sous ce titre en 1867, sans nom d’auteur, se plaint des entraves à la circulation entre son embouchure et Romilly. Il met en cause le barrage autorisé en 1821, tout en reconnaissant que si les bateaux de charbon ne peuvent plus remonter l’Andelle jusqu’à Romilly, c’est à cause du surcroît de courant causé par l’abaissement du niveau de la Seine (80 cm) depuis la reconstruction du pont de Pont-de-l’Arche, mais rappelle que l’ordonnance de 1821 prévoyait la construction d’un canal éclusé, comportant donc une porte marinière, et qu’en 1846, même si une nouvelle ordonnance permettait la suppression de la porte et son remplacement par un vannage et un déversoir (c’est l’installation qui existe encore actuellement), l’Administration se réservait le droit de demander l’élargissement du canal pour maintenir la navigabilité.

Dans une belle formule, le rapport explique qu’il y a donc navigabilité de droit même s’il n’y a pas navigabilité de fait, reconnaissant que la profondeur de l’Andelle et ses sinuosités ne permettaient guère de remonter des bateaux jusqu’à Romilly…

Le rapport s’achève par une estimation des économies de transport qui seraient réalisées si l’on pouvait remonter jusqu’à Romilly le charbon, la pierre à plâtre, et la terre à foulon qui sont débarqués sur le port de Pîtres. Il évalue à 11 000 t, essentiellement de houille, les besoins de transport, pouvant devenir 20 000 t du fait du développement industriel (textile) dans la vallée, qui nécessite de plus en plus de charbon à cause de l’irrégularité du débit de la rivière.

De paragraphe en paragraphe, ces besoins deviennent 30 000 t puis 50 000 t qui pourraient être transportées sur la rivière : charbon, briques, argile à foulon, métaux, coton et marchandises diverses.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - La photo la plus ancienne (vers 1920 ?)
La photo la plus ancienne (vers 1920 ?)

Une importante gare (fluviale) serait établie à Romilly, comme aux Andelys et à Elbeuf (le rapport néglige le fait que dans ces deux cas, on se trouve sur la Seine) pour transporter les marchandises venant du Havre et de Rouen.

Ce rapport, qui se dit porteur des intérêts du commerce et de l’industrie, ne semble pas trop se soucier d’une contradiction : on veut pouvoir transporter du charbon pour remplacer les installations hydrauliques car il n’y a pas assez de courant, mais on veut croire néanmoins qu’il y a assez pour le transporter.

Histoire récente

L’ile Sainte-Hélène est achetée vers 1900 par Elie de Poliakov, qui installe une turbine pour produire de l’électricité, destinée à éclairer l’immeuble dans lequel il organise des réceptions, que l’on va baptiser le château (voir article du numéro 11).

On a parfois expliqué le nom de Sainte-Hélène comme un hommage que celui-ci aurait fait à Napoléon, alors que la mention île Sainte-Hélène se trouve déjà sur le cadastre de 1834 de Romilly. Tenant compte du fait qu’il n’existe d’île qu’à partir du moment où Mathias a creusé son canal, on peut dater l’appellation des années 1820.

Le moulin continue à fonctionner pour moudre le blé et ce jusqu'en 1942, date à laquelle son propriétaire, M. Delafosse, le vend pour aller s'installer en amont à Romilly où il dispose d'une puissance beaucoup plus importante.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - La roue en 1978
La roue en 1978

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - La roue après réfection
La roue après réfection

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène -

Le moulin est alors transformé en scierie pour fabriquer des planches, des caisses, et du parquet. Il continuera à fonctionner jusqu'à la retraite de son propriétaire, M.Lavialle, en 1962. Longtemps laissé à l’abandon, il est racheté en 1980 pour être transformé en immeuble d'habitation. Un des nouveaux propriétaires, l’auteur de cet article, refait à neuf la roue pour produire de l’électricité, mais, dans les années 1990, la mode est à la destruction des vannages, au nom d’une politique fumeuse, abandonnée depuis, de retour au cours naturel des rivières. On accuse aussi les barrages de créer des inondations, même quand c’est la Seine qui remonte jusqu’à Romilly. Les choses en restent là, une association d’une trentaine de propriétaires de moulins prêts à tenter le pari de l’électricité verte continue à se battre en ce sens, d’autant que l’on s’aperçoit aujourd’hui qu’il serait parfois bon de pouvoir retenir l’eau...

Quelques données techniques

La hauteur de chute à Pîtres, au maximum un mètre, ne permet pas d'obtenir une grande puissance, même en fermant la vanne pour laisser le canal se remplir la nuit. La roue, malgré sa taille imposante, 6,40 m de diamètre, ne développe pas une puissance supérieure à une dizaine de kW, du fait de la faible hauteur de chute et de sa conception traditionnelle peu efficace (pales droites) : elle ne permet de récupérer dans les meilleures conditions qu'un quart environ de la puissance du courant, car pour tourner, elle doit repousser l'eau devant elle et n'atteint son meilleur rendement qu'à environ la moitié de la vitesse du courant (alors qu'une turbine, ou une roue à augets laisse derrière elle une eau qui a cédé presque toute son énergie). De plus les chocs sur les pales créent des turbulences qui font à nouveau perdre la moitié de l’énergie théoriquement.

Par ailleurs, les variations de débit de l'Andelle et surtout les crues de la Seine qui renversent parfois le sens du courant obligeaient à disposer d'un moteur de remplacement : le cheval tournant dans le manège, puis le moteur diesel monocylindre, qui malgré sa taille imposante ne développait que 20 chevaux-vapeur.

Témoignage de Jacques Lavialle, fils du dernier exploitant

« Un monte-charge animé par la roue propulsait les sacs de blé au troisième étage, et le blé était à la descente moulu et tamisé pour finir dans des sacs de farine de 152 livres (environ 80 kilos) qui cassaient les reins des manutentionnaires. Dans les usages anciens, le prix à payer pour la mouture était de un boisseau (13 litres) par setier (156 litres) moulu, soit environ 8% de prélèvement en nature, ce qui faisait des meuniers des hommes aisés.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène - Le moulin en 1978
Le moulin en 1978

Toute cette machinerie était actionnée par la roue, commandée par une vanne dotée d’un mécanisme d’alarme qui vous rappelait à l’ordre en vous cassant les oreilles si la roue tournait trop ou pas assez vite. Mais au moins ça ne polluait pas et ne contribuait pas au réchauffement climatique ! La puissance délivrée atteignait à peine une vingtaine de chevaux, ce qui incita le dernier meunier à revendre le moulin pour en faire construire un, à roue double, en amont à Romilly. C’est ainsi que mon père, layetier -le layetier faisait des caisses (layettes) et des coffres- racheta le moulin en 1942, l’entreprise qu’il possédait près d’Eu venant de brûler dans les bombardements destinés à éliminer les stocks de munitions allemandes dans la forêt proche. Il transforma le moulin en scierie-parqueterie, que la roue fit tourner pendant 20 ans.»

L’énergie hydraulique

Une roue hydraulique est un moteur qui transforme l’énergie potentielle de l’eau, résultant d’un dénivelé, en mouvement. La quantité d’énergie obtenue est fonction du débit et de la hauteur de chute (dénivelé).

En dessous de 1 m de dénivelé, on n’obtient que de faibles puissances (à peine quelques kilowatts pour une roue « au fil de l’eau » comme celle du moulin d‘Andé). Par contre, des torrents de montagnes à faible débit mais gros dénivelés peuvent fournir des puissances importantes.

Plus une roue, ou une turbine, peut tourner vite, plus elle fournira d’énergie, avec un couple (la force exercée sur l’axe) plus faible que celui d’une roue de basse chute qui devra être de diamètre beaucoup plus grand, avec un couple très élevé qui impose une structure massive.

Le moulin de Pîtres, l’île Sainte-Hélène

C’est ainsi qu’au moulin de Pîtres, la roue de 6,40 m de diamètre, ne tournant que 4 tr/min. pour fournir une puissance d’environ 10 kW, a un couple très élevé, ce que montre le diamètre de l’arbre et de la flasque, qui doivent résister à plusieurs tonnes-mètres.

Aujourd’hui, la puissance d’une roue hydraulique paraît souvent faible, puisque des moteurs électriques bien moins encombrants peuvent fournir l’équivalent. Mais il faut bien se souvenir qu’avant les moteurs thermiques ou électriques, ces roues représentaient par rapport à l’homme ou au cheval des sources d’énergie extraordinaires : ainsi quand une roue comme celle de Pîtres tournait, elle fournissait le travail d’une cinquantaine d’hommes. On comprend donc l’énorme importance qu’a eue dans le passé la force hydraulique, et qu’elle devrait retrouver en tant qu’énergie décarbonnée.


Sources

Archives Départementales de l’Eure (série S)

Fédération Française des Associations de sauvegarde des moulins

Association des Chutes de Bassin de l’Andelle

Archives du Patrimoine

Archives personnelles

 

Michel Bienvenu