1 août 2017

Extraits de la presse locale d'avant 1914

L'Industriel de Louviers

Lu dans l'Industriel de Louviers
avant ou pendant la guerre 14-18


Il va falloir serrer les boulons ...
L'Industriel de Louviers

Grâce à une courageuse dénonciation anonyme, trois enfants privés de leur père par la guerre le seront aussi de leur mère...
L'Industriel de Louviers

L'évolution des mœurs...
L'Industriel de Louviers

Si nos lecteurs se souviennent de l'article que nous avons publié sur le cardinal Amette dans notre numéro 4, ils apprécieront pleinement l'humour de cette réclame pour le vin Mariani
L'Industriel de Louviers - vin Mariani


La calomnie
L'Industriel de Louviers
L'Industriel de Louviers
L'Industriel de Louviers



Le mal est fait, il chemine, il s´avance
De bouche en bouche il est porté
Et l´on voit le pauvre diable
Menacé comme un coupable
Sous cette arme redoutable
Tomber, tomber terrassé
Roger Bourdin

L'Industriel de Louviers
L'Industriel de Louviers
L'Industriel de Louviers


(nous transcrivons la suite pour une meilleure lisibilité)
L'abbé Michel, mécontent de voir les enfants arriver en retard au catéchisme s'en plaignit à l'instituteur qui lui fit observer que ce n'était pas lui qui créait un état des choses qui n'existait pas auparavant. Le curé se crut persécuté et engagea la lutte contre l'école laïque : "Je me plaindrai en chaire dimanche prochain!" déclara-t-il. En effet, le dimanche suivant était le jour de la Toussaint et l'église était pleine de monde. En chaire le curé fulmina contre les instituteurs de la commune et contre l’école laïque, puis le lendemain il fit distribuer dans les maisons des petites brochures contre l’enseignement laïque.

Lorsque M. Halleur fut mobilisé, le curé de Radepont par déférence et par charité chrétienne pour une femme digne de respect – c’est la baronne Levavasseur elle-même qui le déclare – aurait dû cesser la guerre pour ne penser qu’à l’autre guerre si terrible et si meurtrière pour les enfants de la France.

Eh bien non ! Il semble s’être au contraire montré plus agressif et plus violent qu’auparavant. Parce que l’institutrice employait dans sa classe l’Histoire de France de Calvet, le curé de Radepont fulmina contre ce livre d’enseignement ultra laïque (dans le texte) et s’acharna contre Mme Halleur. À cinq reprises différentes, il placarda contre elle et son enseignement des affiches manuscrites qu’il avait, il est vrai, carrément signé de son nom.

Une des affiches avait été placardée à la porte même du presbytère. Elle eut le sort de tous les pamphlets et fut souillée d’ordures. Le curé colla au-dessus une autre affiche ou il avait écrit en gros caractères : « Admirez l’ordure des pourceaux, les honteux amis de la Halleur institutrice ».

En employant cette expression méprisante et grossière « la Halleur », le prêtre ne voyait donc pas qu’il commettait une vilaine action. Il outrageait une femme qui ne pouvait lui répondre et de plus une personne que la baronne Levavasseur considère comme une « bonne et digne mère de famille ! ».

Ce n’est pas tout, le 3 octobre dernier en chaire, l’abbé Michel n’oublia pas de tomber à bras raccourcis sur l’institutrice ; Mme Levavasseur n’était pas là pour l’entendre et elle lui donnait une leçon qu’il aurait dû comprendre car c’était un blâme muet, mais il y avait un certain nombre de fidèles, entre autres le Général Desvaux qui est soigné à l’hôpital du château de Radepont.

Il entendit le prêtre déclarer publiquement que l’institutrice donnait le mauvais exemple et il retint cette phrase «les enfants sont heureux de venir au catéchisme quand la force brutale ne les en empêche pas. Eh bien ! Félicitations à tous. C’est le plus beau soufflet appliqué sur la joue des adversaires ! » Ne croirait-on pas entendre le sermon d’un de ces prêtres braves et patriotes des pays envahis et qui sont demeurés avec leurs ouailles sous la botte des hordes germaniques.

Parler de force brutale et de soufflet sur la joue de l’adversaire à propos d’une institutrice française et alors que chacun s’efforce de mettre en pratique l’union sacrée si nécessaire !
Le Général Desvaux fut suffoqué. Les fidèles ne le furent pas moins et il y eut des murmures dans le sanctuaire de paix et de miséricorde. L’abbé Michel blêmit de colère devant ce blâme : « j’entends des murmures tonna-t-il, ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à sortir ! ».

C’en était trop. Mr Labbé, adjoint, qui remplaçait le maire mobilisé, écrivit à Mr le Procureur de la République des Andelys et déposa une plainte formelle contre le curé de Radepont.

Mme Halleur de son côté a demandé des poursuites contre l’abbé Michel non point tant à cause d’elle que parce qu’elle n’entend pas que le blâme et l’anathème soit jeté sur les parents de ses élèves.

Une pétition ou figurent les noms de la plupart des habitants de la commune a été signée, demandant le déplacement du curé et il n’est pas douteux que l’évêque si distingué de notre département fera droit à leur requête, dans l’intérêt éclairé de la religion.

L'Industriel de Louviers
Suit le récit d'un incident mettant le curé Michel qui, au mépris de la loi, décide d'inhumer sans permis une fillette de deux ans, et devant les reproches que lui fait l'adjoint au maire, déclare : "Cela m'est bien égal que vous disiez que j'ai mal agi. Si vous avez des droits, vous les ferez valoir."

Bernadette et Gérard Hélouin



            Le rédacteur de l'article est représentatif de l'opinion publique du moment : le curé Michel, à l'heure de l'union sacrée contre l'ennemi allemand, apparait comme un retardataire qui s'entête à continuer une guerre de tranchées contre l'institutrice, alors que son mari est au front, et il réussit ainsi à se mettre à dos un général et une baronne...

L'Industriel de Louviers
Tout ça n'empêche pas Nicolas
Qu'la Commune n'est pas morte!