Le centre de la paroisse du Manoir en 1787 (Archives
de l'Eure)
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Le Manoir An II (1793-1794)
L'an II, c’est l'année clé de la Révolution, pendant laquelle la toute jeune République doit se battre sur
tous les fronts, aux frontières contre l'Europe des rois, et à l’intérieur
contre les soulèvements royalistes (chouannerie,
Vendée) ou fédéralistes. Le Comité de Salut Public qui la dirige va durcir
considérablement son pouvoir : c'est la Terreur. Par ailleurs les besoins sont
grands pour ravitailler l'armée en hommes, en armes, en chevaux, en fourrage
(le carburant de l’époque), en vivres, que l’on réquisitionne aussi pour
nourrir les villes. La disette menace, et
la politique de réquisition menée contre des paysans qui rechignent à
vendre leurs produits à bas prix (loi du maximum, voir n°1), surtout quand ils
sont payés en assignats dévalués, aggrave la pénurie.
Les grandes
familles de laboureurs :
les Leclerc,
Revert, Tesson, Depîtres, Bisson,
Fréret, et 22 Depîtres... ( en comptant seulement les chefs de famille : combien en tout ?)
Les grands
propriétaires absents :
les sieurs de
Coqueromont, seigneur de Pont-Saint-Pierre, Bizet, bourgeois de Rouen, Girot,
de Fresnes-l'Archevêque, la dame Meilleur, de Feuguerolles
Les
« clercs » Le curé Maille doyen du prieuré de Perriers, réfractaire,
remplacé par
Bruno Jacques
Jérémie Leblond, d'abord meneur sans
troupes, futur volontaire de l’an II - rescapé de quelles batailles?- qui finit
maire du Manoir sous le Directoire, mais aussi Nicolas Yves Pelletier, greffier, parfois collecteur de taxes, instituteur
Les petits, les
sans-grades : listes
d’indigents, d’allocataires, de protestataires… qui ont parfois les mêmes noms
de famille que les laboureurs.
Dans les registres de délibérations du conseil municipal du Manoir sous
la Révolution, on perçoit la manière dont l'ensemble de la population d'un petit village rural se trouvait affecté par
une politique qui se faisait surtout à Paris, et y adhérait ou s'y opposait. Ce
type de document nous met plutôt au contact des notables, mais permet cependant
de deviner des oppositions de classes sociales.
Rappelons le contexte :
Le Manoir compte environ 360 habitants, formant une centaine de feux
(foyers, on dirait aujourd'hui ménages) Avant 1789, la propriété semble
répartie entre quelques seigneurs, dont
Antoine-Pierre-Thomas-Louis Caillot de Coquereaumont, président au parlement de
Rouen, et seigneur de Pont-Saint-Pierre, l'abbaye de Saint-Ouen, et quelques laboureurs de la paroisse. Ces laboureurs,
paysans aisés, mais qui n'ont rien à voir avec les propriétaires et les
seigneurs qui ne travaillent pas leurs terres, nous les connaissons bien,
puisque ce sont eux qui depuis 1789 sont les élus du Manoir. Nous les
retrouvons donc de semaine en semaine et parfois de jour en jour dans le registre
de délibérations, qu'ils signent
régulièrement. Ils sont peu nombreux, et appartiennent à un très petit
nombre de familles : Leclerc,
Depîtres, Tesson, Revert, Bisson, Fréret, Milliard. Ainsi, en 1788, en
l'absence du sieur de Coquereaumont ,
seigneur de la paroisse Jean-Baptiste Leclerc est syndic de l'assemblée
municipale, il a comme adjoints Jean-Baptiste Revert, Jacques Depîtres, Jean
Tesson, le greffier est Jean-Louis Bisson.
Les
plus forts contributeurs à l'impôt en 1790
(pour
un total perçu de 2096 livres)
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REVERT
Fr. fermier du sieur Biset de Rouen
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273
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Sieur Girot de
Fresnes l'A. (a refusé de faire sa déclaration)
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185
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DEPITRES J.
fermier de la veuve Martin
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121
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BISSON J. fermier
de la veuve Levavasseur
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77
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Sieur curé
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51
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Vve FRERET
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49
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DEPITRES J.P
fils, fermier de Louis Fréret et
r.Milliard
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47
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TOLMET Louis
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45
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TESSONJean
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43
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Sieur Biset de
Rouen pour maison de maître
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38
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DEPITRES Pierre
fermier de Biset
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37
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DEPITRES J.B.
fermier de Loguet, Biset, N.Depitres
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24
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DEPITRES
Jean-Pierre fermier de Milliard père
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22
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DEPITRES Etienne
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21
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J-B Leclerc est en juillet 1791 le principal acheteur lors
de la vente de biens nationaux (pour le Manoir c’était les terres qui
appartenaient à l'abbaye de Saint-Ouen) : il en achète pour 18 500 livres,
somme très importante : les terres étaient estimées entre 10 et 40 livres
l’acre, cela pourrait donc représenter entre vingt et cent hectares. L'autre
acheteur de biens nationaux, François Milliard, n'en achète que pour 5400
livres.
Mais le personnage le plus important de la commune, c’est le curé,
Nicolas Maille, doyen de Perriers sur Andelle, premier maire du Manoir, en
1790, élu par 36 voix sur 46 (ne votent que les citoyens actifs). Mais, devenu
curé « réfractaire » (voir n°1), il est remplacé par Bruno Jacques Jérémie Leblond, nommé par
Monseigneur Robert Thomas Lindet. Les habitants du Manoir, peu satisfaits de ce
curé révolutionnaire demandent dans une
pétition suivie de 39 signatures à garder le curé Maille, homme charitable, bon
citoyen, etc. Pourtant, assez
bizarrement, quand il faut élire un nouveau maire, c'est le curé Leblond qui est élu, mais il démissionne
pour rester curé. Jean-Baptiste Leclerc est
élu maire.
Robert
Thomas Lindet, évêque constitutionnel et
député du département de l’Eure est le frère de Robert Lindet, membre du Comité
de Salut public, rédacteur de la loi de Prairial, qui instaure la Grande
Terreur en accélérant les procédures de jugement et en ne laissant aux tribunaux
que deux possibilités : l’acquittement ou la mort…
Six mois plus tard, la cote du curé Leblond est au plus bas : les
membres de la municipalité établissent contre lui un procès-verbal, pour
« insultes proférées envers eux au cours de la messe et des vêpres de ce
jour dans l’église du Manoir », et envoient au
directoire du district de Louviers une requête contre lui, qui reste sans
effet, comme on pouvait se douter.
Dès 1792, les préoccupations des habitants vont changer. La guerre est
déclarée, les inventaires commencent, qui annoncent les futures réquisitions :
biens destinés à la célébration ou à la décoration du culte, armes et munitions
(fusils, mousquetons, pistolets, bâtons ferrés), trois volontaires partent pour
la défense de la patrie en danger, avec trois fusils réquisitionnés. Puis le
problème essentiel devient celui des subsistances : voir le bulletin n°1)
En décembre 1792, Jean-Baptiste Leclerc est réélu maire, tandis que le
citoyen curé est « nommé
unanimement lecteur des lois grâce à son civisme et son patriotisme ».
L’année 93
La situation se durcit….La guerre s’est étendue à l’Angleterre et à
l’Espagne, Dumouriez, principal général du front de l’Est, a trahi, la
Convention décrète la levée en masse : réquisition permanente de tout
citoyen en état de porter les armes. On traque partout les
« suspects »
La municipalité déclare qu’il
n’y en a point au Manoir, et le curé Leblond lui reproche cette
« hésitation » à dénoncer, il désigne le curé réfractaire Maille,
ses domestiques, et deux autres personnes, et menace de quitter la commune. On pourrait alors se dire que ses
paroissiens auraient dû se sentir soulagés d'être débarrassés de lui, mais
peut-être sentaient-ils qu'en même temps ce révolutionnaire patenté contribuait
à les protéger.
Alors —parce que le curé Leblond a réussi à
convaincre quelques bonnes volontés?— Jacques-Louis Bisson et François
Leclerc, laboureurs, accusent François Milliard "de n'être qu'un
aristocrate", mais refusent de
signer un procès-verbal, ce qui va permettre à celui-ci d’être tiré
d’affaire : " il apparaît selon l'opinion des habitants
présents qu'il n'est pas regardé comme suspect, n'ayant ni parlé ni agi contre
le principe républicain, et il résulte que cette dénonciation n'a pu être que
l'effet d'un trop grand patriotisme qui
remontait à une période trop
éloignée" —l'époque sans
doute où J-F Milliard était décimateur à Pîtres et y était le deuxième revenu
après le sieur Caillot de Coqueréaumont.
Peu de temps
après, des visites ont lieu chez tous les possesseurs de grains et farines afin
de vérifier les déclarations. Six
boisseaux de blé sont confisqués à
Jacques-Louis Bisson, qui avait "oublié" de les déclarer, et
attribués aux pauvres de la commune : petite vengeance pour le guérir de son zèle dénonciateur ?
Juin : Le manque de
grains se fait sentir, la situation se tend : on projette d’aller en
nombre* à Pont-de-l'Arche pour se
procurer des subsistances, puis , comme on ne peut plus se procurer de
grains sur les halles et marchés dans un rayon de quatre lieues (16 km), les habitants demandent qu'une
pétition pour obtenir 80 sacs de blé soit présentée au ministre de l'Intérieur
ou au Comité des subsistances par le
citoyen Leblond "connaissant la pureté de son civisme, de son
patriotisme, de son républicanisme et du zèle dont il est animé pour la paix et
la félicité et le bonheur de ses concitoyens." Que de fleurs ! La cote du curé Leblond a
bien remonté, on estime surtout qu’il est le plus à même d’obtenir du pouvoir révolutionnaire,
dont il est le plus proche, de quoi sauver le Manoir de la disette. cf
rôle de l’instituteur Corot à Pîtres ( voir n°1)
*
C’est une pratique fréquente que de se rassembler pour réclamer du blé .Dans
les périodes difficiles, on parle d'émeute frumentaire, les populations
affamées affrontent l'autorité pillent ou achètent de force. Il y a parfois des
morts…..
Juillet : gardes organisées toutes les nuits du 9 heures du soir à 3 heures du matin, pour surveiller les récoltes et éviter toute dégradation
Août : pour préparer la
grande fête du 10 août à Louviers "toutes les municipalités se feront remettre
par les ci-devants propriétaires de fief, leurs ci-devants receveurs ou agents
et par tous dépositaires les aveux, déclarations, terriers, cueilloirs et
titres constitutifs ou reconstitutifs des rentes, les droits ci-devants
seigneuriaux supprimés sans indemnité, et […] les restes de la féodalité seront
brûlés par chaque commune à la fête du 10 août."
Un incident local
minime, mais qui révèle un climat tendu : "J-P Tesson, marchand, laboureur
à Alizay, a surpris la citoyenne Marie- Anne Le Sueur, femme de Jean-Pierre
Depîtres, faisant de l'herbe au râteau sur sa pièce de terre, laquelle était
marquée en défense par plusieurs placards. Il lui a demandé pourquoi et elle a
répondu qu'elle pensait que c'était seulement interdit aux bestiaux. Il lui a demandé de partir et de laisser
l'herbe. Elle s'est retirée après résistance à vive voix. Elle est revenue deux
heures plus tard pour la récupérer et devant son opposition lui a asséné deux
coups de poing sur la tête et lui a dit tu t'en repentiras ainsi que
plusieurs autres injures."
La moisson est faite, et les ordres de réquisition vont pleuvoir…
Septembre : le Manoir doit fournir 16 quintaux de blé
pour l'approvisionnement de Paris, on recense les charrues,
combien les cultivateurs ont fourni pour les magasins de Paris et Rouen et
combien sont en retard : "ceux qui ne référeront pas à la présente
réquisition, soient officiers municipaux par négligence, soient cultivateurs
par une coupable indifférence pour le statut de leurs concitoyens, seront
poursuivis comme ennemis publics, arrêtés sur le champ et tout le grain dont
ils seront trouvés possesseurs confisqué [...] et vendu au profit de la
République."
Un commissaire
envoyé par le district de Louviers vient prendre des renseignements
sur " les notables, ci-devants seigneurs, prêtres réfractaires, ainsi que
d'autres personnes désignées : le citoyen Charles Depîtres et sa femme, anciens
domestiques du prêtre réfractaire Maille, et déclarés suspects, car ne se
rendant pas à l'office du prêtre constitutionnel ". On répond "ils assistent régulièrement aux
assemblées de citoyens et n'ont jamais parlé ni agi contre le principe
républicain et depuis le dernier procès-verbal les rendant suspects, ils vont
maintenant à l'office comme les autres, en conséquence nous les retirons de la
liste des suspects". Il semble donc qu’une solidarité
s’exerce à l’intérieur de la commune pour se protéger de l’extérieur
Octobre : ordre de fournir
14 quintaux (environ 700 kg) de blé pour l'approvisionnement de la ville de
Rouen, quantité revue à la hausse après vérification , bien entendu on essayait toujours de verser
le moins possible, mais les villes avaient besoin de blé et "veillaient au
grain"...
L’an II
Vendémiaire (
octobre 1793 )
- Louviers ordonne
la descente des cloches et leur envoi, réponse: "l'une sera descendue et l'autre
restera conformément à la loi du 23 juillet 1793"
- chaque canton
devant fournir 6 chevaux pour le service de cavalerie ainsi que la quantité
d'avoine nécessaire pour nourrir un cheval pendant un an , la commune du Manoir
doit fournir 15 quintaux d'avoine.
On a pu acheter
des farines au Havre. Grand port d'exportation des farines vers
les Antilles, dans le cadre du commerce triangulaire (traite des Noirs), le
Havre était doté de grands magasins et a importé des farines en période de disette.
Brumaire
Bras de fer avec les autorités de
Pont-de-l'Arche, qui, on le voit, savent
se faire obéir :
- Suite à un arrêté autorisant la commune de
Pont-de-l'Arche à opérer les réquisitions nécessaires pour l'approvisionnement
de son marché, arrivent deux commissaires, qui exigent 50% de réquisitions
supplémentaires.
- Le procureur de la commune, Pierre Leclerc, donne son accord.
- Mais J-B Leclerc (maire) et Jean-Baptiste
Tesson (officier municipal) n’acceptent de fournir que 25 % de plus.
- Le
haut-commissaire laisse aussitôt six hommes en garnison "à
raison de 40 sols par jour chacun et leur nourriture, lesquels frais ne seront
supportés par le procureur de la commune attendu son adhésion à la réquisition
ci-dessus."
- Le jour même, les autorités municipales
« invitent » les cultivateurs à accepter l’augmentation de 50 %, ce qui est fait.
On nomme un commissaire pour veiller aux
subsistances des personnes "en grande nécessité" et s’en faire
procurer par les cultivateurs.
On rassemble les
jeunes gens mis en réquisition par la loi du 23 août, et "tous les fusils , même ceux de chasse pour
être réparés et en armer les défenseurs de la patrie."
Nivôse : on demande de
faire écorcer les chênes pour servir de teinturerie, des couvertures et des
souliers pour l’armée de la République. On recense les citoyens de 18 à 40 ans, garçons ou
hommes veufs sans enfants.
Arrive un gendarme
qui apporte le questionnaire auquel les réponses seront rapidement faites (voir en fin d'article).
Pluviose
Les biens des
fabriques, c'est-à-dire des associations qui entretenaient les églises, achetaient les ornements, etc…sont recensés
et déclarés biens nationaux
On fait
l’inventaire des grains disponibles : 302 quintaux (environ 1 500
kg), et on récupère le cuivre (chandeliers de l’église) et le plomb pour les
transférer à Louviers.
Une assemblée est
réunie pour régler les dépenses et frais de réception de farine reçue du
magasin du Havre. On a donc pu acheter
de la farine soit d’importation, ou qui était destinée à l’exportation .
L’emprunt forcé : les revenus nécessaires (1000 livres pour les
célibataires, 1500 pour les gens mariés, plus 1000 pour chaque membre de la
famille) sont exemptés ; les revenus abondants sont taxés d’un impôt progressif qui va de 10 à 50 %
du revenu ; les revenus superflus
(au-dessus de 9000 livres) sont taxés de
façon à ne pas laisser plus de 4500 livres de plus que le nécessaire.
Cet emprunt forcé fut un échec. Les
riches ne payèrent pas, profitant des difficultés à faire appliquer cette loi .
Ventôse : réponse à
l’emprunt forcé : «personne n'a assez de revenus au Manoir… »
Et personne n'est
prêt à se charger de la perception de la contribution foncière de 1793, au
tarif proposé…. signe que l’on s’attend à ce que cette perception soit
difficile.
Un commissaire de
Pont-de-l'Arche vient contrôler les grains et l’extraction des salpêtres.
On décide de
planter un chêne, comme arbre de la liberté, la cérémonie sera dirigée par J B
Depîtres, en tant que capitaine de la garde nationale, et "les
citoyens surpris dans les champs seront
pris et amenés à la police municipale". On demande,
si possible, constitution de société populaire*, elle est formée par : J.
Depîtres, J. B Revert, J. B. Depîtres fils, et M. Depîtres .On voit que les Depîtres sont bien représentés...
* celle-ci doit assurer la bonne application des lois et
dénoncer les contre-révolutionnaires, il est donc bien vu d’en constituer une.
Germinal : On forme un comité de surveillance : sur 40 votants, Louis Colinet obtient 32 voix, J. Lecourbe 27, Jean-Eutrope Bernard 33, J. P. Le Sueur 31, C.Bécu 25, Jacques Depîtres 23, Jean Louis Bisson 24, Jean Baptiste Depîtres 24 nous rencontrons ici de nouveaux noms : est-ce l’entrée en scène d’autres catégories sociales ?
Une
permanence a lieu à la maison commune de
6 à 7 h du matin
Le citoyen Leblond, curé
constitutionnel , va au bout de
ses convictions révolutionnaires : il a remis sa lettre de prêtrise ( donc démissionne) et va prendre les
armes, remettant ornements, clés et argenteries.
Floréal
Il y a
interpellation pour savoir où était le tronc de la « ci-devant confrérie
de Saint Martin » : un ancien de la confrérie, répond qu’il n’y en
avait pas. Les objets de culte «que le luxe avait introduits dans notre
temple » seront portés au magasin du district
On manque de
subsistances car le marché n'est pas approvisionné, les cultivateurs doivent
donc livrer du blé à la maison commune.
On réquisitionne : chevaux, charrettes,
bâches, cordes, sacs à avoine, peignes, brosses . Les chevaux de halage ne sont
pas réquisitionnés. J-B Leclerc et J-L Bisson, qui n'ont chacun qu’un cheval le
réclament pour leurs travaux, on arrive à un accord moyennant paiement.
Prairial
Robespierre tente de remplacer la religion catholique par un nouveau
culte : celui de l’ « Être suprême », "assemblée en la ci-devant église
dudit lieu, actuellement temple de l'Être suprême, afin d'épurer les autorités
constituées. [...] avant de procéder à l’épurement des fonctionnaires publics,
le citoyen Dagonnet (c'est l'envoyé du district) a demandé à être apuré lui-même
le premier, ce qui s'est fait, il a mérité et obtenu la confiance de tous les
citoyens... Il nous a ensuite exhortés fraternellement à adjurer les erreurs
dans lesquelles nous avaient portés ces hommes appelés prêtres, il nous a
démontré la conduite scandaleuse de ces pieux fainéants qui, accoutumés à
s'engraisser à nos dépens, nous imposaient des obligations auxquelles ils ne se
sont jamais soumis eux-mêmes…"
Le presbytère et
son jardin sont mis en adjudication.
L’affaire rapporte 122 livres 10 sous en
assignats, qui serviront à "édifier le local pour l’éducation de la jeunesse"
Messidor Il faut fournir une voiture à 4 chevaux
pour charger des briques à réverbérer à la fonderie de Romilly et les
transporter à la fabrique à canons de Breteuil
6 Thermidor : les résultats
de l’apurement sont rendus par Dagonnet : il est positif, il n’y a aucun
reproche à faire à la commune ouf !
15 Thermidor : les cochons doivent être amenés à
Pont-de-l'Arche, pour comptage, à 6 h du matin,
(aucune référence à la chute de Robespierre qui a eu lieu le 9
Thermidor)
Fructidor
On
réquisitionne des grains, et des
voitures à trois chevaux pour charger 20 quintaux de morue pour le district de Louviers.
Réponse: pour les
chevaux et juments : aucun cheval étalon ni jument poulinière n'a la taille
requise, sauf chez les Milliard et Revert, "mais ils sont pleins de gale et
hors d’âge"
On offre 184
livres pour la perception de la contribution foncière mais personne ne veut
s'en charger, la tâche reviendra donc à
la municipalité.
L’an III
La guerre n’est pas finie :
Ventôse « tous les citoyens qui se reposent le
ci-devant dimanche ... seront dénoncés à l'opinion publique et requis pour brûler et réduire en cendres
les marcs de raisin, poiré et cidre, on récoltera les urines, balayures et
toutes sortes d'immondices pour les porter à l'atelier de salpêtre »
La bataille de Wissembourg |
Frimaire, 150 livres sont allouées aux parents des défenseurs de la patrie (onze bénéficiaires, donc onze soldats ?) et on apprend que Étienne Dienis est mort aux gorges de Wissembourg. Cette bataille, menée du 26 au 29 décembre 1993 sous le commandement du général Hoche a permis de dégager toute l'Alsace. Son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile.