15 avril 2023

A propos du site internet

Notre site internet se révèle plutôt bien consulté : en trois ans, plus de 100 000 visites (63 000 provenant de France, 14 000 des Etats-Unis, 3 000 d’Allemagne, etc.)

 

Les dix articles qui arrivent en tête des consultations sont, dans l’ordre :

- la filature Levavasseur,

- les Gaulois,

- les jouets Euréka,

- la légende des deux amants,

- les selles Tron et Berthet,

- l’usine de pâte à papier de la SICA,

- les châteaux de Pont-Saint-Pierre,

- l’Edit de Pîtres,

- l’aciérie du Manoir (Pompey),

- la fonderie de cuivre de Romilly.

Louis Ernest Roullier, pétripontain méconnu

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier
Un pétripontain méconnu

Louis Ernest Roullier

Louis Ernest Roullier est né le 31 mai 1843 à Pont-Saint-Pierre, de Louis Napoléon Roullier, marchand et de  Rose Euphrasine Bouelle.

Il part à Paris et se marie en 1867 à Pont-Saint-Pierre avec Marie Ernestine Arnoult.

Il travaille comme vendeur au “Bon Marché” (Aristide Boucicourt, créateur du premier grand magasin du monde a eu l’idée d’associer ses employés en les commissionnant sur les ventes afin de les faire participer aux profits), Louis Ernest a donc amassé un petit pécule. Il étudie l’élevage des poules d’un point de vue pratique et néglige les généralités connues pour indiquer les meilleures méthodes d’élevage les plus productives.

A Paris, il est en contact avec son beau-frère Eugène Arnould. Les deux compères,  après avoir cogité sur l’histoire des poules de Houdan* se retrouvent avec toute la famille à Gambais en Seine-et-Oise, dans les années 1872.

réputée pour la délicatesse de sa chair (Louis XIV s’en régalait), connue aussi sous le nom de poule de Normandie, race française originaire de la commune éponyme dans les Yvelines. Elle a failli disparaître face à la concurrence de races plus productives. Une dizaine d’éleveurs de la région de Houdan tentent  aujourd’hui de la faire revivre

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier

Il fallait trouver un moyen pour que les poussins puissent naître beaucoup plus facilement afin d’apporter la qualité et la quantité.

En 1873, ils inventent la première couveuse artificielle et reçoivent les félicitations du Ministère de l’Agriculture.

Louis Ernest prend le nom de Roullier-Arnoult.

Ils fondent un établissement sous le nom de “Grand Couvoir Français” duquel sortent chaque année 30 à 40.000 poussins mis dans des tiroirs de leurs incubateurs et qui s’éparpillent dans toutes les directions chez les éleveurs qui n’ont plus besoin de faire naître eux-mêmes. Messieurs Roullier-Arnoult ont parfois jusqu’à 4000 œufs en incubation dans leurs appareils.

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier

A partir de la vingtième heure de naissance, les poussins partent dans un appareil spécial, une boîte à expédition dans laquelle ils sont confortablement installés avec provisions et victuailles pour la durée du voyage.
Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier

Les premiers chemins de fer les emportent vers la France, Suisse, Allemagne, Belgique, Italie .... Par ailleurs, trouvant trop compliquées les gaveuses (pour mettre en valeur le poulet gras de Houdan), ils en fabriquent une appelée “la compressive”, d’une extrême simplicité, un emploi si facile qu’elle est adoptée par nombre de praticiens de l’engraissement.  Il leur est attribué une grande médaille d’or.

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier

Non content d’avoir révolutionné la traditionnelle activité d’élevage de la région de Gambais, Ernest Roullier veut encore la développer et la pérenniser au moyen d’un enseignement théorique et pratique qu’il dispensa au sein d’une école d’aviculture qu’il fonda à ses frais avec le ministère de l’agriculture en 1887. L'École d’Aviculture de Gambais,  première de ce genre en France et à l’étranger  ouvre ses portes le 1er mai 1888 avec pour premier directeur Ernest Roullier. Cet établissement est destiné à donner un complément d’étude à tout ce qui touche la basse-cour et la production des gallinacés aux jeunes gens sortant des écoles pratiques de l’état, et qui se destinent à diriger une ferme, à former des élèves, jeunes gens et jeunes filles de 15 à 40 ans, capables de diriger un établissement avicole, faisant éclore, élevant, engraissant la volaille par des procédés pratiques, artificiels ou naturels.

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier - Ecole d’Aviculture de Gambais : salles d’étude et dortoir
Ecole d’Aviculture de Gambais : salles d’étude et dortoir

Caractéristiques de l’école

L’école est la première du genre où l’on apprend, peu importe l’âge, l’art de faire éclore, d’élever et d’engraisser les oiseaux de basse-cour. Les cours sont théoriques et pratiques, deux fois par semaine, un professeur fait un cours théorique sur l'aviculture, puis vient la pratique quotidienne, explication vivante de la théorie : les élèves dirigent eux-mêmes tous les travaux d’entretien et de nettoyage, quels que soient leur âge et leur qualité. Tout le monde travaille : ”il le faut pour ceux qui sont appelés à servir chez les autres, il le faut surtout pour ceux qui sont appelés à commander”. Les élèves sont internes, mais c’est un internat “doux et agréable". Leur travail accompli, ils peuvent sortir et rentrer quand ils veulent (excepté pour les jeunes gens). Ils couchent en dortoir ou dans des chambres séparées moyennant un léger supplément. Les repas se prennent à la table du directeur, même menu pour tous, aucun supplément, même payant, n’est accordé.

Un pétripontain méconnu Louis Ernest Roullier

Louis Ernest Roullier devient maire de Gambais de 1902 à 1912. Vers 1893, ses deux gendres étaient entrés dans l’entreprise.

Il décède à Gambais le 31/10/1915. Son gendre, Franky Farjon prendra la direction de l’école d’aviculture. Il fut chevalier de la légion d’honneur (à l’occasion de l’exposition universelle de 1889), commandeur du mérite agricole, officier d’académie, et vice-président de la Société Nationale d’Aviculture.

L’école a fermé vers les années 1940.

Sources

- Pierre Christophe Petit dit Dariel, son petit-fils, sur Généanet

- Dictionnaire biographique de Seine-et-Oise,  vers 1904

 

Philippe Levacher

Ils sont passés par ici

Ils sont passés par ici, 

et Histoire du Val de Pîtres en a parlé... 

1 - Un des comiques les plus appréciés des Français, il est venu tourner aux écluses de Poses

2 - Déjà numéro un en France, mais porteur d’une ambition encore plus grande, il vient visiter une usine d’importance stratégique

3 - Son royaume étant de plus en plus menacé par des bandes de pillards, il vient établir un barrage pour les empêcher de remonter vers la capitale

4 - C’était un groupe de musiciens un peu connus qui parcouraient la campagne

5 - Inspirateur du père d’Astérix, quand il ne dessinait pas ses animaux anthropomorphes, il tenait une auberge réputée

6 - C’est de la rive d’en face, chez son ami écrivain, qu’il a peint la vallée

7 - Il ne fait peut-être que passer, mais tient à laisser un témoignage de la beauté du site

8 - Inventeur d’un procédé révolutionnaire dans la fabrication des clôtures, parti de la forge familiale il développe une entreprise dans un tout autre matériau

9 - Il est né « de l’autre côté de l’eau », mais il viendra souvent peindre cette église

10 - Grand ami de Maupassant, il a souvent pu contempler ce paysage en arrivant dans la vallée et a décidé de le peindre

11 - Grand industriel venu s’établir près d’une abbaye en ruine, il nous laisse une autre très belle ruine

12 - Il a longtemps tenu une quincaillerie, et à ses moments perdus tentait d’améliorer la petite reine

13 -  Inventeur de génie, victime d’une ignoble cabale du fait de ses origines, l’usine qu’il a montée deviendra la grande référence dans la production de jouets

14 - Battant la campagne, il passe à Pîtres en 1932

15 - Cardinal, certes, mais pour la mise en forme, il préférait la coca au cassis

16 - Lui, par contre, a dénoncé, au pinceau, les ravages de l’alcool

17 - Le père d’une célèbre recette de jeunesse éternelle qui officiait, mais ailleurs qu’en officine

18 - On lui a laissé un beau vélo en bas de la côte qui monte à son château

19 - Entre deux batailles, il venait souvent, dit-on, rencontrer sa belle dans un château du coin

20 - Son père était ingénieur dans une grande usine venue ici pour des raisons stratégiques

21 - Il savait d’expérience que dans le vélo ne faut pas négliger la selle, donc il préféra les fabriquer lui-même 






































5 avril 2023

Hubert Terry, amoureux de la nature

Hubert Terry, amoureux de la nature
Hubert Terry 

un champion de la nature à Amfreville-sous-les-monts



« Quel est, du Vespertilion de Natterer et du Vespertilion de Bechstein, celui dont l'oreille présente le tragus le plus développé ? »

Hubert Terry opte pour Bechstein et perd 3,7 millions de francs, une fortune qui lui aurait permis de se consacrer entièrement à la zoologie et de faire monter les 12 000 m de pellicules dont il voudrait faire un film.

Depuis cinq semaines il gagne dans l’émission « Le gros lot » qu’anime Pierre Sabbagh, mais après avoir beaucoup hésité, il vient de donner la mauvaise réponse au grand dam de tous ses supporters.

Nous sommes à la fin des années 50, peu de gens ont encore la télé, mais cela ne l’empêche pas d’être un champion que tout le monde connaît. Jusqu’à ce jour, ses connaissances en matière de sciences naturelles ont ébloui les téléspectateurs.

C’est pourquoi, lorsque, sûr de son savoir, il refuse que sa réponse ne soit pas acceptée, et proteste hautement contre la chaîne (il n’y en avait que deux à l’époque), on ne voit pas en lui un mauvais perdant mais on le prend au sérieux et on le soutient. La question affirme-t-il, était mal posée, et c’est pourquoi il a choisi cette réponse que la chaîne considère comme erronée, mais de nombreuses sommités de la biologie ou des sciences naturelles le soutiennent vigoureusement, comme le très célèbre Jean Rostand.

Hubert Terry, amoureux de la nature - Jean Rostand, à droite et quelques experts examinant les possibilités de recours d’Hubert Terry
Jean Rostand, à droite et quelques experts examinant les possibilités de recours d’Hubert Terry

Il avait raison, mais n’a pas les moyens de se lancer dans la bataille du pot de terre contre le pot de fer, et renonce à une somme qu’il voulait investir dans le montage du film animalier.

Il était né en 1920, en Inde, fils d’une rouennaise et d’un père de nationalité anglaise, chef de police à Delhi, grand chasseur de tigres mangeurs d’hommes. C’est en élevant au biberon un petit tigre qu’il engage son rapport avec les animaux. Puis, orphelin, il est placé à 13 ans par l’Assistance Publique comme commis agricole dans une ferme à Saint-Aubin Celloville, où il trouve plus de chaleur dans l’écurie où il couche parfois, qu’auprès des fermiers.

Il constate à quel point les animaux, sauvages ou domestiques, sont régulièrement massacrés et se fait leur ami. La sous-alimentation, le froid, le travail pénible, lui valent une attaque de paralysie des quatre membres. Un de ses oncles suisses le recueille et il devra rester entièrement allongé pendant deux ans.

Quand il rentre en France en 1940, il est arrêté par la Gestapo qui considère que puisqu’il est né aux Indes, il est de nationalité anglaise. Pendant ces 20 mois de captivité, il voit mourir de faim beaucoup de compagnons des cellules voisines. Il explique que vers la fin de son séjour, il s’est nourri en volant à une araignée qui les prenait dans sa toile les guêpes qu’elle capturait, et ce parce qu’il avait respecté, dans sa cellule, le nid d’une autre espèce de guêpes, dont les réserves de miel attiraient ces guêpes communes.

À la fin de la guerre, il va s’établir en Angleterre, où il se spécialise dans la taxidermie, et sa réputation amène le zoo de Londres à l’engager comme directeur de son laboratoire. À 28 ans, il quitte l’Angleterre pour travailler au laboratoire de biologie marine de l’université de Paris, à Banyuls, dans les Pyrénées-Orientales.

Il se fait militant de la cause animale, s’insurgeant contre les massacres inutiles de rapaces, d’oiseaux migrateurs, de serpents, tentant de convaincre chasseurs et agriculteurs en multipliant les appels dans les journaux de province. C’est pour cela qu’il se transforme en homme des bois, partageant de plus en plus la vie des bêtes sauvages pour les filmer sur le vif, se nourrissant lui-même de racines, de champignons, d’herbe, de baies, etc.

Hubert Terry, amoureux de la nature

Il avait commencé par passer le brevet d’instituteur, mais n’avait pu, à la suite d’un accident, accéder à l’université. Il sera autodidacte, lisant énormément, travaillant dans des parcs animaliers, voyageant sans relâche.
Hubert Terry, amoureux de la nature

Vipères, frelons, rats ne l’effraient pas. Pour le tournage de « Jacquou le croquant », qui fut l’un des films de télé les plus regardés, on lui confie le dressage de plusieurs centaines de rats.

Il anime tous les mois à la MJC de Vincennes des séances pour les Jeunes Amis des Animaux, avec des projections (cette époque n’était pas encore saturée d’images…) et récits de ses expériences. C’est pour pouvoir monter et montrer les kilomètres de pellicule qu’il a tournés qu’il s’était lancé à la chasse au gros lot...

Hubert Terry, amoureux de la nature - Pour étudier les petits rongeurs,  une taxidermie en 2D
Pour étudier les petits rongeurs,  une taxidermie en 2D

En plus, il va devoir quitter son logement de Vincennes, le propriétaire voyant d’un mauvais œil l’habitation transformée en ménagerie. Un voisin recueille chez lui ses animaux, mais il lui faudra bien finir par trouver une solution.

Il viendra habiter à Amfreville-sous-les-Monts, près de la forêt, une modeste demeure qu’il transforme en arche de Noé. La Société Protectrice des animaux de l’agglomération rouennaise lui confie souvent ses cas désespérés. Sa maison abrite un hibou cinquantenaire, un faucon, un épervier, des tortues, un chien…

Hubert Terry, amoureux de la nature

Il ne vit pas pour autant complètement coupé du monde, et va manifester contre l’extension de l’aéroport de Boos ou la création d’un aérodrome de plaisance à Flipou, toujours prêt à défendre la nature. Décédé en 2006, il est inhumé à Saint-Aubin-Celloville.

 

Sources

- Radar n°478

-  Paris-Normandie

-  Télé magazine

-  Revue des Jeunes Amis des Animaux

 

Philippe Levacher