1 octobre 2017

Crues de la Seine et de l’Andelle

Inondations Seine Andelle Côte des deux-Amants

Crues et inondations de la Seine et de l'Andelle

 

Distinguons d'abord crue et inondation : on parle de crue lorsque le débit d'un fleuve ou d'une rivière dépasse une certaine valeur (pour la Seine à Poses 1500 m³ par seconde, alors que son débit moyen est de 420 m³ et le débit minimal de 65). On voit alors l'eau monter dans le lit, et on parle d'inondation quand l'eau sort de ce lit. L'inondation est bien sûr ce qui marque le plus les hommes, redoutable par ses effets. On ne peut en mesurer l'importance que par la hauteur atteinte par l'eau en un point donné. 
Zouave du Pont de l'Alma
Zouave du Pont de l'Alma
C'est ainsi que tout le monde connaît le célèbre zouave du pont de l'Alma qui sert de repère de crue à Paris.
On distingue, en fonction de leur fréquence et de leur gravité quatre types de crues : décennale, vingtennale, cinquantennale et centennale.

CRUES ET INONDATIONS DE LA SEINE ET DE L'ANDELLE

Les premières crues de la Seine connues sont mentionnées en 358-59 et 582, puis elles ont été répertoriées presque en continu depuis le 12ème siècle. On trouve trace de 4 ou 5 par siècle jusqu'au 17ème, qui en compte onze, puis les chiffres s'emballent : huit au 18ème, 10 au 19ème et 18 au 20ème. 
Crues de 2016 Seine
crue de 2016 : échelle d'alerte, du vert au rouge, déclenchée par le Préfet de l'Eure

Pour le 21ème siècle, 2001, et bien sûr 2016, forte à Paris, mais restée modeste et brève sur notre territoire car il n'y a pas eu de crue de l'Oise, qui rencontre la Seine 70 km en aval de la capitale.

Origine des inondations

Ce sont d'abord, bien sûr, les précipitations. Prenons deux exemples :
la crue de 1910
fortes pluies en septembre et octobre 1909, novembre relativement sec, mais décembre copieusement arrosé, soit 450 mm de pluie au dernier trimestre 1909 : le double de la normale !
en janvier 1910, des pluies fortes (le double de la normale) tombent sur des sols saturés
la crue de 1955
novembre et décembre 1954 pluvieux
début janvier 1955, sol gelé et forts passages pluvieux, puis très fortes précipitations.

Pour nos communes, situées en aval du barrage de Poses, et ceci est valable pour toute la basse vallée de l'Andelle (on peut sentir l'effet de la marée jusqu'à la porte marinière, le vannage qui se trouve à la limite de Pîtres et de Romilly), l'effet des marées est déterminant : l’onde de marée montante freine l’écoulement des eaux de la Seine (marnage* à Poses : 1 à 2m voire 2,50m).

* marnage : différence de hauteur de l'eau entre deux marées.

La pression atmosphérique joue aussi son rôle : une baisse de pression entraîne une augmentation du niveau de la mer, et en plus, le vent d'ouest repousse les eaux dans la Seine.
L'élévation du niveau des mers dûe au réchauffement climatique joue aussi un rôle, qui ne pourra qu'augmenter.
A cela s'ajoutent les effets négatifs de l'action humaine : l'imperméabilisation des sols, la disparition des zones humides, les constructions, les remblaiements, les carrières. Les moyens de lutte contre les inondations existent mais se révèlent souvent insuffisants : barrages réservoirs, digues de protection …

Les débits de la Seine de 1987 à 2006, en m3/s
Les débits de la Seine de 1987 à 2006, en m3/s. A partir de 2000 m3/s commence généralement l'inondation. Le graphique permet donc d'en repérer cinq en 20 ans.

Vitesse d'écoulement et vitesse de propagation de la crue.

La pente moyenne de la Seine est de 9 cm par km de Paris à Poses (c'est très peu), 20 cm d'Andé à Pont de l’Arche et 30cm à Poses. La vitesse d’écoulement maximale à l’approche du barrage de Poses peut atteindre 3,50 m par seconde, soit près de 13 km/heure. Mais la vitesse de propagation de la crue étant de 3 km/h au maximum, soit 70 km par jour, deux à trois jours pour atteindre Poses après Paris.
Inondations Seine Andelle Côte des deux-Amants
Inondations de la Seine vues de la Côte des deux-Amants

Vitesse de la montée des eaux

En 1876, il a fallu 27 jours pour que la montée des eaux atteigne deux mètres, soit une montée moyenne de 7 cm par jour.
En 1910 la montée des eaux à Paris au pont de la Tournelle sera de 3,81 m du 20 au 28 janvier, soit 47 cm par jour.
La Seine a des crues lentes, mais il semblerait que les très récentes soient plus rapides.

Seine crue de 1994 barrage de Poses
1994. Le barrage "au clair" (complètement ouvert)


Volume d'eau écoulé

En 1876, 4 230 millions de m3 en 45 jours à Paris
En 1910, 260 millions de m3 par jour à Poses, soit plus de 5 milliards de m3 durant la crue, et en 1970, 4 500 millions de m3 en 28 jours

Durée des crues

Elle dépend essentiellement de la vitesse à laquelle l'eau va pouvoir s'évacuer dans la mer. La faible pente de la Seine rend cette durée assez longue.
En 1910, par exemple la crue dure deux mois à Paris avec 8 jours de débordement maximal, 20 jours à Poses dont 5 jours de débordement majeur.

On a connu ensuite à Poses :
- 1955 : 18 jours
- 1970 : 28 jours
- 1982 : 22 jours
Soit une moyenne de 15 à 20 jours de crue.
Crue de la Seine de 1910
L'inondation de 1910 (photo panoramique originale, archives Françoise Cantrelle)
L'inondation en 1910, Seine et Andelle
L'inondation en 1910, Seine et Andelle

Les inondations sur la basse Andelle - Crues historiques de 1910, 1995, 1999 et 2001

Elles sont entièrement dépendantes des crues de la Seine, mais peuvent être évidemment renforcées par les eaux venant de l'amont en cas de fortes pluies sur le haut de la vallée.
De Pîtres à Romilly, on a donc connu régulièrement les mêmes inondations que la vallée de Seine, touchant les parties basses de ces communes.
Pîtres L'île Sainte-Hélène crue Seine 1910
L'île Sainte-Hélène 

Pîtres La route d'Amfreville crue Seine 1910
La route d'Amfreville

Pîtres La guinguette crue Seine 1910
La guinguette

Pîtres La rue des moulins crue Seine 1910
La rue des moulins


Sources :
Archives de l'Association des amis de la batellerie.
Archives personnelles.


Hubert Labrouche