Crues et inondations de la Seine et de l'Andelle
Distinguons d'abord crue et inondation :
on parle de crue lorsque le débit d'un fleuve ou d'une rivière dépasse une
certaine valeur (pour la Seine à Poses 1500 m³ par seconde, alors que son débit
moyen est de 420 m³ et le débit minimal de 65). On voit alors l'eau monter dans
le lit, et on parle d'inondation quand l'eau sort de ce lit. L'inondation est
bien sûr ce qui marque le plus les hommes, redoutable par ses effets. On ne
peut en mesurer l'importance que par la hauteur atteinte par l'eau en un point
donné.
Zouave du Pont de l'Alma |
C'est ainsi que tout le monde connaît le célèbre zouave du pont de
l'Alma qui sert de repère de crue à Paris.
On distingue, en
fonction de leur fréquence et de leur gravité quatre types de crues :
décennale, vingtennale, cinquantennale et centennale.
Les premières
crues de la Seine connues sont mentionnées en 358-59 et 582, puis elles ont été
répertoriées presque en continu depuis le 12ème siècle. On trouve trace de 4 ou
5 par siècle jusqu'au 17ème, qui en compte onze, puis les chiffres s'emballent
: huit au 18ème, 10 au 19ème et 18 au 20ème.
crue
de 2016 : échelle d'alerte, du vert au rouge, déclenchée par le Préfet de
l'Eure
|
Pour le 21ème siècle, 2001, et bien sûr 2016, forte à Paris, mais restée modeste et brève sur notre territoire car il n'y a pas eu de crue de l'Oise, qui rencontre la Seine 70 km en aval de la capitale.
Origine des inondations
Ce sont d'abord, bien sûr, les précipitations. Prenons deux exemples :
la crue de
1910
• fortes pluies en
septembre et octobre 1909, novembre relativement sec, mais décembre
copieusement arrosé, soit 450 mm de pluie au dernier trimestre 1909 : le
double de la normale !
• en janvier 1910,
des pluies fortes (le double de la normale) tombent sur des sols saturés
la crue de 1955
• novembre et
décembre 1954 pluvieux
• début janvier
1955, sol gelé et forts passages pluvieux, puis très fortes précipitations.
Pour nos communes, situées en aval du
barrage de Poses, et ceci est valable pour toute la basse vallée de l'Andelle
(on peut sentir l'effet de la marée jusqu'à la porte marinière, le vannage qui
se trouve à la limite de Pîtres et de Romilly), l'effet des marées est
déterminant : l’onde de marée montante freine l’écoulement des eaux de la Seine
(marnage* à Poses : 1 à 2m voire 2,50m).
* marnage :
différence de hauteur de l'eau entre deux marées.
La pression
atmosphérique joue aussi son rôle : une baisse de pression entraîne une
augmentation du niveau de la mer, et en plus, le vent d'ouest repousse les eaux
dans la Seine.
L'élévation
du niveau des mers dûe au réchauffement climatique joue aussi un rôle, qui ne
pourra qu'augmenter.
A cela
s'ajoutent les effets négatifs de l'action humaine : l'imperméabilisation
des sols, la disparition des zones humides, les constructions, les remblaiements, les
carrières. Les moyens de lutte contre les inondations existent mais se
révèlent souvent insuffisants : barrages réservoirs, digues de protection …
Les débits de la Seine de 1987 à 2006, en m3/s. A partir de 2000 m3/s commence généralement l'inondation. Le graphique permet donc d'en repérer cinq en 20 ans. |
Vitesse d'écoulement et vitesse de propagation de la crue.
La pente moyenne de la Seine est de 9 cm par km de Paris à
Poses (c'est très peu), 20 cm d'Andé à Pont de l’Arche et 30cm à Poses. La vitesse
d’écoulement maximale à l’approche du barrage de Poses peut atteindre 3,50
m par seconde, soit près de 13 km/heure. Mais
la vitesse de propagation de la crue étant de 3 km/h au maximum, soit 70 km par
jour, deux à trois jours pour atteindre Poses après Paris.
Inondations de la Seine vues de la Côte des deux-Amants |
Vitesse de la montée des eaux
En 1876, il a
fallu 27 jours pour que la montée des eaux atteigne deux mètres, soit une
montée moyenne de 7 cm par jour.
En 1910 la montée
des eaux à Paris au pont de la Tournelle sera de 3,81 m du 20 au 28 janvier,
soit 47 cm par jour.
La Seine a des
crues lentes, mais il semblerait que les très récentes soient plus rapides.
1994. Le barrage "au clair" (complètement ouvert) |
Volume d'eau écoulé
En 1876, 4 230
millions de m3 en 45 jours à Paris
En 1910, 260
millions de m3 par jour à Poses, soit plus
de 5 milliards de m3 durant la crue, et en 1970, 4 500 millions de m3 en 28 jours
Durée des crues
Elle dépend
essentiellement de la vitesse à laquelle l'eau va pouvoir s'évacuer dans la
mer. La faible pente de la Seine rend cette durée assez longue.
En 1910, par
exemple la crue dure deux mois à Paris avec 8 jours de débordement maximal, 20
jours à Poses dont 5 jours de débordement majeur.
On a connu ensuite
à Poses :
- 1955 : 18 jours
- 1970 :
28 jours- 1955 : 18 jours
- 1982 : 22 jours
Soit une moyenne de 15 à 20 jours de crue.
L'inondation
de 1910 (photo panoramique originale,
archives Françoise Cantrelle)
|
Les inondations sur la basse Andelle - Crues historiques de 1910, 1995, 1999 et 2001
Elles sont
entièrement dépendantes des crues de la Seine, mais peuvent être évidemment
renforcées par les eaux venant de l'amont en cas de fortes pluies sur le haut
de la vallée.
De Pîtres à
Romilly, on a donc connu régulièrement les mêmes inondations que la vallée de
Seine, touchant les parties basses de ces communes.
Sources :
Archives de l'Association des amis de la batellerie.
Archives personnelles.