Les industries de la Vallée de l’Andelle (suite)
Voici la suite de l'article commencé dans notre numéro 7 sur les industries de Charleval
et des communes avoisinantes.
Nous remontons maintenant l'Andelle juste
au-dessus de Charleval.
La Tannebrune
Sous les bois de la Tannebrune s'étendait
au XVIIIème un marais inaccessible, rempli de glaïeuls, joncs et roseaux, que
le marquis Frémont d'Auneuil avait fait assécher pour le transformer en
prairie. L'emplacement offrait une chute d'eau de plus d'un mètre, largement suffisante pour mouvoir le moulin à draps
et le moulin à blé qu'il envisageait d'y implanter. Après il y installa une
mécanique à filer le coton.
Pour les besoins du flottage des bois
descendant de la forêt de Lyons, à l'amont de ses ouvrages, il établit un
râtelier et deux vannes qu'on levait pendant le passage des bûches.
En même temps il construisit un second
moulin destiné à moudre du blé, appelé moulin Mirouët mais omit de
faire la pétition réglementaire si bien qu'un arrêté du préfet le mit en
demeure d'enlever dans les 24 heures la roue qu'il venait de mettre en marche.
Il renonça alors à ses entreprises, céda le moulin Mirouët à un meunier et la
filature à Jacques Michel Sébastien Neuville.
Né en 1767 d'un père toilier, Neuville
avait épousé, à l'âge de 19 ans, une veuve de trente ans, ce qui lui permit de
s'installer, dès 1796, comme fabricant sur les Petites Eaux au faubourg de
Martainville, à Rouen, puis d'acquérir en 1809 la filature de la Tannebrune.
Elle n'était équipée que d'un seul métier mais connut un rapide essor puisque,
en 1812, elle en mettait en mouvement huit, dont six mule-jennys, machines à filer à énergie hydraulique inventées en Angleterre en 1779, et
traitait annuellement 9600 kg de coton, en employant une centaine d'ouvriers.
Une mule-jenny |
Après la mort de Jacques Neuville, ses enfants ne s'entendent pas et, la filature passe entre les mains de Pierre Etienne Dutuit, négociant à Rouen, déjà propriétaire des filatures Saint Pierre et Saint Paul à Radepont.
Afin d'accroître la puissance du moteur
hydraulique, Eugène Dutuit, successeur d'Étienne, étend son emprise sur les rives de l'Andelle,
240 mètres à droite et 110 à gauche, par suite de l'acquisition de la propriété
de Montlambert. De plus, comme le moulin Mirouët a cessé son activité, il passe
une convention qui lui permet de reporter sur la filature tout le volume d'eau
désormais inutilisé par le moulin à blé.
Ainsi, l'usine pourvue de moyens de
production accrus disposait de 8640 broches. Malheureusement, au début de
l'année 1868, elle dut fermer et resta en chômage pendant la guerre de 1870.
Elle est rachetée en août 1871 par la société Daliphard-Dessaint Frères,
manufacture d'impression sur étoffe, qui avait son siège à Radepont.
Le Pont d'Andelle
|
Après avoir acquis les trois moulins qui existaient déjà, Jean Chardon (voir bulletin n°7) se proposait d'ouvrir un nouveau canal sur la rive gauche pour y placer deux moulins à foulons supplémentaires. Ce canal devait emprunter en partie un canal d'irrigation dont la vanne de tête serait reportée en aval.
Comme l'instruction de sa demande se
prolongeait, Chardon avait commencé et achevé les travaux. Il se borna à ne
construire dans l'immédiat qu'un seul établissement à usage de filature au lieu
des moulins à foulon prévus.
Or il n'avait pas suivi son plan initial,
il avait reporté vers le Pont d'Andelle l'embouchure du bras flottable de la
Lieure et, à partir de l'ancien confluent, il avait creusé le nouveau canal de
dérivation. Il avait comblé la partie supérieure du fossé et avait reporté la
vanne (v) près de la vanne lançoire de sa nouvelle usine.
De plus il avait établi en aval un
troisième moulin qu'il a utilisé comme batte à indiennes sans se soucier d'autorisation.
En 1825, par jugement d'adjudication,
Charles Marin Hommais acquiert les établissements de Jean Chardon. Aussitôt il
renouvelle les demandes en autorisation de la filature d'une part et de la
batte à indienne d'autre part. Les propriétaires situés à l'amont du Pont
d'Andelle exigent la construction d'un déversoir près des vannes de flottage
pour éviter les variations de hauteur d'eau qu'ils constatent journellement. Le
maire appuie leur réclamation car les eaux, lorsqu'elles dépassent le niveau du
repère, nuisent considérablement au pont. Ils obtiennent satisfaction en 1835.
Des roues élargies
En 1847, le moulin à blé ne marchait plus,
ni le petit moulin à foulon, le grand avait été remplacé par une filature louée à Marchandon ; quant à la
filature construite en 1822, elle était exploitée par Louis Grancher et la roue
de cette usine venait d'être déplacée pour être portée de 1,50 m à 4,75 m de
large. La batte à indienne avait été
remplacée par un moulin à foulon ; une seconde roue avait été ajoutée pour entraîner les sept piles du moulin, plus
une dégraisseuse.
Château Blanc |
Pour atteindre cet accroissement de puissance Hommais a demandé un exhaussement du repère d'environ 20 centimètres, mais l'opposition des riverains provoque la visite de l'ingénieur Fontanges qui l'autorise à effectuer les changements qu'il voulait aux roues de ses établissements mais rejette sa demande d'exhaussement du repère.
Un repère fut posé en 1856, rapporté à
1,90 mètre en contrebas du seuil de la maison d'habitation que Hommais avait
fait construire et qui, par la suite, fut nommé “le château Blanc”.
Pour agrémenter le parc qui l'entourait, ils ont conservé deux boucles de la
rivière dont ils avaient rectifié le cours.
Le Paviot
Alexandre de Montlambert, domicilié à
Rouen, avait acquis une vaste étendue de prairie, arrosée par l'Andelle entre
Paviot et Transières. A l'extrémité de cette parcelle dite « les Dix
Acres », il avait implanté un tissage mécanique Ce site a conservé
jusqu'à nos jours son premier aspect. Un pont y donne accès depuis la route de
Charleval à Vascœuil.
Transières
Transières a été rattachée à Charleval en
1809. Un pont franchissant l'Andelle y donnait accès à partir de la route de
Vascœuil.
La propriété acquise par Michel, Jean et
Étienne Hilzinger commençait, sur la rive droite, à 160 mètres de la roue de
l'usine du Paviot et, sur la rive gauche, à 350 mètres de cette même roue ;
ainsi à partir de ce point ils disposaient des deux rives de l'Andelle jusqu'au
pont de Transières. Ils formèrent le projet de créer un établissement de
tissage à peu près à l'emplacement pour lequel Alexandre de Montlambert avait
obtenu l'ordonnance de 1840.
De son vivant, Etienne Hilzinger s'est associé son fils Albert, qui lui a succédé à sa mort en 1892, puis a cédé l'entreprise à la société Fahr, Deglatigny et Cie. Les successeurs, Campart et Degramont, ont dû se résigner à fermer l’usine de tissage, victime de la crise du textile après la seconde guerre mondiale. En 1960, la société anonyme Mesnel, créée en 1926 à Colombes, spécialisée dans la fabrication de caoutchouc industriel, a repris les locaux délaissés par le tissage.
Le Pont des Jardins, le Pont d'Andelle
Edmond Marie et Adolphe Louis Peynaud,
originaires de Saint-Malo, qui avaient déjà fait leur preuve comme locataires
de la filature des Jumelles à Fleury sur Andelle, achètent l'usine de Viel en 1845.
L'usine fut successivement agrandie en
1858 et 1863 pour introduire des métiers à filer en attendant la nouvelle
construction en 1876 spécialement adaptée au tissage plus à l'est sur le canal
de la Bonde.
Edmond Peynaud, à qui son frère avait cédé
ses droits en 1861, a dirigé l'entreprise jusqu'à son décès en 1871.
L'usine Peynaud, avec les constructions successives. |
Les grèves de 1863
Le 12 juin 1863, les femmes employées au tissage
cessent le travail. On dénombre 300 grévistes dans la vallée de l'Andelle.
A cause de la guerre de Sécession, le
coton américain se raréfiait sur les marchés européens et les filateurs
s'appliquèrent à modifier leurs broches pour utiliser des cotons provenant de
l'Inde mais les filés obtenus étaient moins résistants et provoquaient des
rattaches plus fréquentes. Dans ces conditions, la pratique du doublage devint
insupportable. En conséquence, beaucoup d'ouvrières renonçaient à prendre leur
temps de repos, préférant déjeuner sur place d'un quignon de pain exposé à la
poussière afin de continuer à surveiller elles-mêmes leurs métiers tout en
mangeant. Il leur arrivait de prolonger le travail au-delà des douze heures
réglementaires pour gagner un salaire complet. A ce régime elles furent vite
exténuées.
Le doublage
Pour éviter l'arrêt des métiers
pendant la pause de midi, une ouvrière devait surveiller, en plus des siens,
les métiers d'une compagne qui prenait
son repas. Le surcroît de fatigue atténuait la vigilance et les malfaçons se
multipliaient. A cause des amendes pour
chaque défaut constaté, les salaires se trouvaient réduits d'autant.
Edmond Peynaud fut le premier des
industriels de la vallée à se rendre compte de l'inhumanité du système et il
prit la décision de l'abolir dans ses ateliers.
Le château du Pont des Jardins |
A la mort de son père Edmond, Armand prend sa succession. Il épouse, en 1880, Cécile Grancher, héritière des usines du Pont d'Andelle menacées de fermeture, les ressuscite et constitue par fusion avec ses propres établissements un remarquable ensemble industriel consacré au textile qu'il a su diriger avec compétence. Il résidait au Château du Pont des Jardins construit à proximité.
Élu maire de Charleval en 1876, puis
conseiller général, il fut ensuite reconduit dans ces fonctions jusqu'à sa mort en 1912. Les jugements
différent sur sa personnalité.
Ses idées monarchistes l'ont opposé au
comité républicain, ainsi un membre du comité cantonal déclare : "Ce maire
réactionnaire ne se gêne pas pour manifester son mépris des institutions
républicaines, en disant à haute voix, tout en désignant le buste de la
République : "chaque fois que j'entre ici (à la mairie) il me
prend toujours l'envie de flanquer cela par la fenêtre ".
Le comité lui a en outre reproché d'avoir
mis à la porte de son établissement deux ouvriers sérieux ainsi que leurs
épouses en leur faisant dire par un commis: " il en sera de même
pour tous ceux qui feront partie du comité républicain".
Par contre, Louis Passy, député de l'Eure, lui rend un bel hommage dans son éloge funèbre :
"Dans notre vallée d'Andelle, j'ai vu
se succéder deux hommes de caractère et conduite différents...
Pouyer-Quertier avait une éloquence
brillante, un grand cœur, une belle intelligence mais il avait dans la pratique
des affaires les défauts de ses qualités...
Peynaud, tout au contraire, patient, persévérant,
calculateur, n'aimait pas se livrer au hasard des spéculations et visait à des
opérations sûres, à des profits certains. L'un a passé dans notre vallée comme
un brillant météore que nous avons tous admiré, l'autre y est demeuré jusqu'à
son dernier jour, conducteur réfléchi de sa destinée et de celle des autres et
nous en avons profité. Son plus grand mérite peut-être est d'avoir compris que
l'industrie est une machine que le temps use et désorganise et qu'elle doit
être toujours tenue au courant de la science moderne…"
Le 13 décembre 1939 fut créée la société
des « Anciens établissements PEYNAUD » qui a repris les
usines du pont des Jardins et celles du Pont d'Andelle, équipées ensemble de 16
816 broches à filer et de 512 métiers à tisser. Les principaux associés, Louis,
Jules et Jacques Réquillart, originaires de la région de Tourcoing, ont réalisé
cet investissement par crainte qu'au cours de la guerre qui commençait dans la
région du Nord soit le théâtre d'opérations militaires ou soit occupée (cela
avait été le cas en 1914-18).
SUR LA LIEURE
L'usine de casquettes
Nés tous deux à Charleval, Charles Victor
et Henri Elphège, d'une famille de marchands bouchers, louent l'ancienne
fabrique d'indiennes, en mauvais état après l'incendie de 1847, pour y monter
une affaire de confection de casquettes et chapeaux.
Le renom de la marque passe les
frontières. La participation à diverses expositions depuis 1873 lui avait valu
plusieurs récompenses, dont la médaille d'or à Anvers en 1885. Une machine à
vapeur vient compléter l'hydraulique.
Le décès d'Henri Quesney, en 1900,
provoque la dissolution de la société et Charles décide de conserver
l'établissement, confiant l'exploitation de l'usine à Henri Dézéraud. La
prospérité de l'établissement continue à s'affirmer par la participation aux
expositions dans les capitales européennes et jusqu'aux Etats-Unis.
Après la mort de Charles en 1910, l'entreprise doit s'adapter pendant la guerre
14-18, et produit des toiles de tente pour l'armée.
Reprise après la guerre par J. Ladsous,
elle n'a pu résister ni à la crise de 1929, ni aux caprices de la mode. Elle a
changé plusieurs fois de propriétaire, successivement Gamar, Meynent et Ricci,
puis la commune a repris le site en 1955 pour le lotir en 11 parcelles.
La manufacture de casquettes |
La Bove
A la Bove, la fermeture de la fabrique
d'indiennes a également imposé une reconversion, dans le dégraissage des draps,
puis elle fut louée à Ambroise Isidore Blot, charpentier à Ménesqueville, qui
finira par l'acheter en 1890. Il transmet l'entreprise à son fils unique,
Édouard Ambroise, qui se présentait comme charpentier, mécanicien constructeur,
et qui fut maire de Charleval de 1925 à 1945.
Le moulin de la Halle
Le moulin de la Halle, en ruine depuis
l'incendie de la filature qu'il abritait, fut racheté en 1888 par Lucien
Charles Crespin, domicilié à Ménesqueville, qui rendit le site à son premier
usage (c'était autrefois un moulin banal) en y édifiant une
minoterie dont il confia l'exploitation à son fils Gabriel, qui loua en 1895 le
moulin de l'Église voisin.
Il équipa les deux moulins de turbines
hydrauliques à axe vertical, d'un rendement supérieur à celui des roues
ordinaires. Leur fonctionnement simultané provoquait, en période de sécheresse,
un abaissement excessif des eaux dans le bief qui reliait les deux usines.
Il était alors impossible d'utiliser les
lavoirs ou de puiser de l'eau. L'ingénieur, au cours de sa visite, constate le
montage correct des turbines et il note que l'équipement du moulin de l'Église
est conforme aux prescriptions. En réalité, Crespin est lui aussi victime de
l'irrégularité des eaux. En ces années 1896 et 1897, aux étés particulièrement
secs, le débit de la Lieure, qui est normalement de 800 à 900 litres par
seconde, s'est abaissé à moins de 600 litres. Pour remédier à ces inconvénients
Crespin a fait installer des flotteurs régulateurs à ses moulins; de tels
appareils coûteux agissent sur la vanne lançoire pour procurer une force
constante de manière à conserver au moteur une vitesse uniforme, ce qui est
essentiel pour faire un bon travail de mouture mais ils sont sans effet sur le
maintien du plan d'eau, selon l'ingénieur, en désaccord sur ce point avec le
minotier qui prétendait le contraire.
Lucien Crespin, son fils, lui
succède, jusqu'à son décès en 1958,
suivi Étienne, un neveu, avant sa vente à la SOFIC (Société Foncière et
Immobilière de Charleval) qui l'a aussitôt cédé à la société LIR Lefébure
Industries Réunies) spécialisée dans le flaconnage.
Le moulin du Hom
Au Hom, Adjutor de Fontenay, cultivateur à
Ecouis, avait fondé en 1809 un moulin à blé. En 1823, alors domicilié à
Marcouville, il lui adjoint un moulin à papier. Les deux moulins ont tourné
simultanément pendant quelque temps, puis le plus ancien fut abandonné et sa
prise d'eau servit alors de canal de décharge, après démontage de la roue. Les
deux bâtiments furent réunis de sorte que le canal passait sous le plancher et
l'on en revint uniquement à moudre du blé. En 1898, il devint une
minoterie, fonctionnant jusqu'en 1977.
Le site fut acquis en 1983 par
l'Établissement Public de la Basse Seine qui a cédé, en 1987, à la commune, les
deux maisons d'habitation, dont elle a entrepris la rénovation, et le vieux
moulin dont l'état de délabrement semblait interdire toute réhabilitation.
L'USINE A GAZ
Cette usine qui n'avait pas besoin de
force hydraulique échappait à la contrainte de s'installer au bord de la
rivière. En revanche le caractère insalubre de sa production imposait le choix
d'un site éloigné des habitations.
Charles Géorgi, ingénieur domicilié à
Paris, demande en 1881 à établir une usine pour la Compagnie du gaz de la
vallée de l'Andelle, sur un terrain situé à la Bellevue.
Quand les travaux commencent, le vicomte
d'Onsombray dont la propriété était proche du chantier, constate alors qu'un
gazomètre est en construction au-delà de la sente, sur le territoire de Fleury,
car, au cours des travaux, l'ingénieur avait modifié son plan.
Dans ces conditions, avec trois gazomètres,
l'usine toucherait presque à l'habitation que le vicomte venait de faire bâtir,
ce qui la déprécierait. Il obtient qu'on en revienne au premier plan, en partie
grâce à l'intervention de Pouyer-Quertier.
Le fonctionnement de l'usine
La salle de distillation abritait 35
cornues chauffées par des fours. Dans la salle d'étendage, le gaz passait dans
une matière épurante constituée de copeaux de bois. Le troisième bâtiment, où
s'achevait l'épuration du gaz, comportait les régulateurs et le compteur de production.
Enfin le gaz était stocké dans le gazomètre. En 1888, un contremaître et deux
ouvriers, travaillant douze heures par jour, assuraient la production continue.
Ils gagnaient le premier 6 francs par jour, les deux autres 3 francs pour le
service de jour et 4 francs pour la nuit.
Les conditions de travail étaient pénibles
à cause des émanations de gaz et de la poussière de charbon.
La distribution se faisait par une
canalisation principale, depuis Transières jusqu'à l'hôtel Tournebride à
Romilly. Chacune des six communes du réseau était desservie par une
canalisation secondaire où se greffaient les branchements des abonnés. Ces
conduites réalisées en tuyaux que l'ancienneté avait rendus défectueux
nécessitaient de coûteux travaux d'entretien. (Renseignements fournis par M.
Raymond Colas, ancien chauffeur de l'usine à gaz.)
Difficultés et fermeture
Depuis le traité de concession passé le 21
juillet 1881, la société Lyonnaise des Eaux et de l'Éclairage assumait
l'exploitation.
De 1940 à 1944, les tarifs avaient été
limités par la réglementation des prix si bien que l'usine travaillait à perte
et en février 1944, elle dut interrompre son activité par manque de charbon. A
la fin de l'année 1945, l'usine reprend une activité normale mais la Lyonnaise
demande 1 300 000 francs à titre d'indemnité pour le déficit subi depuis 1940
par suite de circonstances non prévues dans le contrat de concession, et les
six communes desservies décident de constituer un syndicat intercommunal pour
assurer la défense de leurs intérêts. Toutefois l'affaire n'eut pas de suite du
fait de la nationalisation de l'électricité et du gaz en 1946.
L'usine en 1906 |
Mais Gaz de France demande à son tour réparation des charges "extra-contractuelles" subies dans l'exploitation de l'usine, ce qui ressuscite le syndicat intercommunal. Le déficit atteint 4 546 742 francs en 1952, et GDF préconise de substituer l'air propané au gaz de ville.
Chaque commune est invitée à contracter un
emprunt pour une somme fixée au prorata de sa consommation. Toutefois GDF prend
l'engagement formel d'assurer la totalité des annuités, dès leur mise en
recouvrement, si bien qu'à aucun moment le budget communal n'aurait à en
supporter la charge. Les maires acceptent aussitôt cet arrangement et le
préfet, par arrêté du 9 novembre 1953 accorde l'autorisation d'établir sur le
terrain de l'usine les réservoirs de stockage de propane liquide.
Quatre années passent sans que rien ne
soit fait, si ce n'est que le déficit atteint 8 millions en 1957. Dans ces
conditions, GDF ayant renoncé au projet de propanisation, décide la fermeture
définitive de l'usine de Charleval à partir du 31 mai 1958.
DOCUMENTATION
Archives Départementales de l'Eure
Archives Départementales de Seine Maritime
Archives Municipales de Rouen
Archives Nationales
CHASSAGNE Serge « Le coton et ses
patrons » - Paris 1991
État Civil de Charleval - registres
paroissiaux: baptêmes: 17 avril, 25 août et 24 novembre 1720
J.VIDALENC « Quelques témoignages
sur le pays de Lyons et la vallée de l'Andelle " in ETUDES
NORMANDES, n°2 1980
FOHLEN Claude « l'industrie
textile au temps du second Empire » - Plon
Robert Taupin
Cet article résume 25 pages d'un travail
que vous pouvez vous procurer auprès de notre association, de l'auteur, ou de
la mairie de Charleval.