Les morts de Pîtres en 1914-18

Guerre 14-18. Les morts de Pîtres

Sur le monument qui se trouve aujourd'hui place de la Fraternité, on  lit le nom de 50 victimes de la Première Guerre Mondiale. Tous ces noms gravés dans la pierre évoquent la grande misère des champs de bataille, ainsi que le désarroi des familles quand le Maire de Pitres venait leur apporter le fatal message de l’armée; cinquante  fois, affligé, il a dû traverser le village pour accomplir sa triste mission (hélas souvent, il lui faudra venir frapper un seconde fois aux mêmes portes, pour délivrer le même message de mort). 

En gare de Pont-de-l'Arche, un départ vers le front. Cette photo panoramique et les suivantes nous ont été gracieusement prêtées par Françoise Cantrelle, dont la tante, dès avant la guerre, s'adonnait à la photographie.

Afin de sortir de l’oubli les malheureuses victimes de l’affreuse tragédie de 14/18, leurs  noms sont réunis dans cinq tableaux différents, correspondant à l’année de leur disparition.

Année 1914

Au premier jour de la guerre, l’armée allemande envahit la Belgique, pourtant déclarée neutre, pour pénétrer en France, et repousse les forces françaises et britanniques sur l’Aisne et la Marne. Mais des renforts venus de Paris par les Taxis de la Marne*, repoussent et stoppent l’ennemi. Les armées se stabilisent alors sur un front de 750 km, allant de la mer du Nord jusqu’à la Suisse.

A Pitres on déplore déjà 11 morts.

* Cette opération a certes permis d'acheminer rapidement entre 3 000 et 5 000 hommes, mais pas de renverser le cours de la première bataille de la Marne. Le nombre de soldats transportés est dérisoire par rapport aux effectifs mobilisés pour la bataille, la très grande majorité étant transportée en train. Les troupes transportées en taxi étaient épuisées, ayant essuyé de lourdes pertes et avec une forte proportion de réservistes. Elles occuperont ensuite des positions défensives en seconde ligne. Sur le plan militaire, la contribution des taxis est quasiment nulle. En revanche, cette manœuvre eut une réelle portée psychologique sur la population, l'épopée devenant rapidement un symbole d'unité et de solidarité nationale.   

d'après Nicolas Offenstadt, Pour en finir avec dix idées reçues sur la guerre 14-18 (Le Monde, 04/11/2013 et Wikipédia)

1914	Naissance	Décès	Age	Precisions
Bienfait Louis	09/06/84 à Pîtres	04/11/14 à Sapigneul 51 inhumé à Pîtres	30	28ème RI;  frère de Delphin tué le 12/2/16; sa mère veuve reçoit un secours de 150 r. Sapigneul détruit au cours de la bataille du Chemin des Dames.
Bréard Gaston	10/07/88 à Pîtres	14/09/14 à Cauroy 51	26	5ème RI; célibataire, boucher; frère de Paul qui sera tué le 22/9/18; Cauroy les Hermonville se situe dans le même secteur que Sapigneul
Epiphane Henri	12/10/90	11/11/14 en Belgique	24	4ème RMZ (zouaves); célibataire; médaillé militaire
Hebert Achille	10/06/91 à Pîtres	01/10/14 à Guise 02 Inhumé Nécropole de Guise	23	28ème RI; célibataire; fin août une première grande bataille meurtrière s’est déroulée à Guise
Hervieux Henri	10/06/84 à Pitres	30/ 09/14 à Sapigneul 51	30	319ème RI; célibataire; tué dans le même secteur que Bienfait
Lefebvre Louis	30/9/83 à Romilly	5/10/14 à Thelus 62	31	2ème RZ (zouaves); marié; frère de Maurice tué le 18/8/14
Lefebvre Maurice Faustin	09/08/85 à Romilly	28/8/14 à Guises 02	29	228ème RI; marié; frère de Louis tué le 5/10/14
Leroy Clotaire	2/06/91 à Pîtres	25/09/14 à Vasogne 02	23	4ème RMZ (zouave); Vassogne, village proche du Chemin des Dames; on y creuse les premières tranchées
Lesueur Robert	17/06/93 à Pîtres	23/08/14 en Belgique Inhumé à Tarcienne	21	1er mort de la commune; 5èmeRI; célibataire; inhumé en Belgique dans la région de Namur
Manifel Henri	12/06/85 à Pîtres	28/08/14 à Guise 02	30	228ème RI; marié; frère de Jean qui sera tué le 18/4/17; tué dans le même secteur que Hébert et Bienfait
Quenneville Alexandre	31/08/82 à Romilly	04/09/14 les Orbais 51	32	28ème RI, marié; Orbais : sur la rive gauche de la Marne

Année 1915 

Afin de libérer les régions occupées, les armées effectuent de nombreuses percées très meurtrières en Champagne et en Artois, sans résultat; cependant ces assauts ont le mérite de mobiliser une partie des troupes allemandes, empêchées d’intervenir sur le front de l’est face aux Russes. A Ypres, l’armée allemande utilise des gaz asphyxiants (produits par Bayer). Pour contrer l’entrée en guerre de la Bulgarie –soutien de l’Allemagne- les Alliés débarquent en Grèce, à Salonique (voir dans ce numéro la suite du récit de la campagne d'Orient d'un Pistrien.)

On dénombre pour Pîtres 12 autres décès, dont 5 autour de Neuville Saint Vaast. 

Neuville Saint-Vaast, en Artois, voit se dérouler la première offensive de stabilisation du front. On note que l'uniforme réglementaires n'a pas encore été distribué

Gravure d'Otto Dix, 1924. Le 22 avril 1915, date noire dans l'histoire de l'humanité, l'armée allemande a pour la première fois utilisé massivement des gaz asphyxiants à Ypres. ( L'œuvre d'Otto Dix sera considérée comme "art dégénéré" par les nazis )

Cette unité de cavalerie attelée (?) semble transporter des sortes de barges ?

1915	Naissance	Décès	Age	Precisions
Agasse Fulgence Théophile	20/01/84 à Pîtres	08/06/15 à Neuville St Vaast 62	31	36ème RI; épisode de l’offensive d’Artois; marié; sa veuve reçoit un secours de 150Fr
Bénard Jules	11/02/85 à Menesqueville	13/07/2015 en Turquie	30	176ème RI; marié; tué lors de l’opération des Dardanelles
Boulhan Georges	29/10/90 à Pîtres	05/01/15 Vienne le Chateau, 51	24	3ème RG (Génie); mort suite de blessures; combats meurtriers entre 9/14 et 9/15
Carpentier Maurice	14/10/94 à Les Essarts-Varimpré	27/10/15 Neuville-St-Vaast ; inhume nécropole de Beaumont-Hamel 80	21	129ème RI; tué lors de l’offensive de l’Artois, et qui verra la destruction de Neuville St Vaast; (reconstruit après la guerre).
Cavelier Adrien Gustave	22/08/78 à Romilly	01/10/15 à Souain 51 Inhumé Nécropole de Souain-Perthes-les-Hurlus	37	53ème RI (Coloniale); marié; bataille de Champagne; Souain connu pour le procès des « fusillés pour l’exemple », qui s’étaient mutinés; (réhabilités après la guerre).
Dienis Alfred	19/11/87 à Pîtres	21/06/15 à Aix-Noulette 62 ; Inhumé Nécropole de Beaumont-Hamel	27	119ème RI; offensive de l’Artois, secteur de Vimy
Langlois Ambroise	20/02/86 Notre-Dame-de- l’Isle	16/05/15 à Maroeil 62 Inhumé nécropole de Neuville-St-Vaast	29	205ème RI; victime de l’offensive de l’Artois
Lamperier Paul	30/06/81 à Les Essarts-Varimpré 76	28/09/15 à Neuville-St-Vaast 62 ; Inhumé nécropole de Neuville	34	129ème RI; marié; autre victime de l’offensive de l’Artois
Lebert Eugène Louis	17/08/95 à Pîtres	13/10/15 à Tahure 51 (Champagne)	22	319ème RI; après la 1ère bataille de la Marne en septembre 1914 les Allemands s’étant solidement retranchés dans Tahure, les combats engendrèrent sa destruction totale.
Lefebvre Charles	25/4/74 à Rouen	5/7/15 à St Omer 62	40	3ème E.T.E; mort des suites d’une maladie contractée en service
Malivoir Joseph	17/07/1984 76 Essarts-Varimpré	28/9/15 à Neuville St-Vaast 62	32	239ème RI; tué lors de l’offensive de l’Artois
Pouligny Henri	03/08/88 à Hayange Moselle	16/06/15 à Ecurie 62	26	319ème RI; marié

Année 1916 

Durant de longs mois, des batailles meurtrières se concentrent autour de Verdun. Sur le front de la Somme, en septembre l’armée britannique utilise les premiers chars d’assaut.

La liste comporte 13 autres noms, dont 9 morts dans la bataille de Verdun*.

* Bataille de Verdun ( Dugny, Herbebois, Douaumont, les Eparges) : plus de 300 000 morts

C'est la plus longue bataille et l'une des plus dévastatrices, ce qui a donné lieu au mythe de Verdun, la « mère des batailles » qui apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l'homme se soit livré : l'artillerie y cause 80 % des pertes. Le rôle des soldats consiste surtout à survivre — et mourir — dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul.

Verdun est, comme la Somme, une terrible leçon que certains théoriciens militaires allemands, analysant des causes de la défaite de 1918, sauront comprendre. L'immobilité du front, malgré les moyens engagés, est due à l'absence de moteur : à l'inverse, en 1940, soumise au feu motorisé des panzers, Verdun tombe en 24 heures : la théorie du blitzkrieg (guerre éclair) triomphe sur la guerre de positions surestimée par les théoriciens français.

L'histoire officielle française a suscité un ensemble de mythologies nationales et sacralisé cette bataille de défense du territoire national. Elle en a fait le lieu de mémoire par excellence de la Première Guerre mondiale alors que l'historiographie institutionnelle allemande a privilégié la construction mémorielle de la bataille de la Somme, liée au sentiment des soldats allemands d'avoir participé à une bataille défensive. (d'après Wikipédia)

Verdun, T.1,Avant l’orage Le Naour, Marko, Holgado , Édition Bamboo 

Le cimetière national de Fleury-devant-Douaumont donne une idée du massacre, bien que l'on n'y trouve que 16 000 tombes, soit 1/20ème des soldats tués.

1916	Naissance	Décès	Age	Precisions
Alix Maurice	23/10/95 à Pîtres	19/10/16 les Eparges 55	20	74ème RI; les Eparges, : la « guerre des mines », des sapes chargées d’explosifs, creusées sous les tranchées adverses.
Barré Joseph	1873	11/2/16 à hôpital de Nancy	42	28ème Artillerie; marié
Bienfait Delphin	20/05/83 à Romilly	21/02/16 à Maucourt 80 Inhumé Nécropole de Maucourt	27	28ème RI; frère de Louis tué le 4.11. 14
Choet  Agelbert	11/07/96 à Romilly	20/04/16 à l’hôpital en Allemagne;  inhumé à Pitres	29	129ème RI; caporal
Doubet Auguste	22/10/88 à Cricquebeuf	29/02/16 à Douaumont	27	9èmeRZ (zouave); le fort de Douaumont dans le secteur de Verdun a fait l’objet de batailles sanglantes.
Goujard Michel Isisdore	11/10/85 à La Neuville 76	22/05/16 à Douaumont	30	129ème RI; bataille qui va durer de février à octobre 1916
Lefebvre Maurice Jules	7/7/80 à Pîtres	11/4/16 à Dugny-sur-Meuse 55; inhumé à Nécropole de Dugny	36	274ème RI; bataille de Verdun
Mardoc Mederic Paul	18/02/92 à Igoville	15/01/16 à Herbebois; inhumé à Pîtres	21	164ème RI; position au nord de Verdun
Masselin Francis Eugène	09/04/91 à Pîtres	23/10/16 à Sailly 80	23	3ème RG (Génie); bataille de la Somme
Mesierz Alphonse Edmond	05/03/89 à Pîtres	04/01/16 à Harbonnières 80	27	3ème RG (Génie); caporal; mort suite de blessures
Prévost Maurice	23/2/89 à Pîtres	2/6/16 à Dugny-sur-Meuse 55; inhumé à Nécropole de Dugny	27	10ème RH (Hussards); Frère de Fernand qui sera tué le 30/8/18; Dugny situé au sud de Verdun possédait des positions fortifiées
Quere Raymond	30/12/95 dans la Somme	17/09/16 dans la Somme	20	33ème RI; caporal
Stingre Maurice Eugène	04/05/95 à Bosc Géoffroy 76	24/06/16 à Verdun	21	405ème RI; sergent; bataille de Verdun

Année 1917

L’offensive Nivelle  se solde par l’échec retentissant du « Chemin des Dames* », entrainant une crise grave au sein de l’armée et de lourdes condamnations**.  Dans la région d’Ypres les britanniques engagent 400 chars. A l’est, suite à l’abdication du Tsar, le nouveau gouvernement signe un armistice avec l’Allemagne, libérant ainsi les troupes allemandes qui se repositionnent sur le front français. Le 6 avril les U S A déclarent la guerre à l’Allemagne.

Pour Pîtres, cinq morts, dont quatre au Chemin des Dames

* La réputation tragique du Chemin des Dames vient de l'offensive imaginée et dirigée par le général Nivelle, qui fut un cruel échec : alors que Nivelle pensait que l'avancée serait foudroyante, le front allemand est à peine entamé. Le bilan de l'offensive est difficile à établir. Les pertes françaises ont été souvent sous-évaluées, ne prenant en compte que les pertes subies entre le 16 et 29 avril. Or, les combats se poursuivent jusque fin juin, et on peut estimer les pertes à près de 200 000 côté français. C'est après cette grande tuerie que se développèrent dans l'armée française des mutineries. La Chanson de Craonne sert de ralliement. antimilitariste et anarchiste, interdite par le commandement militaire, elle restera absente des ondes jusqu'en 1976.

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Personne ne veut plus marcher ...
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau (extraits)

Mais c'est bien fini, on en a assez

Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront

                                   (d'après Wikipédia)

** Environ 3 500 condamnations sont prononcées par les conseils de guerre, dont 1381 aux travaux forcés ou à de longues peines de prison, et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives.

Le nombre des exécutions de 1917, souvent mis en avant lorsque l'on parle des fusillés pour l'exemple, reste relativement faible rapporté au nombre de fusillés des derniers mois de 1914 (près de 200) ou de l'année 1915 (environ 260). On peut l'expliquer par l’utilisation du droit de grâce par le président Poincaré : il gracie 90 % à 95 % des cas qui lui sont présentés.

L'infanterie française piétine devant la deuxième ligne allemande sur les restes de ce qui fut la forêt de Pinon

Passage à Poses d'une péniche-hôpital rapatriant vraisemblablement des soldats anglais blessés sur la Somme.

   

L’arrière tient bon. Paris est resté indifférent à l’échec de l’offensive Nivelle. Dans les salons on parle surtout affaires et mode. Un restaurateur de la grande banlieue a creusé dans son jardin un réseau de tranchées, avec des cabinets particuliers très amusants mais confortables.... Pour y dîner plutôt qu'en salle de restaurant, il faut retenir et c'est deux francs de plus.

Michel Tricot (Libre pensée 04)

Les soldats qui refusent de monter à l'assaut disent qu'ils ne veulent plus mourir pour le communiqué de presse. Les conseils de guerre condamnent...

1917	Naissance	Décès	Age	Precisions
Aubremaire Paul	02/11/84 à Pont-St-Pierre	12/07/17 à Paissy 02 Inhumé Nécropole de Cerny-en-Laonnois	32	224ème RI ; Paissy village troglodytique situé sue le versant sud du Chemin des Dames.
Beauval Jules	21/9/97 à La Feuillie	9/6/17 à Cerny-en-Laonnois 02	20	RICM (Infanterie Coloniale) ; village occupé par les Allemands jusqu’en 17, repris au cours de la 2ème bataille du Chemin des Dames ; détruit il a été reconstruit non loin ;
Dieudonné Robert	13/01/92 à Le Tronquay	17/04/17 à Gernicourt 02 Inhumé Nécropole de Berry-au-Bac 02	25	155ème RI, caporal ; Gernicourt : village de l’Aisne, point de départ de l’attaque du Chemin des Dames.
Manifel Jean	20/01/96 à Pîtres	18/04/17 à Moronvilliers 51; Inhumé Nécropole de Auberive 51	21	11ème RIC (infanterie coloniale); frère de Henri tué le 28/8/14 ; Moronvilliers, village occupé par les Allemands jusqu’en 17, détruit lors de l’attaque finale, dite « Bataille des Monts de Champagne »
Tellier Lubin	23/7/82 à Mouis 60	7/5/17 à Oeuilly 02 Inhumé Nécropole de Oeuilly	35	118ème RI ; caporal ; Oeuilly situé dans le secteur du Chemin des Dames, a hébergé un poste médical

Année 1918

Début 1918, l'armée allemande tient Paris sous le feu de ses canons. Les alliés se décident enfin à l'unité de commandement, reconnaissant que la défaite est due surtout au manque de coordination des armées, simplement alignées côte à côte.

Puis les Etats-Unis s'engagent. Le 4 juillet, jour de la fête de l'Indépendance, plus d'un million d'Américains débarquent. Chacun des mois suivants en amène 300 000. Ces renforts seront décisifs et permettront aux alliés de remporter la deuxième bataille de la Marne (18-21 juillet). 

Après la fin des hostilités sur le front de l’Est, l’armée allemande peut déployer de nouvelles forces en France. En mars elle déclenche une importante offensive.  Des contre-attaques nombreuses des Alliés sont alors lancées à partir de juillet, auxquelles participent les premières troupes américaines; les Allemands reculent jusqu’à la frontière belge, et sont contraints de signer l’armistice le 11 novembre.

Dans les Balkans, les Alliés passent à l’offensive en septembre, suivie d’un armistice imposé à la Bulgarie le 29 septembre.

Les fantômes, de Paul Landowski, monument érigé à la mémoire des soldats morts ou disparus pendant la seconde bataille de la Marne. Les hommes, les yeux fermés, cherchent leurs camarades disparus autour du spectre de la mort sortant de son linceul.

Le Traité de Versailles, signé l'année suivante, ne permettra pas, malgré la création de la Société des Nations, ancêtre de l'ONU, d'établir la paix dans le monde, les conditions extrêmement dures imposées à l'Allemagne ayant contribué à la montée du nazisme.

1918	Naissance	Décès	Age	Precisions
Bonleu Robert	25/8/97 à Pîtres	02/11/18 hôpital du Tréport; inhumé à Pîtres	21	74èmeRI; pas d’informations au sujet de sa mort
Bréard Paul	12/2/95 à Pîtres	22/8/18 Pierrefonds 60	23	246èmeRI; Caporal; frère de Gaston tué le 14/9/14; en juin Pierrefonds est évacuée et sert de cantonnement aux Alliés et subit des bombardements allemands
Fortier Albert	13/11/93 à Pîtres	20/5/18 à Terdeghem 59 Inhumé à Hazebrouck 59	25	121èmeBCP (chasseur à pied); caporal
Hédouin Emile	24/4/94 à Pîtres	25/3/18 à Lassigny 60; inhumé à Pîtres	24	46èmeRI; Lassigny a fait partie de la ligne de front durant toute la guerre
Leclerc Jules		1918		Sans aucune précision à son sujet
Marnier Joseph	?	1918		Inconnu du S G A (Secrétariat Général pour l’Administration du Ministère de la Guerre)
Prévost Fernand	23/5/98 à Alizay	30/8/18 à Soissons 02	20	5èmeRI; frère de Maurice tué le 2/6/16; contre–attaque alliée dans le cadre de la seconde Bataille de la Marne
Roze Edmond	28/1/95 à Pîtres	25/7/18 à Nanteuil-Notre-Dame 02; inhumé à Pîtres	23	11èmeRI; village situé au bord de l’Ourc, à l’est de Reims
Vallée Charles	13/04/91 à Pîtres	28/05/18 à Presles 02	23	156èmeRI caporal; tué dans la 2ème bataille du Chemin des Dames qui reconduit les Allemands jusqu’à Château-Thierry, avant leur dernière retraite.

Bilan

Pour la France, 1,5 millions de morts, des millions d'handicapés, toute une génération fauchée dans la fleur de l'âge; pour l'Europe 6 millions de morts et un grand pas vers le déclin ...

En France, l'histoire officielle de cette guerre a d'abord été celle d'une guerre victorieuse, célébrant le sacrifice des millions de poilus. La plupart des monuments aux morts de nos communes allaient dans ce sens. Puis peu à peu s'est imposée l'image du grand massacre inutile, d'une guerre civile européenne qui allait entraîner une seconde guerre encore plus meurtrière.

                                

Ce que montrent ces tableaux 

En 1914 Pîtres comprenait environ 900 habitants; et parmi eux, ce sont 50 jeunes hommes qui perdront la vie sur les différents champs de bataille : soit un très lourd pourcentage. (9 d’entre eux étaient mariés.)

La quasi-totalité des victimes appartenait à des régiments d’infanterie, qui ont connu l’horreur des tranchées et par conséquent payé un lourd tribut dans les combats de première ligne. Rares sont ceux dont les corps ont été rapatriés, et qui sont inhumés dans le cimetière de Pîtres.

Les cinq premiers mois de la guerre ont été des plus meurtriers : 11 morts enregistrées durant cette courte période, la première dès le 23 août (Lesueur Robert).

Sources:

· archives municipales de Pîtres

· Mémoire des hommes, base de données de l'Armée française

· Wikipédia, qui sur la Première guerre mondiale permet de nombreuses recherches croisées et donne accès à des milliers de pages.

Cette présentation n’aurait pu être réalisée sans le travail préparatoire important effectué, en son temps, par Bernadette Héloin, qui a su recueillir des documents nombreux et variés sur cette terrible période. On pourra (re)lire dans notre bulletin No 8 l’article qu’elle avait consacré à l’érection du monument aux morts de la commune.

A propos de l’opération « Salonique » dans les Balkans, les bulletins 9 et 10 apportent des informations précieuses.

Claude Certain

Michel Bienvenu

voir la nécrologie de Claude Certain