L'église
et le presbytère du XVIIIème siècle
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Amfreville-les-Champs
L'église
Le village
Le nom du village est attesté sous
les formes Anfridivilla en 1034, et Amfrevilla in campis en
1258. Le premier élément, Amfre, dérive du norrois asfridr,
de ase (dieu) suivi de l'adjectif fríðr (aimé de), que l'on
retrouve dans les patronymes normands Anfry, Lanfry, Anfray, etc. Quant au
gallo-romain –ville, il désignait un domaine rural. Comme les Amfreville
sont nombreux en Normandie (la Mivoie, la Campagne, sur Iton,
…) -les champs a été ajouté dès le moyen âge.
D'origine antérieure à l'invasion
normande, Amfreville-les-Champs appartenait au chapitre de la cathédrale de
Rouen. L'abbaye de Fontaine-Guérard y avait aussi quelques biens. En 1260 elle
comptait environ 600 habitants.
Le nom de la paroisse Saint Pierre
faisait parfois place à celui du patron Saint Martin, d'où les deux noms de
l'église, qui peuvent varier suivant les auteurs.
Jusqu'à la Révolution, le village
et son église sont toujours restés la propriété exclusive de hauts dignitaires
ecclésiastiques, deux chanoines se partageant les lieux. Une chapelle existait
au lieu-dit « la Tuilerie » qui s'appelait à l'époque Saint Germain,
comme la chapelle dédiée à ce saint.
Un if plusieurs fois centenaire se
dressait à l'entrée du cimetière, sans doute planté là avec son frère jumeau.
Les ifs symbolisaient la vie éternelle et repoussaient les animaux en dehors de
ce lieu sacré car leurs baies sont nocives. L'if d'Amfreville fut terrassé lors
de la tempête de décembre 1999.
L'if
ancien
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L'église
Un peu à l'écart du village, à flanc de coteau, dans un
site agreste qui a été inscrit* en 1932, l'édifice présente un plan allongé
avec une nef à un seul vaisseau, plusieurs fois remanié au cours des siècles,
notamment au niveau des baies, et un chœur à chevet plat qui est daté de la fin
du XIIe siècle.
* L'inscription est la reconnaissance de l’intérêt
d’un lieu dont l’évolution demande une vigilance toute particulière.
La façade sud-ouest
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Une tour clocher de plan
quadrangulaire a été rajoutée au XVème-XVIème siècle sur la façade occidentale.
Enfin une sacristie a été construite dans la seconde moitié du XIXème siècle
sur le flanc nord de l'église. L'essentiel de la construction est en moellons
de silex et de calcaire. Les ouvertures sont entourées de belles pierres
calcaires. La couverture de l'édifice est en ardoise. Celle du clocher a été
refaite en 1984 avec pose d'un nouveau coq.
La tour
clocher
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Les baies (ouvertures) remaniées au XVIIIè |
L'entrée de l'église
On entre dans l'église par la porte
occidentale qui a gardé son décor du XIIème siècle : l'arc en tiers-point
montre encore les restes d'une archivolte revêtue de fleurons à quatre pétales,
sauf à l'extrémité de droite où l'on voit deux masques d'animaux : l'un
est muni de deux grosses ailes, de la bouche de l'autre sortent les tiges de
deux palmettes. Un oculus s'ouvrait au-dessus de la porte.
Détail de l’archivolte |
Autre détail, anthropomorphe |
La nef
Elle offre une très belle voûte lambrissée
encore peinte en bleu et or et ornée d'étoiles et de la lune pour symboliser le
ciel. Cette voûte est soutenue par des poinçons et des entraits reposant sur
des corbeaux.
Le chœur
Il se compose de deux travées recouvertes
de leurs voûtes primitives. Les supports de nervures comprenaient des groupes
de colonnes entre les deux travées et sous l'arc triomphal et des colonnes
uniques logées dans les angles extrêmes. La sobre ornementation des chapiteaux
rappelle celle des chapiteaux cisterciens de la même époque.
Mobilier, statuaire, vitraux
Cette petite église rurale possède
encore son mobilier ancien. De plus elle abrite une statuaire remarquable et
elle est largement éclairée, malgré ses modestes dimensions, par des vitraux
très clairs.
Le mobilier comprend entre autres
un retable en bois peint en gris et doré, qui présente une travée avec un
fronton en demi-cercle. Il encadre un tableau représentant une Vierge à
l'Enfant. Le tabernacle orné d'un ostensoir et encadré de deux volutes reprend
la structure du retable. L'autel est orné de l'Agneau mystique couché sur le
Livre de Sept Sceaux
L'église a conservé aussi ses deux
autels latéraux, sa chaire à prêcher et les bancs des paroissiens, tous du XIXe
siècle. Elle possède aussi un banc plus ancien servant de coffre, avec trois
serrures.
Parmi les éléments remarquables de
la statuaire, on peut relever un groupe sculpté du XVIe siècle d'une ancienne
poutre de gloire représentant une Crucifixion avec le Christ en croix, la
Vierge Marie et Saint-Jean.
Ces statues en bois sont très abîmées mais ont
conservé une partie de leur polychromie. Une autre statue, celle-ci en pierre,
date également du XVIème siècle : c'est une Vierge à l'Enfant grandeur nature qui a été repeinte au XIXème ou XXème siècle en blanc et doré. On peut encore citer de nombreuses statues anciennes dignes d'intérêt :
sainte Barbe et sa tour, ou encore saint Roch et son chien; ces personnages sont présents dans presque toutes les églises de notre région, car ce sont des saints protecteurs : sainte Barbe repousse le feu et Saint-Roch protège de la peste.
Enfin le groupe sculpté de la
Charité de saint Martin souligne l'épisode le plus connu de la vie du saint
dédicataire de l'église : le partage du manteau avec le pauvre.
La Charité de Saint Martin
Originaire
de Pannonie, en gros l'actuelle
Hongrie, Martin était soldat dans l'armée romaine, cantonné à Amiens, lorsqu'un
soir d'hiver il rencontra un mendiant nu auquel il céda la moitié de son
manteau. Sa légende raconte que la nuit suivante il vit le Christ vêtu de son
demi-manteau qui disait à son Père : «j'avais froid mais le catéchumène
Martin m'a habillé». Martin demanda alors le baptême et vécut en ermite, fonda
un monastère qu'il dirigea pendant dix ans. En 370 les chrétiens de Tours
vinrent l'enlever pour le proclamer évêque de leur ville. Il mourut
d'épuisement en 397. Son tombeau devint aussitôt le centre de la chrétienté en
Gaule et 3667 églises lui sont encore dédiées aujourd'hui en France. Il fut le
patron du royaume
des Francs et des Mérovingiens. Sa cape, envoyée comme relique à Aix-la-Chapelle pour Charlemagne, est à l'origine du mot chapelle, endroit
où on la gardait, et de Capet, nom de la dernière dynastie des
rois de France.
La piscine aussi nommée lavabo, je me laverai
début d'un psaume , avait à l'origine un aspect hygiénique car les fidèles
pendant l'offertoire pouvaient déposer des offrandes (nourriture, cierges,
argent) destinées au prêtre ou aux pauvres, et le prêtre se purifiait les mains
après les avoir manipulées.
Les vitraux, de la seconde moitié
du XIXème siècle, laissent largement passer la lumière car ils sont
essentiellement composés de verres clairs ornés d'un motif de soleil encadrant
des médaillons à sujets divers (Annonciation, Visitation, Charité de
Saint-Martin, miracles…)
La piscine aussi nommée lavabo, je me laverai début
d'un psaume, avait à l'origine un aspect hygiénique car les fidèles pendant
l'offertoire pouvaient déposer des offrandes (nourriture, cierges, argent)
destinées au prêtre ou aux pauvres, et le prêtre se purifiait les mains après
les avoir manipulées.
Le site, l'environnement, le bâti
ancien et la richesse de la statuaire font le charme de cette église de
campagne régulièrement entretenue (la couverture a été refaite en 2015)
Sources
Je remercie très chaleureusement
Martine et Joël Cordier pour leur collaboration et pour leurs photos.
A l'occasion du téléthon 2017, la
chorale Clarinandelle a offert un récital aux habitants d'Amfreville dans l'église,
que Martine Cordier avait nettoyée de fond en comble pour cette prestation.
Christiane Bonnefoy
Autres richesses
Amfreville les champs compte plusieurs autres édifices
inscrits à l'inventaire général du patrimoine culturel : un presbytère du
XIIIème siècle, le manoir pavillon du XVIIème siècle, et une ferme probablement
du XVIème siècle.
Le manoir pavillon, du XVIIè siècle |
Porche et
portail Renaissance d'entrée de ferme
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Le
manoir pavillon
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