Rôle de 1764
des vingtièmes à Pîtres
Aux Archives Départementales de l’Eure on
trouve le rôle des vingtièmes de l’année 1764 pour Pîtres, répertoriant
l’ensemble des revenus fonciers de la paroisse et les sommes dues (un vingtième
des revenus). Ce document, que seul le hasard a préservé, nous donne donc
une photographie de la répartition de la
richesse foncière à cette époque, et nous avons là, environ une génération
avant la Révolution, un bon exemple de ce qu’était l’inégalité des fortunes
sous l’Ancien Régime.
Le document
recense 204 noms de contribuables, possédant à Pîtres des biens dont les
revenus vont de 3300 livres à 2 livres pour le moins élevé. Rappelons qu’on
peut en gros considérer qu’à l’époque une livre représente à peu près le revenu
d’une journée de travail.
La paroisse
comportait 200 feux ( ménages) en 1789
(source : Cahiers de doléances). Il est vraisemblable que ce nombre n’avait
guère évolué, et il correspond bien à celui des contribuables diminué des propriétaires non résidents et augmenté des
ouvriers qui ne possèdent aucune parcelle.
La Dame de Boniface
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3300
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Le Sieur Germiny
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2390
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Monsieur Hérambourg
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1732
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Le Sieur Girot
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1200
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Le Sieur Pontrevé
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600
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La Veuve Poulain Nicolas
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450
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Robert Depitre
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300
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Le Sieur Delaplace
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290
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Jean Lebret
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280
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Le sieur de Gruchet
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200
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Marie Gossent
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200
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Lebourg
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190
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Pierre Brunel
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180
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Le Sieur Lepin
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180
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Le Sieur Mouttier
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180
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Le Sieur Cottebert descroix
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150
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Nicolas Gossent
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150
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Pierre Letellier dit Bline
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150
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Hilaire Vallée
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150
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Louis Vigor
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150
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L. Letellier (de Romilly)
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137
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Jean Lenormand
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124
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J.-Pierre Brunel
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104
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François Martin
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100
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Le total des
revenus est d’environ 17 500 livres, dont presque 13 000 livres pour les 24 contribuables ayant plus de 100
livres de revenu. Les quatre plus grosses fortunes représentent à elles seules presque la moitié de la
richesse de le paroisse, et la dame de Boniface, qui possède la vallée
Galantine, détient plus que les deux derniers tiers des contribuables. C’est
dire à quel point la richesse est très inégalement répartie.
La propriété
seigneuriale représente plus de la moitié des biens. Pour les roturiers on
porte le prénom en tête, suivi du nom de
famille, mais pour les propriétaires d’une seigneurie, qui d’ailleurs ne sont
pas nécessairement nobles, c’est « le sieur X » ou «la dame X »,
marque de déférence.
Le vingtième était
théoriquement payé sur tous les biens, mais les nobles réussissaient à y
échapper, mais à Pîtres,
la Dame Boniface est rayée du rôle car elle est décédée quatre ans auparavant.