31 décembre 2019

Bosmy, une entreprise familiale née à Pîtres


Bosmy Pîtres - L'usine d'Andé
L'usine d'Andé

Bosmy, Normaclo, une société familiale



De 1930 à 1952, René Bosmy était responsable commercial de la société des clôtures Fréret pour la Haute-Normandie. Doté d'une forte personnalité, d'un grand sens de l'amitié, son charisme et son humour, dit-on, facilitaient les relations humaines dans tous les domaines. Sportif, il dirigea le club de football de Pîtres jusqu'à son décès.

Bosmy Pîtres - Le Club Andelle Pîtres en 1967. A gauche René Bosmy
Le Club Andelle Pîtres en 1967. A gauche René Bosmy


1952, la création de l'entreprise

En 1950, la société Sabla** reprend le personnel et le bâti de l'entreprise Fréret de fabrication, vente et pose des clôtures en béton, puis décide de continuer seulement la fabrication et propose aux commerciaux en place MM. Bosmy, Cadiou et Tanay de créer leurs propres sociétés, en leur accordant l'exclusivité de la vente des clôtures Fréret.
** depuis 2014, l'usine Sabla a été fermée par le groupe Bona Sabla auquel elle appartenait.
René Bosmy emprunte alors 10 000 fr. pour créer sa société, dont le siège social est à Pîtres. Il tenait à ce que son nom figure dans le titre car dans son esprit c'était garant de la qualité des prestations et d'une "commercialisation de bon aloi". La raison sociale de l'entreprise, dirigée par la troisième génération, reste Bosmy, bien que le public connaisse mieux Normaclo, marque déposée, qui fait référence en réalité à la normalisation des clôtures, alors que l'on pense souvent plutôt à la Normandie....
Il construit ses premiers bâtiments avec les dalles et les poteaux de clôture, crée un bureau commercial à Rouen et engage des représentants au Havre et à Dieppe. L'affaire se développe rapidement et devient numéro un en Haute-Normandie.

En 1963 il a l'intuition qu'il faut moderniser les clôtures qui en France sont à 100 % en béton armé et grillage simple torsion. Il fait fabriquer à titre personnel, une clôture métallique en treillis soudé, prototype qui est encore visible rue des écluses, qui deviendra le modèle de clôture le plus répandu en Europe, mais il n'en tirera aucun profit du fait de l'absence de brevet. 

1968, un tournant décisif

Mais en janvier 1968, son décès à 63 ans est dramatique d'abord pour sa famille et ensuite pour sa jeune société, qui perd un animateur qui en détient tous les rouages, en particulier commerciaux, et les jours de l'entreprise semblent comptés.
Danièle, sa fille, qui après avoir été institutrice était devenue secrétaire et comptable de l'entreprise à la demande de son père, est en première ligne et doit choisir : vendre la société, qui est saine financièrement et économiquement, ou prendre la succession, lourde tâche, professionnellement et familialement.
Elle est la seule à bien connaître les dossiers, sauf la commercialisation, qui était entièrement aux mains de son père. Elle se lance alors, avec l'appui de son mari Roger Sionnière, qui lui apporte chaque week-end son expérience commerciale, car il n'est pas disponible en semaine, du fait de ses propres activités professionnelles.
Cette solution hybride et a priori provisoire donne de bons résultats et durera jusqu'en 1984.

Une réunion de tout le personnel est organisée dès le samedi suivant pour lui faire part de la reprise de l'entreprise et de sa nouvelle direction. Tous les emplois sont sauvés et le personnel, qui reprend confiance, fait preuve d'un exceptionnel esprit d'entreprise ce qui durera pendant des dizaines d'années.
Pour pallier l'absence de R.Bosmy sur le terrain, on crée un département marketing qui instaure une publicité régionale dans Paris Normandie tous les samedis et un catalogue illustré en couleurs à destination du secteur industriel et public, ce qui est une première dans cette profession de revendeur.

Puis arrive le mois de mai ... L'usine est la seule de l'Eure à ne pas être en grève, mais la situation économique est catastrophique pour une entreprise en convalescence depuis trois mois. Il faut faire le dos rond, et en l'absence de commandes payer les ouvriers à repeindre l'intérieur des bâtiments. En 1969 l'activité repart avec vigueur à la suite des accords de Grenelle, ce qui permet en 1970 la construction d'un nouveau bâtiment de 800 m² à Pîtres.

L'innovation, les brevets

L'idée de clôture métallique refait surface, et Danièle Sionnière suggère de fabriquer une clôture modulaire en acier, premier brevet déposé par l'entreprise, qui sera suivi de beaucoup d'autres.
Quand en 1987 Roger Sionnière prend sa retraite professionnelle, il intègre Bosmy par le biais de Techniclo, recherche et développement, ce qui lui donne une totale liberté d'action sans interférer dans la hiérarchie et l'organigramme de l'entreprise. En 1988 il crée un nouveau département spécialisé dans la commercialisation, et la marque Normaclo. Le but est de transformer le revendeur régional en fabricant national, Normaclo devenant le vecteur des innovations en cours et à venir.
Ce projet qui paraît utopique et qui amène à changer toutes les structures commerciales et industrielles de la société, est une réussite.

Troisième génération

Depuis 1994 et 1995, Nathalie et Vincent Sionnière, tous deux diplômés l'ESC, président alternativement tous les deux ans, et apportent leurs compétences et leur imagination.
En 2000, l'Institut National de la Propriété Industrielle distingue Bosmy par le trophée de l'innovation, une première dans la profession. L'entreprise en retire une nouvelle notoriété et un vrai statut de fabricant, dont tous les produits innovants sont exposés tous les deux ans à Batimat, ce qui renforce son image de fabricant à l'étranger. Bosmy crée une gamme complète de portails roulants motorisés ou manuels avec contrôle d'accès, ce qu'aucun fabricant français n'avait fait jusque-là, et y obtient un grand succès, au grand dam d'un fabricant allemand, leader mondial de ce genre de produits.

Bosmy Pîtres - L'usine d'Andé
L'usine d'Andé



En 2004, Bosmy doit s'agrandir, mais ce n'est pas possible à Pîtres, le Plan de prévention des risques ne le permettant pas à cause des inondations. Contre son gré, l'entreprise quitte la commune, après avoir acheté les locaux d'une usine d'Andé, De Carbon, qui avait employé plus de mille personnes pour la fabrication d'amortisseurs, et vient d'être abandonnée par son dernier acheteur, l’américain Delphi.
En 2017, Bosmy a déposé à l'INPI 12 brevets de fabrication, 42 modèles et 48 marques, en particulier Romandy, Oobamboo, Florilège, et Verticalia, et il lui faut toujours innover, dans un monde où une nouveauté qui auparavant tenait dix ans ne dure plus maintenant qu'une année ou deux.
Bosmy Pîtres - Les nouvelles formes de clôtures
Les nouvelles formes de clôtures

 


Michel Bienvenu

(d'après le récit de Roger Sionnière)